lundi 25 novembre 2024 18:37

Frontalement, les Suisses ont répondu, dimanche 29 novembre, à des questions qui taraudent, à des degrés divers, l'ensemble des pays européens. L'islam est-il compatible avec les sociétés européennes ? Peut-il devenir un élément des identités nationales qui ont forgé le continent ?

En approuvant l'interdiction de construire des minarets, les Suisses ont répondu "non" et il n'est pas certain que d'autres, à leur place, auraient voté différemment. Car même si c'est "l'islamisme" qu'ils prétendent combattre, c'est en réalité la présence même de l'islam sur des terres chrétiennes que les groupes politiques les plus actifs mettent en question.

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© expression publique



Le parti flamand d'extrême droite, en Belgique, et le Parti pour la liberté, aux Pays-Bas, ne s'y sont pas trompés : dès dimanche, leurs responsables ont annoncé leur intention de déposer des propositions visant à interdire la construction de minarets. Il s'agit, pour le député flamand Filip Dewinter, de donner aux musulmans un "signal qu'ils doivent s'adapter à notre manière de vivre et non l'inverse".

En France, la vice-présidente du Front national, Marine Le Pen, ne dit pas autre chose. Se félicitant du vote suisse, elle a demandé aux "élites de cesser de nier les aspirations et les craintes des peuples européens, qui rejettent les signes ostentatoires des groupes politico-religieux musulmans, souvent à la limite de la provocation".

"Signes ostentatoires" : le mot est lâché. Car si l'image de l'islam, dégradée par la violence de l'actualité internationale depuis une décennie, explique en partie les soupçons d'extrémisme accolés aux musulmans à travers le monde, elle ne suffit pas à justifier le rejet de l'islam en Europe. C'est indéniablement la visibilité des musulmans, qui, dans les sociétés européennes, pose problème.

PRATIQUES RELIGIEUSES OSTENSIBLES

Religion aux rituels ancrés dans la vie quotidienne, en termes d'alimentation, de prière ou de tenue vestimentaire, avec le voile pour les femmes, l'islam s'est installé dans des pays marqués par une forte sécularisation et une inexorable déchristianisation. Ces pratiques religieuses ostensibles heurtent d'autant plus qu'elles émergent dans un contexte où la place de la religion jusque-là dominante, le christianisme, n'a jamais été aussi faible.

En outre, l'immense majorité des fidèles musulmans, soucieuse d'adaptation et d'intégration aux sociétés ambiantes, est régulièrement desservie par des groupes intransigeants et revendicatifs, dont certaines demandes (port du voile intégral, refus de la mixité...) semblent exorbitantes aux sociétés qui les accueillent.

Il faut bien reconnaître que, face à ces phénomènes, la communauté musulmane, souvent encore peu organisée, paraît incapable de réguler ces comportements. Les tenants d'un islam européo-compatible ne demandent pourtant qu'à être confortés dans leurs efforts d'intégration par la construction de lieux de culte dignes et la reconnaissance de besoins cultuels et culturels (carrés musulmans dans les cimetières, fêtes religieuses...).

Or, ce ne sont pas les stigmatisations empreintes de populisme, telles que le vote anti-minarets en Suisse ou l'offensive politique anti-burqa en France, qui aideront les "modérés" à faire sereinement accepter l'islam pour ce qu'il est désormais : la deuxième religion d'Europe.

L'exclusion et la discrimination sont, en revanche, les meilleurs terreaux pour un radicalisme, un repli communautaire et une ghettoïsation, potentiellement beaucoup plus explosifs.

