La ministre italienne d'origine congolaise, Cécile Kyenge, a plaidé, mardi, en faveur d'une approche de la question de l'immigration qui soit commune à toute l'Europe.
Il est peut-être temps pour les Européens de "commencer à raisonner ensemble pour se donner des règles communes" en matière d'immigration, a affirmé la ministre en charge de l'intégration dans un entretien au journal "Il Messaggero".
Kyenge, qui est la première femme de couleur à accéder à un poste gouvernemental en Italie, a invoqué, à l'appui de son affirmation, l'interdépendance existant entre la citoyenneté nationale et celle européenne.
Si une personne prend, par exemple, la nationalité française, elle devient, par voie de conséquence, citoyenne européenne, a fait remarquer Kyenge en faisant état d'une initiative au sein du Parlement européen pour l'examen des moyens de convenir de règles communes dans ce domaine.
Résidant en Italie depuis 1983 où elle exerce en tant qu'ophtalmologue, la ministre est connue pour son action visant la réforme de la loi sur la citoyenneté, qui est basée pour l'heure en Italie sur le seul droit de sang.
Mme Kyenge (49 ans) milite depuis sa nomination, fin avril, au sein du gouvernement de coalition formé par le démocrate Enrico Letta, en faveur de l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés dans la Péninsule de parents étrangers.
Mme Kyenge, qui a été l'objet récemment d'une vaste campagne de dénigrement orchestrée par des milieux d'extrême-droite sur des sites internet, compte également parmi les fervents défenseurs de l'abrogation du délit d'immigration clandestine, entré en vigueur en 2009, sous l'impulsion du ministre de l'intérieur, Roberto Maroni (Ligue du nord), l'un des membres les plus influents à l'époque du gouvernement de Silvio Berlusconi.
Elle milite aussi pour rendre le marché du travail plus accessible aux étrangers et pour "lutter contre la violence sexiste, raciste et de toute autre nature".
Face au risque que la crise aiguise les tensions sociales et raciales, la ministre rappelle que les immigrés - 4 millions d'adultes et 1 million d'enfants dont 600.000 nés dans le pays - sont "aussi une ressource: des travailleurs, des contribuables, parfois des entrepreneurs".
"La priorité de ce gouvernement est l'emploi mais la crise touche tout le monde, il faut l'affronter ensemble, y compris avec l'idée d'une nouvelle citoyenneté qui prévoit des droits mais aussi des devoirs", explique-t-elle.
La nomination de Mme Kyenge, qui est l'une des sept femmes ministres du gouvernement Letta, avait été saluée par plusieurs personnalités politiques pour qui il s'agit d'un signal qui "démontre avec cohérence" la volonté de croire en une Italie "plus intégratrice et vraiment multiculturelle".
09 juil. 2013
Source : MAP