Les immigrés au Royaume-Uni, souvent hautement qualifiés, sont plus travailleurs et reçoivent moins d'aides sociales que les Britanniques, affirment deux études publiées mardi par des instituts de recherche, qui battent en brèche nombre d'idées largement répandues.
Le rapport de l'University College London (UCL) juge que les immigrés, particulièrement les Européens, ont apporté une "contribution fiscale considérable" aux caisses de l'Etat britannique de 2001 à 2011.
"Les immigrés récents, c'est à dire ceux qui sont arrivés depuis 2000, sont moins enclins à recevoir des aides sociales et à vivre dans des logements sociaux que les ressortissants nationaux", indiquent les auteurs.
Sur cette période, les immigrés ont versé à l'Etat britannique environ 25 milliards de livres (30 milliards d'euros) d'impôts. Sur ce total, 22,1 milliards proviennent des ressortissants de l'Espace économique européen (EEE, qui regroupe les pays de l'Union européenne, plus la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein).
Les non-Européens ont versé 2% de plus à l'Etat que ce qu'ils lui ont coûté en aides sociales sur cette période. Pour 1995-2011 cependant, les aides versées aux immigrés dépassaient leur contribution fiscale.
Les Britanniques, quant à eux, ont entre 2001 et 2011 coûté à l'Etat 624,1 milliards de livres (737 milliards d'euros) de plus que ce qu'ils ont rapporté en impôts, précise le rapport, soulignant que les immigrés "réduisent le fardeau fiscal" des ressortissants nationaux.
"A la différence de la plupart des autres pays européens, le Royaume-Uni attire des immigrés diplômés et qualifiés venus de l'EEE mais aussi d'ailleurs", a commenté l'un des auteurs, Christian Dustmann, professeur au Centre de recherche et d'analyse des migrations de UCL.
Un autre rapport, réalisé par le National Institute of Economic and Social Research (NIESR), montre qu'"entre 1997 et 2007, la présence des immigrés a augmenté dans la plupart des secteurs" d'activité.
"Les immigrés ont en moyenne un plus haut niveau d'éducation et font des journées de travail plus longues que les ressortissants nationaux", note l'Institut, qui met en évidence un lien entre "l'emploi accru d'immigrés et la hausse de la productivité".
"On entend beaucoup parler des inquiétudes de l'opinion publique à propos de l'immigration, mais nos conclusions montrent que le besoin de recourir à une immigration qualifiée est plus largement acceptée que ce que l'on croit souvent", estime l'une des auteurs du rapport, Heather Rolfe.
Dans une autre publication, des universitaires d'UCL critiquent l'objectif du gouvernement britannique de faire passer le solde migratoire annuel au Royaume-Uni sous la barre des 100.000 avant 2015.
Sur fond de montée du parti europhobe Ukip, le discours sur l'immigration s'est durci au Royaume-uni ces derniers mois. L'ouverture en 2014 du marché du travail aux Roumains et aux Bulgares cristallise en particulier les craintes d'un afflux massif de ces derniers.
05 nov. 2013
Source : AFP