Les stratégies publiques dédiées à la migration doivent reposer sur une approche concertée alliant les dimensions de la sécurité, des droits de l'Homme et du développement humain, a mis en avant, jeudi à Rabat, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération, Youssef Amrani.
Étant donné que les États ne peuvent gérer à eux seuls ce phénomène «extrêmement complexe» qui implique un double enjeu, sécuritaire et humanitaire, il s'avère nécessaire d'accompagner les pays concernés dans le cadre d'une approche de co-développement et de coresponsabilité entre l'Afrique et l'Europe, a préconisé M. Amrani, à l'ouverture des travaux d'une journée d'information sur le deuxième dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement. Il a, dans ce sens, lancé un appel aux pays maghrébins, notamment l'Algérie, pour qu'ils s'impliquent davantage dans les efforts visant la lutte contre les répercussions négatives de ce phénomène sur la région, insistant sur le fait que «la question migratoire, qui est une question de responsabilité partagée par excellence, nécessite des réponses concertées entre toutes les parties concernées».
En ce qui concerne le Maroc, devenu une destination de l'immigration subsaharienne après avoir été un point de transit, le ministre délégué a réaffirmé l'engagement du gouvernement à mettre en place une stratégie nationale, globale et intégrée, dédiée à l'immigration, en plus d'un projet pilote pour intégrer cette question dans les stratégies publiques.
À son tour, le coordonnateur résident du système des Nations unies au Maroc, Bruno Pouezat, a plaidé pour «un partenariat inclusif intergouvernemental et non gouvernemental» permettant de faire face aux défis imposés par cette «période de mobilité humaine sans précédent» que vit le monde d'aujourd'hui et qui fait que plusieurs pays du monde sont devenus à la fois des pays d'origine, de transit et de destination des flux migratoires.
La migration «ne doit pas être considérée comme un problème à résoudre, mais plutôt comme un processus à gérer», a-t-il soutenu, appelant à changer de regard envers les migrants et à lutter contre les obstacles qui entravent leur participation au développement et à la vie socioéconomique des pays d'accueil. Il a recommandé, pour ce faire, l'amélioration de la qualité de la recherche sur le phénomène, en développant la collecte de données sur la mobilité régionale et internationale et le renforcement des capacités des intervenants afin d'assurer une gestion des flux migratoires qui soit efficace et respectueuse des droits de l'Homme. Le responsable onusien a, de même, prôné l'instauration d'un dialogue profond entre les pays d'origine et les pays d'accueil, soulignant la pertinence de ce deuxième dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui représente un cadre multilatéral d'échange.
Les travaux de cette journée d'information s'articuleront autour de quatre axes majeurs, à savoir l'«Évaluation des répercussions des migrations internationales sur le développement durable en vue de la préparation du cadre de développement pour l'après 2015», les «Mesures à prendre pour assurer la protection des droits des migrants», le «Renforcement de la coopération dans le domaine des migrations internationales» et «La mobilité de la main-d'œuvre à l'échelle régionale et internationale et ses effets sur le développement».
Le deuxième dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement sera organisé les 3 et 4 octobre prochain à New York, à l'occasion de la 68e session de l'Assemblée générale des Nations unies, avec la participation d'acteurs de la société civile et d'organisations gouvernementales et non gouvernementales. Le premier dialogue de haut niveau sur ce thème avait eu lieu en 2006.
11 Juillet 2013
Source : Le Matin/MAP