Deux survivants d'un drame ayant causé la mort de 63 migrants en Méditerranée en avril 2011 vont déposer plainte mardi à Paris et à Madrid pour non-assistance à personne en danger, ont annoncé plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), qui se sont constituées parties civiles.
Ces dernières (Gisti, FIDH, LDH et Migreurop) estiment que les armées française et espagnole peuvent être tenues pénalement responsables de la mort de ces personnes, car elles auraient ignoré les appels de détresse de l'embarcation.
En avril 2012, une première plainte avait été déposée en France par plusieurs survivants, mais elle avait été classée sans suite. Cette fois-ci, les ONG se sont constituées parties civiles, « forçant ainsi l'ouverture d'une instruction pénale », a expliqué Arthur Manet, de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH). Lors de la première plainte, « le Parquet a classé sans suite sur la seule réponse du ministère de la Défense », pourtant « la première force à avoir repéré le bateau et à en avoir fait une photo, c'est l'armée française », a assuré Stéphane Maugendre, président du Groupe français d'information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti).
« Les militaires évoquent des navires sous commandement de l'Otan mais, d'après nous, peu de navires étaient en réalité sous le commandement de l'Otan. Comment peut-il y avoir autant de morts dans une mer aussi surveillée ? C'est la question ! » a précisé Stéphane Maugendre, qui tiendra mardi avec les autres associations une conférence de presse à Paris pour préciser leur démarche, en présence de l'un des survivants.
Les appels de détresse ignorés
Le 26 mars 2011, peu après le début du conflit libyen, 72 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d'un fragile canot pneumatique dans l'espoir d'atteindre dans les 24 heures les côtes européennes. Ils avaient payé des trafiquants pour rejoindre l'Europe. Mais la situation s'était rapidement détériorée à bord de l'embarcation surchargée qui avait dérivé plusieurs jours pour être finalement rejetée sur les côtes libyennes le 10 avril.
D'après les ONG, le premier appel de détresse est reçu par les garde-côtes italiens qui adressent alors des messages de détresse à l'Otan et aux bâtiments militaires présents en mer Méditerranée en indiquant leur localisation. Ces appels seront renouvelés toutes les quatre heures pendant 10 jours. Le zodiac croise un avion, un hélicoptère militaire, deux bateaux de pêche et un gros navire militaire, qui ignorent ses signaux de détresse.
17 juin 2013
Source : Libération.fr