Source: Le Monde

L'onde de choc du "non" suisse aux minarets s'est propagée lundi en France, où l'UMP s'interroge sur la justification de ces édifices, ce que l'opposition dénonce comme une manoeuvre "électoraliste". La mosquée Mahmud, à Zurich, la plus ancienne mosquée de Suisse. L'onde de choc du non suisse aux minarets se propage en France, où l'UMP s'interroge sur la justification de ces édifices, ce que l'opposition dénonce comme une manoeuvre électoraliste.(Reuters/Arnd Wiegmann)

La mosquée Mahmud, à Zurich, la plus ancienne mosquée de Suisse. L'onde de choc du "non" suisse aux minarets se propage en France, où l'UMP s'interroge sur la justification de ces édifices, ce que l'opposition dénonce comme une manoeuvre "électoraliste".(Reuters/Arnd Wiegmann)

Interrogés par référendum, les citoyens suisses ont approuvé à une nette majorité dimanche l'interdiction de construire dans la Confédération de nouveaux minarets ornant les mosquées, prenant de court le monde politique et le gouvernement.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est déclaré "un peu scandalisé" par cette "expression d'intolérance".

"Si on ne peut pas construire de minarets cela veut dire qu'on opprime une religion", a-t-il dit sur RTL.

L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard a de son côté jugé que la peur était "mauvaise conseillère".

"C'est quand même un affichage de méfiance. C'est un vote de violence", a-t-il regretté sur Radio Classique.

Mais des responsables politiques français ont estimé que la France pourrait ou devrait prendre exemple sur la Suisse.

Pour le Front national, ce vote est un signal envoyé aux "élites", qui doivent "cesser de nier les aspirations et les craintes de peuples européens (face) à des signes ostentatoires que veulent imposer des groupes politico-religieux musulmans, souvent à la limite de la provocation".

Plusieurs responsables de l'UMP ont fait des commentaires qui ont été vivement critiqués à gauche.

Dimanche soir, le secrétaire général du parti majoritaire, Xavier Bertrand, a jugé qu'on n'avait pas "forcément besoin" des minarets en France.

"AMALGAMES"

Le porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé, a abondé dans son sens lundi sur France Info. Si les salles de prière sont "évidemment tout à fait indispensables", il n'en va pas de même pour les minarets, a-t-il dit.

"Il faut pouvoir assumer ses convictions sans que cela blesse qui que ce soit et sans que cela transgresse le principe de laïcité", a-t-il estimé, faisant le distinguo entre les minarets et les clochers des églises catholiques qui sont "un héritage historique".

Jean-François Copé a refusé de commenter ces déclarations, joignant sa voix à celles de la gauche.

"Ce vote n'aide pas car il va encourager toutes les formes d'amalgames", a dit le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale sur France Info.

Au Parti socialiste, Pierre Moscovici a jugé sur LCI "électoralistes" les propos de Xavier Bertrand qui, selon lui, reviennent à dire "qu'au fond les Suisses montrent la voie".

Pour Benoît Hamon, en Suisse comme en France, "la stratégie du bouc émissaire porte".

"Les populations européennes sont sensibles à ces thématiques, dès lors que les gouvernements n'apportent pas d'autre réponse au plan économique et social", a dit le porte-parole du PS lors d'un point de presse.

Les Verts dénoncent l'avancée des idées "xénophobes et islamophobes" en Europe.

"Tous les prétextes sont bons: débat sur la burqa, mariage gris, minarets, amalgame entre la sécurité et l'immigration, identité nationale pour faire peur et nourrir un sentiment de rejet contre certains immigrés ou européens issus de l'immigration venant de pays musulmans", accuse le parti écologiste dans un communiqué.

Comme les Verts, le député socialiste européen Vincent Peillon et le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, font le lien entre le vote suisse et le débat lancé par Nicolas Sarkozy et la droite sur l'identité nationale en France.

En Europe, "nous sommes dans un temps où, par défaut de vigilance, par confusion, par électoralisme, on commence à jouer avec des questions fondamentales", a estimé Vincent Peillon sur i>Télé. "Cessons de jouer avec des concepts, avec des émotions mauvaises et dangereuses. N'animons pas la campagne des (élections) régionales (de mars prochain) avec des sujets qui n'ont rien à voir, comme l'identité nationale", a-t-il dit.

