Les funérailles du lait
Mamaya est très vieille et très autoritaire, comme le savent son chat et surtout sa servante dévouée, Johara. Très malade aussi, au point qu’il a fallu lui faire l’ablation d’un sein. Recluse dans sa chambre, elle repense à Merième, sa mère, l’adolescente frondeuse et piquante qui séduisit un beau soldat, à sa propre passion pour le jeune Pierre rencontré au collège, au mariage obligé avec le Maître d’école, à la vie si dure dans l’oppression des femmes à la fois acceptée et refusée.
Et surtout à l’« Absent », ce fils aîné disparu pour avoir « mal pensé » dont on ne sait s’il est vivant (mais dans quelle geôle ?) ou mort, sans que sa mère puisse ensevelir sa dépouille.
Mamaya se lancera donc dans un ultime voyage vers le tombeau familial, pour donner à l’enfant perdu ces « funérailles du lait » après lesquelles elle pourra quitter ce monde.
Des sourires dans ce récit coloré, et ce don remarquable de la silhouette déjà noté dans Le Sommeil de l’esclave, mais surtout un portrait de femme et de mère simple et bouleversant et un ton qui mêle le quotidien, le rêve et le conte avec une grande intensité.
Le sommeil de l'esclave
… Peuplé de personnages originaux campés dans leur singularité de « types » éternels. Le sommeil de l’esclave resté dominé par Dada, l’esclave noire achetée il y a longtemps aux hommes bleus qui l’avaient razziée avec son jeune frère.
Le Matin du Sahara et du Maghreb
…Le sommeil de l’esclave : La face cachée de la société traditionnelle. Une histoire triste ? Non, féroce, à l’image de la férocité d’une société qui se complait, jusqu’aux limites du ridicule, dans l’univers clos de son cocon étrange et dont le silence est le lot ; la honte, le qu’en-dira-t-on, sa hantise…
Le Matin Magazine
…Dans une note de lecture, l’éditeur souligne qu’il y a un réel talent dans ce premier récit où, sous la poésie prenante du conteur et la tendresse du souvenir, affleure la dénonciation d’un monde qui refuse le droit d’exister et d’aimer à ses humiliés et offensés.
Libération
…Avec une élégance raffinée, une poésie qui affleure à la moindre description, et une immense tendresse pour les personnages, l’auteur use d’une langue dont il a su s’approprier toutes les richesses faisant naître, avec un art consommé, un ton et un univers que l’on n’est pas près d’oublier.
L'ombre du poète
Sur le Mont des Esclaves, deux adolescents rêvent ensemble. Tous deux pratiquent avec un même bonheur l’art de jouer avec les mots et leurs illusions, mais à l’heure des engagements de l’âge adulte, Yamou choisira la voie de la poésie et de la révolte, tandis que Nayel se laissera prendre au piège de ses mensonges et aux fastes du pouvoir. Mensonges en effet que l’histoire de son enfance et de sa mère transformée en servante, mensonges que son amitié pour le fils du Pacha ou que sa fuite pour Talouet…
L’écriture sera-t-elle sa dernière pirouette ou, au contraire, sa seule chance de retrouver la vérité ?
Dans ce roman à la fois poétique et philosophique, Mahi Binebine s’interroge sur la force et les dangers de la parole.
Il renoue avec l’inspiration de ses premiers récits en évoquant la misère et la candeur des petits gens, l’injustice de la société marocaine du milieu du siècle (dernier) et les déchirements qu’elle provoque.