C'est un fait, le Maroc est désormais un pays d'accueil et non plus de transit seulement. Nous accueillons à la fois des émigrants du Nord et du Sud. Le rapport du CNDH (Conseil national des droits de l'Homme) sur la situation des migrants et des réfugiés au Maroc a mis le Royaume face à ses responsabilités.
Ainsi, en moins de trois mois, le Maroc engage une nouvelle politique de migration. Celle-ci se veut en phase avec le respect des droits humains, Pressions des ONG (AMDH, OIT, STI, OMDH, ...) obligent. Mais pas seulement. En effet, derrière cette décision, il y a également des intérêts économiques : ALE (accords de libre-échange) avec UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) et CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique Centrale). Et enfin, le Maroc est d'abord un pays d'émigration, donc nous ne pouvons envoyer nos compatriotes à l'étranger et verrouiller nos frontières. Et quand bien même nous voudrions le faire, cela est impossible dans une conjoncture de mondialisation, où les citoyens du monde sont en perpétuel mouvement. Aujourd'hui, une opération de régularisation exceptionnelle est donc lancée. Mais pour cela, il faudra répondre à certains critères, ce qui exclut d'emblée un grand nombre, voire de la population concernée. Car ce serait une chimère de penser que l'on puisse régulariser 40 000 clandestins. Cette opération concerne les étrangers conjoints de ressortissants marocains justifiant d'au moins deux ans de vie commune, les étrangers conjoints d'autres étrangers en résidence régulière au Maroc et justifiant d'au moins 4 ans de vie commune, les enfants issus des deux cas susvisés, les étrangers disposant d'un contrat de travail effectif d'au moins 2 ans, les étrangers justifiant de 5 ans de résidence continue au Maroc, et les étrangers atteints de maladies graves et se trouvant sur le territoire national avant le 31 décembre 2013. Du coup, il est évident qu'il n'est pas question d'une régularisation massive du tout-venant. Pour les demandeurs d'asile, seuls 850 migrants, reconnus comme tels par Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et le bureau des réfugiés et des apatrides du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, seront automatiquement régularisés.
Dans tous les cas, l'immigration est une réalité avec laquelle il faudra composer. Aujourd'hui, on assiste à une mutation radicale, et les frontières ont tendance à disparaître.
14/11/2013, LO
Source : Nouvelle Tribune