Bernard Thibault, de son côté, a déploré qu'en période de crise "certains trouvent avantage à mettre en exergue des coupables tout désignés". "Chacun a son immigré dans son pays en Europe", a-t-il dit.

Source: L'Express.fr

"Coup de massue", "consternation et désespoir": le refus des minarets "sonne la Suisse" et la presse du pays s'inquiète lundi d"un "vote lourd de "conséquences", au lendemain de l'interdiction de la construction des minarets votée par 57,5% des votants, "inspirés par la peur".

"Les Suisses ont voté avec leurs tripes (...) inspiré(s) par la peur, les fantasmes et l'ignorance", déplore le quotidien genevois Le Temps qui s'inquiète d'un "dégât d'image spectaculaire pour la Suisse" dans le monde.

"Exportations, tourisme, industrie du luxe, finance, les secteurs qui craignent d'avoir perdu de leur aura si précieuse ne sont pas les moindres de nos pourvoyeurs de richesses", relève le quotidien 24 Heures (Lausanne) pour lequel, si "la Suisse a un problème d'image, l'islam aussi".

Pour La Liberté (Fribourg), les "craintes liées à l'islamisation du pays et à un brassage de populations qui va trop vite", ont pesé lourd dans le scrutin.

Le Journal du Jura" déplore un "autogoal de la peur" en dénonçant l'amalgame entretenu par la campage de la droite populiste entre la population musulmane de Suisse et le "fondamentalisme religieux agitant le monde".

"Vengeance, boycott, rétorsion... Cet affront à l'islam pourrait coûter cher. Certains, polytraumatisés de la crise, ont glissé dans l'urne un vote de protestation et de méfiance plus que de haine et de défiance. Il en est ressorti une bombe", s'alarme La Tribune de Genève.

"Au moment où tant d'autres défis sont à relever, de la crise économique au conflit avec la Libye en passant par la disparition du secret bancaire, espérons que (le) prix ne sera pas exorbitant", commente La Liberté.

Le quotidien zurichois Tagesanzeiger relève quant à lui que ce vote a profondément divisé le pays, entre une partie "moderne et internationaliste" et une autre plus "traditionnelle et nationaliste". Le vote "va renforcer l'isolement international de la Suisse même auprès des pays occidentaux", prédit le journal.

"Les suites immédiates de la votation sont limitées. Les minarets existants ne sont pas menacés (et) de nouveaux n'étaient pas attendus en masse", tempère la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) qui déplore cependant que "le climat (se soit) nettement refroidi pour les musulmans".

Source : AFP

Le référendum suisse interdisant les minarets est un "vote de la peur", écrit lundi la presse belge, qui estime également que si une telle consultation avait lieu en Belgique le résultat serait probablement identique.

"Le minaret fait peur (...) Il y a gros à parier que si la votation existait en Belgique, une majorité de citoyens se prononceraient contre, eux aussi. Fascistes notoires et néo-populistes se faisant fort d'attiser les passions les plus basses", affirme le journal francophone Le Soir.

"La consultation populaire peut être utile et, parfois, oxygénante pour la démocratie. En particulier lorsqu'elle traite des questions de société. Dans le cas (des minarets) c'est tout l'inverse", ajoute le quotidien.

"Elle fait d'un sujet marginal (le nombre de lieux de culte avec minaret est ultra-minoritaire) un symbole de tous les excès et de toutes les peurs comme dans le cas du débat autour du foulard islamique", poursuit Le Soir.

"Prendre pour cible des tours verticales en s'attaquant, en réalité, aux fidèles qui sont en bas, c'est hypocrite et fallacieux. Et, par les temps qui courent, un jeu dangereux", conclut l'éditorialiste du journal.

"La Suisse se met l'islam à dos", écrit La Libre Belgique, qui se demande si la Suisse est "devenue la nouvelle patrie du surréalisme". Le quotidien n'hésite pas à faire un parallèle entre le référendum suisse et le débat sur l'identité nationale en France.

