lundi 25 novembre 2024 00:03

Union européenne : une forteresse mitée et coûteuse

"C'est un drame affreux" dit l'Allemagne, la France souligne "l'inhumanité de ce drame de la misère", et "appelle à une plus grande coopération entre les états membres pour lutter contre l'immigration clandestine", la Grande-Bretagne a rappelé que ce qui comptait c'était d'"éradiquer ce trafic d'êtres humains".

Et quand je parle d'Allemagne, de France et de Grande-Bretagne, je pense à Gerard Schroeder, Lionel Jospin et Tony Blair, c'était en juin 2000, les douaniers britanniques venaient de découvrir les corps de 58 migrants chinois morts asphyxiés dans un camion à Douvres.

La semaine dernière c'est plus de 300 Africains qui sont morts et on a entendu les mêmes déclarations. Dans un mois ou un an, on les entendra encore.

Plus de 15 ans de travail européen

Ils ont renforcé les surveillances aux frontières mais les passeurs ont toujours une route d'avance sur les experts européens. Ils ont mis en place un système où tous les états membres donnent un coup de main pour par exemple surveiller la frontière entre la Grèce et la Turquie mais dès que les contrôleurs sont partis, les réseaux de passeurs réoccupent le terrain. Et bien entendu, les Européens ne sont pas prêts à payer le prix qu'il faut pour une Europe forteresse qu'ils ont pourtant choisie. Ils ont signé un texte qui prévoit que dans certains cas, les Européens se partagent l'accueil de réfugiés de guerre, mais évidemment les états membres rechignent à mettre en oeuvre cette directive, ils punissent les employeurs qui profitent de la misère des migrants mais ça leur fait une belle jambe à tous ceux qui sont morts la semaine dernière, cela ne concerne que ceux qui arrivent entier sur le sol européen.

Pour le reste, ils tentent de rejeter le contrôle de leurs frontières à d'autres comme le prouvent les accords signés avec la Libye du colonel Kadhafi et comme ils n'y croient pas eux mêmes, c'est le chacun pour soi, certains veulent refermer l'espace Schengen pour empêcher les migrants de remonter du sud vers le nord.

Propositions ignorées

Il y a d'autres idées sur la table: l'ouverture d'une immigration légale, un renforcement du développement dans les pays d'origine des migrants, des programmes de réinstallation des réfugiés dans toute l'Union mais il n'y a quasiment pas de volonté politique.

Bien sûr, cela a un coût et certains pays en difficulté pourraient s'en inquiéter mais il y a des sous dans le budget européen pour aider les réfugiés à commencer une nouvelle vie. Bien sûr, politiquement c'est difficile dans un contexte de crise et une ambiance populistes d'annoncer à sa population qu'il faut accueillir plus pauvre encore

Mais, si l'on ne s'arrêtait même qu'à l'aspect budgétaire, que coûte cette Europe forteresse inefficace?

Personne ne sait que faire pour empêcher de tels drames mais si au moins les états s'asseyaient et pour une fois avaient une vraie discussion, loin des caméras, des déclarations sur ce qui a marché dans leurs tentatives de contrôler qui arrive chez eux, sur ce qui n'a pas marché, sur ce qu'ils n'ont pas encore essayé. S'ils pouvaient réagir globalement en voyant l'Union comme une entité et non pas comme 28 états qui se rejettent des migrants morts ou vivants.

10 octobre 2013 Anne Blanpain.

Source : RTBF

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