La ruée des nationaux et des Marocains résidant à l'étranger à partir du 10 août a permis de compenser l'effet Ramadan. Les prix ont connu une sensible hausse, notamment dans les villes balnéaires. Les prévisions sont optimistes pour le reste de l'année.
Les professionnels du tourisme soufflent enfin, la saison d'été a été sauvée. En effet, dès fin Ramadan, c'est-à-dire à partir du 10 août, les nationaux se sont rués vers les villes touristiques, balnéaires ou pas, et ce choix de reporter les vacances pour l'après-Ramadan a prévalu aussi pour les MRE qui ont attendu la fin du mois sacré pour revenir au pays. Résultat : Que ce soit au nord ou au sud du pays, à l'est ou à l'ouest, il était difficile de trouver une chambre d'hôtel ou un appartement de libre. Et particulièrement dans les destinations balnéaires prisées par les Marocains sur la côte méditerranéenne, de Tanger à Martil, et atlantique jusqu'à Agadir...
Ceux qui ont attendu la dernière minute pour trouver un logement ont dû le payer au prix fort. En effet, de l'aveu même des hôteliers de différentes villes, si les réservations antérieures au Ramadan, notamment celles des TO étrangers, ont été consenties à bon prix, les tarifs ont augmenté sensiblement pour la deuxième quinzaine du mois d'août, car face à la forte demande, les établissements d'hébergement classés ont tout simplement commercialisé leurs chambres aux prix affichés. Mais l'appréciation des prix a été aussi visible pour les appartements loués de manière informelle de particulier à particulier et même dans les rares résidences gérées par des sociétés de gestion. Ainsi, dans les villes du Nord, les appartements qui étaient loués au mois de juillet à 1 000 DH la nuitée ont atteint 1 500, voire 2 000 DH. Certains Casablancais qui n'ont pas trouvé de pied à terre ont dû se replier sur des villes comme Larache qui commence à se construire une petite réputation de destination balnéaire. Au même titre d'ailleurs que certaines villes de l'intérieur du pays qui ne sont pas loin de la mer ou qui disposent d'atouts naturels leur permettant d'attirer une certaine catégorie de touristes marocains et étrangers. Il en est ainsi pour une destination comme Bine El Ouidane qui au cours des années a su conquérir des visiteurs devenus des inconditionnels.
La flambée a été aussi constatée dans des villes comme El Jadida ou Essaouira et même Saïdia qui commence à s'imposer comme destination touristique, malgré les problèmes que cette station connaît encore en matière de commercialisation.
Du surbooking même à Marrakech
Même Marrakech qui n'est pas censée faire le plein en cette période de l'année a connu la ruée durant la deuxième moitié du mois d'août. Certes, on pouvait toujours trouver où se loger à Marrakech étant donné la grande capacité d'hébergement dont dispose la ville. Mais ce sont surtout les hôtels clubs qui étaient surbookés durant cette période. Il faut dire que la plupart des chaînes hôtelières nationales ont fait un effort au niveau de l'offre ciblant les familles, grâce à la formule du «all inclusive» et des activités pour les enfants, avec des prix plutôt raisonnables. Ainsi, un couple avec des enfants en bas âges pouvait se payer une semaine avec les prestations citées à partir de 10 000 DH. Le même phénomène s'est produit aussi à Agadir qui, selon un responsable du Conseil régional du tourisme de la ville, a eu beaucoup plus d'arrivées que prévu, notamment des nationaux et des MRE alors que les réservations des TO étaient au top niveau.
Selon certaines sources, cela n'a pas manqué de créer de petits problèmes de surbooking dans la mesure, explique-t-on, où les TO, en raison des événements d'Egypte, n'ont pas renoncé à une partie de leurs réservations. Certes, les reports des réservations pour l'Egypte ont surtout profité aux destinations de rechange que sont la Turquie et l'Espagne, mais le Maroc a pu, malgré tout, «récupérer quelques charters» de touristes TO. En tout cas, selon le président du CRT de la ville, Salah Benhamane, la destination connaît encore aujourd'hui un taux de remplissage qui tourne autour de 80%, et les prévisions pour les mois à venir s'annoncent aussi très bonnes.
Selon beaucoup de professionnels, le Maroc s'avère de plus en plus comme une destination sûre dans la conjoncture politique actuelle qui prévaut dans la région. A condition de savoir capitaliser et promouvoir la destination de manière intelligente.
La promotion doit s'adapter à la conjoncture politique
Même si le Maroc est loin des zones chaudes du Moyen-Orient qui connaissent des perturbations politiques, dans l'esprit des touristes des pays émetteurs et des décideurs, il reste un pays arabe et musulman faisant partie d'un ensemble géographique jugé dangereux. En effet, «quand on lit certaines recommandations de ministères de pays européens à l'attention de leurs ressortissants candidats au voyage, on se demande parfois si le Maroc n'a pas de frontières communes avec la Syrie ou l'Egypte», explique un hôtelier. Et c'est là, d'après lui, et de beaucoup de ses pairs, que la promotion du pays doit intervenir et surtout changer son fusil d'épaule. Les propos ne visent nullement la promotion traditionnelle qui est du ressort du ministère du tourisme et de l'Office national marocain du tourisme qui continue de faire son travail avec des moyens limités. En d'autres termes, les campagnes vantant les couchers de soleil sur les montagnes de l'Atlas ou de Merzouga, la présence dans les salons professionnels et quelques reportages sur des chaînes de télévision thématiques ne sont plus suffisants pour motiver les touristes et les donneurs d'ordre. La promotion doit aujourd'hui travailler pour améliorer l'image du pays à l'étranger, et cette mission ne peut pas revenir au seul département du tourisme.
3/9/2013, Mohamed Moujahid
Source : La Vie éco