Avec une pointe d'ironie, la Libre Belgique souligne que, à l'occasion d'un autre référendum, les Suisses ont refusé, par plus de 68% des voix, d'interdire l'exportation d'armes et de matériel de guerre.

Côté néerlandophone, De Standaard souligne pour sa part que "le débat a également lieu en Flandre", où le Vlaams Belang (extrême droite) veut faire "interdire la construction de nouvelles mosquées".

L'homme fort du Vlaams Belang, Filip Dewinter, a estimé que le "bon sens l'avait emporté sur le politiquement correct" et comparé le résultat du référendum en Suisse au "combat de Guillaume Tell contre la domination des Habsbourg".

Source : AFP

Plusieurs hommes politiques italiens, dont un ministre et un président de région, ont réagi favorablement dimanche au résultat du référendum interdisant la construction de minarets en Suisse, qualifié de "leçon de démocratie".

"La Suisse nous envoie un signal clair : oui aux clochers, non aux minarets", a déclaré le ministre de la Simplification administrative Roberto Calderoli (Ligue du Nord, parti populiste anti-immigrés) à l'agence de presse italienne Ansa.

"Ce qui semble ressortir du choix du peuple suisse est d'une part le respect de la liberté de religion, de l'autre la nécessité de mettre un frein aux aspects politiques et de propagande liés à l'islam", a-t-il estimé. Cela "devrait nous faire réfléchir", a-t-il conclu.

De son côté, Riccardo De Corato, député du Peuple de la liberté (droite, parti de Silvio Berlusconi) et maire-adjoint de Milan, a estimé que "la très démocratique Suisse a donné aujourd'hui une leçon à l'Italie, en particulier aux militants de gauche qui, si une initiative de ce genre avait eu lieu en Italie, auraient monté des barricades et crié au scandale".

L'eurodéputé de la Ligue du Nord Matteo Salvini a également évoqué "une grande leçon de démocratie de la part de la Suisse". "Malheureusement en Italie on ne consulte pas le peuple pour savoir ce qu'il pense des mosquées et des centres islamiques", a-t-il dit à l'Ansa.

"Je suis satisfait du +non+ contre les minarets en Suisse", a également affirmé le président de la région Veneto (Vénétie, nord)", Giancarlo Galan. Moi aussi "j'aurais voté cent fois +non+", a-t-il précisé.

Les Suisses ont décidé dimanche par référendum à une très large majorité (57,5% des votants) d'interdire la construction de minarets.

Source : La Croix/AFP

Après des années de controverse et de difficultés, l'édification de la Grande mosquée de Strasbourg a fait un pas en avant avec la pose de sa coupole, vendredi, jour de la fête de l'Aïd el-Kébir.

Vers 11h00, une grue de 500 tonnes a soulevé du sol les 29 tonnes de métal et d'acier de la structure d'un diamètre de 17 m pour une hauteur de plus de 10 m. Elle été délicatement posée sur la vaste salle de prière qui accueillera d'ici l'automne prochain au moins 2.000 fidèles.

Plusieurs centaines de musulmans réunis sur le chantier de la mosquée ont récité "la prière sur le prophète" alors que le soleil perçait la grisaille lors de ce moment qualifié de "hautement symbolique" par Saïd Aalla, le président d'origine marocaine de la Grande mosquée (GMS).

"Cette coupole est un signe très fort pour la communauté musulmane car elle identifie bien l'édifice et va donner une visibilité de l'islam dans la ville" a-t-il commenté.

"Aujourd'hui, on a simplement un lieu de prière sans minaret mais si la communauté le souhaite, elle aura son minaret", s'est engagé l'actuel sénateur-maire PS de Strasbourg, Roland Ries, provoquant des applaudissements nourris de l'assistance.

L'armature de la coupole recevra en décembre sa couverture de cuivre.

