dimanche 24 novembre 2024 20:31

Plus d'un immigré sur deux est une femme

Selon une étude de l'Ined, les femmes sont devenues majoritaires dans la population immigrée, moins en raison du regroupement familial que de l'apparition de migrantes autonomes.

Les femmes migrantes sont majoritairement célibataires. Leur proportion parmi les immigrés sans compagnon est passée de 23 % à 47 % en trente ans. Ici, un cours de français pour étrangers.

Il s'agit d'une mutation profonde de la population immigrée en France. Les femmes nées étrangères à l'étranger sont devenues plus nombreuses que leurs homologues masculins (51 % en 2008), d'après une analyse inédite de l'enquête « Trajectoire et origines » de l'Institut national d'études démographiques (enquête réalisée auprès de 22 000 répondants en France métropolitaine entre septembre 2008 et février 2009). En comparaison, la part des femmes n'était que de 44 % entre 1954 et 1975 et de 48 % après 1990.

Remise en question du schéma classique

Les explications traditionnellement avancées ne suffisent plus à justifier les évolutions les plus récentes. Certes, la conjoncture joue. En période de crise économique, une part des travailleurs repart et ceux qui restent font venir leur famille, ce qui augmente de manière mécanique la part des femmes.

La reconnaissance du droit au regroupement familial depuis 1974 favorise en outre l'arrivée des épouses. Mais l'étude de l'Ined remet en question ce schéma classique en montrant que « de plus en plus de femmes ne se contentent plus de suivre et prennent une part de plus en plus active dans le phénomène migratoire, sur le modèle des hommes », explique Cris Beauchemin de l'Ined. Avant 1974, les femmes ne représentaient que 16 % des immigrés arrivés seuls contre 42 % depuis 1998.

Majoritairement célibataires

Ces femmes sont majoritairement célibataires. Leur proportion parmi les immigrés sans compagnon est passée de 23 % à 47 % en trente ans. Ces migrantes représentent également un étudiant étranger sur deux, contre un sur quatre auparavant.

Et lorsqu'elles sont en couple, elles sont souvent des « pionnières », qui partent les premières en laissant temporairement leur conjoint derrière elles. Du coup, les hommes forment à présent le tiers des personnes venues en France au titre du regroupement familial.

Le pourcentage de ces éclaireuses varie en fonction des pays d'origine. Les femmes en provenance d'Afrique centrale ou du golfe de Guinée sont ainsi 53 % à être célibataires ou « pionnières », contre 32 % de celles venant d'Algérie ou 19 % de celles venant de Turquie.

Elles représentent 37 % des demandes d'asile

« Les femmes autonomes sont plus nombreuses là où les rapports hommes-femmes sont favorables, car un projet migratoire reste très majoritairement financé de manière collective », commente Cris Beauchemin.

Enfin, quoique plus marginale, la migration répondant à une volonté d'échapper à une oppression dans le pays d'origine existe bel et bien. Les femmes représentent aujourd'hui 37 % des demandes d'asile. L'Ofpra, qui traite les dossiers, est ainsi particulièrement attentif à l'excision qui sévit encore en Afrique de l'Ouest.

Des mesures pour améliorer le sort des migrants âgés

La mission parlementaire sur les immigrés âgés vivant en France a remis mercredi 3 juillet son rapport au président de l'Assemblée nationale. Au cours des auditions, l'exécutif s'est engagé à rendre effective la mesure permettant à ceux qui résident durablement dans leur pays d'origine d'y percevoir les prestations, versées en France, auxquelles ils ont droit. Ils se verront également plus facilement délivrer une carte de séjour de résident permanent en France.

Par ailleurs, Adoma, gestionnaire de 73 000 logements principalement réservés à cette population, va investir 1,3 milliard d'euros en dix ans pour transformer un tiers de son parc en studios autonomes.

4/7/13, Jean-Baptiste François

Source : La Croix

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