lundi 25 novembre 2024 00:15

Valls pour que se construise un «islam de France»

Le ministre de l'Intérieur a assisté à la remise de diplôme de la première promotion de fonctionnaires et cadres musulmans formés aux religions et à la laïcité à Lyon

Pierre-Pascal Antonini est délégué du préfet du Rhône à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon. Bariza Yahia enseigne à l'Institut français de civilisation musulmane (IFCM) rattaché à la grande mosquée de cette même ville. Ce jeudi, tous deux se sont vu remettre un diplôme à la préfecture du Rhône, en présence de Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, chargé des cultes. Pierre-Pascal Antonini a obtenu un diplôme universitaire de «Religion, liberté religieuse et laïcité», Bariza Yahia un certificat de «Connaissance de la laïcité». Ces deux adultes font partie de la première promotion de 28 diplômés de ce double cursus assuré par l'université Lyon III, l'Université Catholique de Lyon et l'IFCM, et lancé en janvier 2013. Deux publics distincts sont concernés : les agents de l'Etat, et les imams, aumôniers et responsables associatifs musulmans.

Pierre-Pascal Antonini et Bariza Yahia ont suivi certains cours ensemble, d'autres séparément. Tous deux ont acquis des connaissances théoriques en histoire de la France et des religions, en théologie musulmane ou droit des religions et de la laïcité, mais ont également apprécié les contacts qui se sont noués entre les deux groupes et les échanges auxquels ils ont donné lieu.

Devant un public composé en partie de musulmans, Manuel Valls a repris l'antienne des ministres de l'Intérieur successifs, y compris de droite, sur l'islam de France qui resterait à créer. Cette formation est «le minimum requis pour que se construise sereinement, en prenant le temps, mais avec détermination un islam de France», a-t-il ainsi assuré. Comprendre qu'un tel islam n'existe pas encore.

«Pourchasser et punir» les actes islamophobes

La formation assurée par les deux université et l'IFCM étant entièrement financé sur fonds publics : 83000 euros par le biais de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé), 10500 euros par l'Etat, Valls s'est défendu de «viol(er) les règles de séparation de l'églises et de l'Etat». L'objectif n'est pas, en effet, de former des religieux. Affirmant que ce diplôme qui vise à «apprendre aux différents responsables religieux à se connaître, à connaître le cadre républicain dans lequel il sauront évoluer (...), répond à un objectif d'intérêt général», le ministre de l'Intérieur a souhaité que «la France se mette en position d'offrir ces formations à chaque religieux désireux d'exercer son ministère sur notre territoire». Des cursus du même type sont en préparation à Aix-en-Provence, Montpellier et Bordeaux.

Un peu plus loin dans son discours, le ministre s'est un peu emmêlé les pinceaux lorsqu'il a déclaré aux dirigeants des universités et de l'ICFM présents : «Il faut former des imams français et c'est ce que vous êtes en train de faire». Si c'était le cas, ce serait, pour le coup, une grave entrave à la loi interdisant à l'Etat tout financement des cultes. Enfin, Manuel Valls a voulu répondre aux craintes des responsables musulmans signalant une montée de l'islamophobie. «Je n'ignore riendes actes antimusulmans qui ont lieu dans notre pays» contre des «édifices religieux, des hommes et des femmes surtout», a-t-il déclaré, assurant que le rôle des pouvoirs publics est de «pourchasser et punir».

10 octobre 2013, Catherine COROLLER

Source : Libération

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