Clandestine ou irrégulière, l'immigration illégale adopte une nouvelle tournure au Maroc. Celle des Subsahariens a pris des proportions importantes depuis les années 2000, au point d'occuper régulièrement les premières pages des journaux. Et le Maroc tente d'y faire face, souvent avec des moyens peu orthodoxes, particulièrement par des rafles et expulsions vers la frontière algérienne.
Dernièrement, un collectif d'associations de défense des droits de l'Homme marocaines a dénoncé le traitement réservé aux migrants clandestins venus du Sud du Sahara. Toutefois, ces méthodes aux antipodes des droits humains ne sont que la résultante –ce qui n'est pas une excuse-, d'un débordement dans la gestion des flux migratoires clandestins de plus en plus importants, venus d'Afrique subsaharienne.
Mais au-delà de ce phénomène qui a pignon sur rue, le Maroc doit aujourd'hui confronter une toute nouvelle forme d'immigration irrégulière, celle d'Européens, qui elle s'opère en douce et sans pateras. Elle commence pourtant à prendre des proportions importantes, crise européenne oblige.
Le film du cinéaste béninois Sylvestre Amoussou, Africa paradis, qui décrivait en 2007, "les aventures d'un couple de Français qui tente d'émigrer en 2033 aux Etats-Unis d'Afrique, dont la prospérité contraste si violemment avec la pauvreté et le chômage en Europe", n'est donc plus une fiction...
Dans le Nord du Maroc, de plus en plus d'Espagnols s'installent de manière irrégulière, au point qu'un responsable de la communauté ibérique à Martil s'en est inquiété au journal de 20heures de France 2, lundi dernier.
Dans d'autres grandes villes, beaucoup de jeunes européens vivent et travaillent dans la clandestinité... Mais en toute impunité, et sans refoulement violent.
Pourtant, il faudra bien à un moment donné, s'occuper de leur sort... Le Maroc vient tout juste de signer un partenariat de mobilité avec l'Union européenne pour gérer la circulation des personnes. A-t-il prévu un chapitre sur ce nouveau modèle d'immigration clandestine européenne? La question reste entière.
Par contre, ce nouveau partenariat spécifie clairement qu'en matière de migration irrégulière, l'UE et le Maroc vont coopérer pour mieux lutter contre les réseaux de trafic de migrants. Le Royaume continuera-t-il à jouer le rôle de barrière envers l'immigration clandestine africaine vers l'Europe et par ailleurs laisser poreuses ses frontières pour les Européens? La question est posée!
13/06/2013, Kisito Ndour
Source : aufait