Le prochain Premier ministre norvégien, Mme Erna Solberg, a présenté lundi les contours d'une coalition minoritaire qui regroupera son parti conservateur et la droite populiste et qui s'est déjà engagée à durcir la politique d'immigration.
Mme Solberg, qui disait espérer former une grande alliance après la victoire de la droite aux législatives du 9 septembre, n'a pu convaincre les démocrates chrétiens et les libéraux d'entrer au gouvernement mais ces deux partis de centre droit ont accepté de coopérer au Parlement, où leur appui est indispensable.
Cela ne marque pas la fin de la coopération entre les quatre partis mais le début d'une nouvelle coopération qui nous engage tous, a déclaré la chef conservatrice de 52 ans lors d'une conférence de presse.
Avant les législatives, les dirigeants de centre droit avaient expliqué que l'écart politique avec le parti du Progrès, une formation qui prône une politique d'immigration ultra-restrictive et des réductions d'impôts massives, était trop important pour siéger à ses côtés.
Lundi, ils ont néanmoins signé un accord de coopération qui énonce les grandes lignes du futur gouvernement en matière d'orthodoxie budgétaire, de politique d'asile ou encore de prospection pétrolière.
Ce document prévoit, au nom de la lutte contre les mariages forcés, de porter à 24 ans l'âge minimum pour qu'un immigré vivant en Norvège puisse établir une famille avec une personne vivant à l'étranger, un traitement plus rapide des dossiers et la création de centres d'asile fermés.
En contrepartie, les partis de centre droit, plus libéraux en la matière, ont obtenu une amnistie conditionnelle pour les familles déboutées de leur demande d'asile mais dont le renvoi a excessivement tardé.
La droite a aussi convenu d'observer la règle d'orthodoxie budgétaire qui limite strictement les possibilités de puiser dans l'immense fonds souverain du pays et de sanctuariser à ce stade les eaux de l'archipel idyllique des Lofoten, convoitées par les compagnies pétrolières.
Nous avons eu gain de cause en ce qui concerne les droits des personnes âgées, un resserrement de la politique d'asile, la suppression de l'impôt sur l'héritage et sur beaucoup d'autres choses, s'est félicitée la chef des populistes, Siv Jensen, pressentie pour devenir ministre des Finances.
C'est la première, depuis sa création il y a 40 ans, que le parti du Progrès s'apprête à participer au pouvoir. Cela survient deux ans après les attaques de l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik --jadis membre du FrP-- qui avait tué 77 personnes le 22 juillet 2011 au nom de la lutte contre le multiculturalisme. Le parti s'est nettement démarqué du tueur et a mis un bémol à ses positions anti-immigration depuis.
Le gouvernement devrait prendre ses fonctions peu après le 14 octobre, date à laquelle le Premier ministre sortant, le travailliste Jens Stoltenberg, déposera formellement sa démission après la présentation du projet de budget 2014.
Dans un pays où les gouvernements minoritaires sont monnaie courante, conservateurs et populistes détiennent 77 sièges sur 169 au Parlement, huit de moins que la majorité, mais devraient pouvoir compter sur l'appui des 19 élus du centre droit.
30 septembre 2013
Source : AFP