La salle de prière "sera ouverte à l'ensemble des fidèles, quelles que soient leur origine, race ou ethnie", a-t-il précisé.

Au sein du millier de personnes massées devant l'édifice religieux se trouvaient de nombreux Français originaires du Maroc, d'Algérie et de Turquie.

De forme octogonale avec huit grands piliers, la GMS a été dessinée par l'architecte italien Paolo Portoghesi qui a déjà signé la Grande Mosquée de Rome.

Sa construction, un projet datant de près de 20 ans, a rencontré de nombreuses difficultés politiques et économiques.

Roland Ries a rappelé que la délibération avait été adoptée en 1998, "après un vif débat et une évacuation de salle" et dans un climat de très fortes controverses nationales, lors de son premier mandat de maire. Le leader d'extrême-droite Bruno Mégret était dans les tribunes du conseil municipal.

"J'ai alors eu la chance de bénéficier du soutien fort de toutes les religions concordataires", a-t-il dit, saluant la présence de l'archevêque de Strasbourg, du Grand rabbin René Guttman et des représentants des communautés protestantes en Alsace.

Le projet avait été amputé de sa bibliothèque et de son minaret par l'équipe municipale de droite (Fabienne Keller/Robert Grossmann/UMP) qui avait succédé en 2001 à Roland Ries.

Interrompu pendant plus d'un an après un contentieux avec le constructeur allemand KKF, le chantier a repris en mai avec la société Demathieu et Bard.

Son coût est de 8,7 millions d'euros. Sur les 5 millions déjà investis, "un petit tiers" vient des subventions publiques et 1 million a été versé par le Maroc qui va faire un effort supplémentaire, selon Saïd Aalla. "Des promesses d'Arabie saoudite et du Koweït doivent se concrétiser bientôt, a-t-il dit.

"Le reste provient de dons de la communauté", principalement des quelque 40.000 fidèles strasbourgeois "mais aussi de France et d'Europe", précise le président de la GMS.

En Alsace où vivent quelque 120.000 musulmans selon des statistiques non officielles, la première pierre d'une mosquée a été récemment posée à Mulhouse.

Source : AFP

La 2ème rencontre de la littérature hispano-marocaine tenue récemment à Algésiras (sud de l'Espagne), a rendu un hommage à la femme à travers un programme riche et diversifié.

Cette rencontre, visant le renforcement des liens entre les peuples marocain et espagnol par le biais de la culture, a présenté pour la première fois trois concerts dédiés aux femmes, outre des soirées poétiques.

Organisée par la Fondation Deux Rives, en collaboration avec les autorités locales de la ville de Cadix, cette rencontre littéraire et artistique se veut un rendez-vous annuel d'union et de rapprochement à travers l'art et la créativité artistique et culturelle.

Le coup d'envoi de cette manifestation a été donnée mardi soir par la soprano marocaine Samira Kadiri qui a gratifié le public d'un concert "Andalusiat, d'une rive à l'autre" mettant en lumière les mélodies merveilleuses qui parlent d'une époque où les musulmans, les juifs et les chrétiens vivaient ensembles à Al Andalous.

Ce mélange (chants andalous, romances, séfarades, cantigas) puise ses origines dans la civilisation méditerranéenne, du temps où la musique était le langage du coeur et de l'esprit. Ce récital est une synthèse de différentes traditions andalouses qui ont irradié tout le bassin méditerranéen.

Samira Kadiri occupe une place à part dans le monde de la musique lyrique, tant par ses qualités artistiques que par ses engagements profonds en faveur du partage de la musique comme langage universel.

Lauréate de l'Institut Supérieur d'Art Dramatique et d'Animation Culturelle de Rabat, formation lyrique et théâtrale, elle est présidente de l'association Echanges Culturels en Méditerranée (ECUME Maroc), et directrice du Festival International Voix de Femmes à Tétouan (Maroc).

