Lorsque le soleil se couche, l'appel à la prière du ''maghrib'' se fait dans les douze mosquées officiellement reconnues au Panama, annonçant la fin d'une journée de jeûne pour les Musulmans. Ramadan est l'occasion pour les musulmans panaméens et étrangers vivant dans ce pays de se retrouver dans les mosquées, pour partager des moments de spiritualité qui leur manquent dans le courant de l'année.
Dans la mosquée de l'Association musulmane de Panama la capitale, l'une des premières dans ce pays des Caraïbes, de nombreux musulmans sont accueillis pour partager le ''ftour'', mais aussi d'autres personnes de religions et de croyances diverses, les unes attirées par les mets orientaux concoctés spécialement pour le mois de ramadan, les autres désireuses de découvrir la religion ainsi que les traditions musulmanes.
Les musulmans indiens, qui constituent la majeure partie de la communauté musulmane du Panama ont pris l'habitude d'organiser des ''ftours collectifs'' dans différentes mosquées du pays, lesquels sont financés par nombre de donateurs. Ces ''ftours collectifs'', quelle que soit la qualités de plats concoctés, ont le mérite de rassembler des jeûneurs issus de différents pays et de différentes origines.
Ces tables du "ftour collectif" sont à l'image du mode de vie des musulmans indiens car les plats préparés pour la rupture du jeûne sont bons mais ne sont pas fastueux. Dans l'une des salles de la mosquée de l'Association musulmane du Panama, des dizaines de jeûneurs sont assis à même le sol, ils rompent le jeûne avec des dattes, un verre de lait et quelques gâteaux.
Dans une déclaration à la MAP, cheikh Abdelkhabi Mohammad, une des figures de l'islam au Panama, a expliqué que la Ramadan dans ce pays ne diffère pas du Ramadan dans les autres pays du monde où sont installées les différentes communautés musulmanes. ''Nous espérons grâce à ce mois sacré rassembler musulmans et non musulmans, mais aussi renforcer les liens entre les différents musulmans du monde'' a-t-il ajouté.
''Les personnes nouvellement converties à l'islam, voient dans le jeûne une manière de se découvrir et de se surpasser'', explique cheikh Abdelkhabi Mohammad, en se remémorant ses souvenirs d'il y a 40 ans déjà, au moment où il s'était converti à l'islam, découvrant pour la première fois deux des cinq piliers de la sainte religion que sont le jeûne et la prière.
Pour lui, les premiers jours de Ramadan peuvent paraître difficiles pour les personnes nouvellement converties à l'islam, mais cette difficulté ne tarde pas à se dissiper à mesure que les jours passent, ajoutant que ceux-ci s'habituent vite au jeûne pour baigner ensuite dans la spiritualité de ce mois sacré.
De plus, si les signes de Ramadan ne sont pas forcément visibles dans les rues, mais à voir l'intérieur des maisons des musulmans, particulièrement arabes, l'on réalise que ces derniers demeurent attachés à leurs traditions qui les lient autant que faire se peut à leurs pays d'origine.
Pour Issam, un Jordanien établi au Panama depuis maintenant 10 ans, l'esprit de Ramadan et l'ambiance ramadanesque manquent beaucoup au Panama. Issam regrette de ne pouvoir aller prier régulièrement à la mosquée expliquant qu'il habite à plus de 10 km de la mosquée la plus proche, un problème qu'il partage avec nombre d'autres fidèles musulmans vivant au Panama. Mais avant de s'installer dans ce pays, Issam dit avoir vécu plus de 12 ans à Marrakech où il s'était imprégné de la culture du pays, confiant que les plats de Ramadan qu'il prépare se rapprochent aujourd'hui des plats marocains bien plus que des plats jordaniens.
C'est à Col?n (Nord du Panama) que se trouve la majeure partie de la communauté musulmane du pays. Le Centre Culturel Musulman de la ville organise différentes activités pour les musulmans afin de les rapprocher et de renforcer leur intégration dans la société panaméenne.
Le Centre, en plus d'organiser des cours d'apprentissage du Coran pour les enfants, et de contribuer à des programmes d'aide aux musulmans les plus démunis, veille également à organiser des ''ftours collectifs'' durant le mois de Ramadan, ''ftours'' auxquels le président de la République du Panama a déjà été convié.
Ce Centre Culturel Musulman dispose d'une radio locale qui diffuse les appels à la prière, des chants religieux, et des débats autour de thèmes liés à la religion musulmane.
Abderralhim, un marocain qui vit à Col?n explique que rien ne peut compenser ou remplacer l'ambiance de Ramadan au Maroc, la séparation des proches est difficile particulièrement en ce mois sacré, où la rupture du jeûne se fait autour d'une table où se retrouvent famille et amis.
20 juil. 2013, Hicham El Mouss
Source: MAP