À l'automne 1983, inspirés par Gandhi et Martin Luther King, un groupe de jeunes décide de lancer ce qui deviendra "la Marche pour l'égalité des droits et contre le racisme". Bouzid, un jeune aixois, la rejoint et en devient l'un des porte- parole. Après 1 200 km à pied, de meeting en manifestation, d'accueil généreux en franche agressivité, la Marche arrive le 3 décembre 1983 à Paris, accueillie par 100 000 personnes.
Bouzid retrace étape par étape ce mouvement non-violent sans précédent, mêlant des anecdotes pittoresques à une réflexion sérieuse et émouvante, toujours avec une grande pudeur. Certes l'entreprise était fragile. Les marcheurs ont essuyé nombre d'insultes et de provocations. Mais la fraternité qui émanait de cette communauté en marche a su faire écho auprès de nombre de Français, qui sont venus à leur rencontre leur apporter réconfort et soutien.
Ce livre n'est pas seulement le carnet de bord d'une merveilleuse aventure, c'est un "journal d'âme" : le parcours initiatique d'un jeune français musulman, révolté, se disant lui-même "en instance de terrorisme", qui devient au fur et à mesure un jeune homme conscient et ouvert, qui découvre qu'à côté du racisme, il y a place pour la fraternité. Bouzid y raconte son propre engagement, sa découverte de l'autre, des autres, son combat contre lui-même pour surmonter ses peurs, ses préjugés et son chemin vers la non-violence.
C'est aussi un carnet de "choses vues" à travers la France profonde : ce vieux couple qui dresse la table au bord de la route pour que les marcheurs puissent se restaurer ; ce vieil Arabe que le cortège trouve les larmes aux yeux, ému qu'enfin des jeunes gens agissent contre le racisme et les humiliations ; ce groupe dans un champ, priant pour la Marche ; cette petite fille qui se distingue de ses parents racistes et dit "n'écouter que son cœur" en s'adressant aux marcheurs.
Ce récit est un témoignage généreux et authentique. Authentique, il l'est d'autant plus qu'il a été écrit "à chaud", dès les premiers mois qui suivirent l'arrivée à Paris. Après avoir eu le courage de marcher, Bouzid a eu celui d'écrire, pour porter un discours fort et empli d'espoir, marqué par son rêve de vivre un jour dans la "planète Dignité".
Source : marcheegalite