La soprano marocaine est la première femme arabe, élue "Femme créatrice 2007" par le Lobby Européen des Femmes. En décembre 2008, elle a remporté le " Prix Al Farabi pour la musique antique", distinction du Comité national de la musique du Maroc relevant du Conseil international de la musique de l'UNESCO.

La cérémonie de clôture de cette manifestation culturelle a été marquée par des récitals de poèmes de la marocaine Fatima Bennis et l'espagnole Rosa Diaz, ainsi que par un concert de la chanteuse soudanaise Rasha, dont le répertoire musical est influencé par la musique traditionnelle soudanaise et mâtinée de rythmes latino-américains.

Source : MAP

Pour les marocains résidant au pays de l'Oncle Sam, la célébration de l'Aïd Al Adha prend un sens particulier dans la mesure où c'est un événement où s'entremêlent retour aux racines et nostalgie du pays.

Cette fête, célébrée vendredi aux Etats-Unis, est non seulement une occasion pour la communauté marocaine de se réunir mais c'est aussi un moment où des millions de musulmans de différentes nations partagent un moment de piété et se reconnaissent sous le même rituel sacré.

"Aïd Al Adha est un événement unique car nous pouvons renouer avec nos racines, faire revivre les us et coutumes léguées par nos aïeux et transmettre nos valeurs à nos jeunes", indique Mohamed Zouin, un marocain établi depuis 16 ans à Gaithersburg au Maryland.

Pour ce père de famille, qui a fait le déplacement de Gaithersburg vers Rocky Ridge, au nord-ouest de Baltimore, pour y sacrifier le mouton de l'Aid aux cotés de plusieurs membres de la petite communauté marocaine du Maryland, cette fête est "une opportunité pour promouvoir les valeurs de partage et de communion entre les musulmans des différentes nations et surtout préserver l'identité marocaine même loin du pays".

+NOSTALGIE QUAND TU NOUS TIENS+

Même son de cloche chez son épouse Ghalia qui affirme que malgré l'éloignement de la famille et des amis restés au Maroc, l'incroyable esprit de solidarité qui prévaut au sein de la communauté musulmane du Maryland, en général, et marocaine, en particulier, confère à cette fête une convivialité sans pareille.

"L'Aïd est un moment d'effervescence intense", poursuit Ghalia, pour qui cette fête rime avec le rapprochement des communautés musulmanes pour s'acquitter d'un devoir religieux.

A défaut de pouvoir rejoindre leurs familles pour l'Aïd, les Marocains installés en Amérique trouvent le réconfort en multipliant les visites aux amis et les coups de fils aux parents proches.

"Le regroupement est le seul moyen de remplacer la nostalgie de notre pays", affirme Jawad, en se remémorant avec tendresse les préparatifs de l'"Aïd El Kébir" et le crépitement du charbon lors de la cuisson des fameuses brochettes de foie et de crépine de mouton.

Pour ce marocain de Caroline du nord, rien ne vaut le bêlement des moutons qui raisonne à la veille de l'Aïd ou encore l'humeur bon enfant accompagnant cette fête, qui commémore la volonté du Prophète Sidna Ibrahim d'obéir à Allah et de sacrifier son fils Sidna Ismaïl.


+LE MOUTON HEROS DE LA FETE+


A l'instar de leurs concitoyens au Maroc, les musulmans d'Amérique se font un point d'honneur à célébrer Aïd Al Adha avec l'apparat et la gastronomie qui s'imposent.

"Pendant cette journée, voisins, amis et famille préparent un programme spécifique et chacun s'occupe d'une tâche", précisent Najib et Hakim, deux marocains chargés de l'abattage des moutons dans une petite ferme de Rocky Ridge en prévision d'une fête communautaire regroupant musulmans de différentes origines.

Ces deux jeunes, établis depuis près de 5 et 13 ans au Maryland, affirment que de plus en plus de musulmans accomplissent le rituel du sacrifice du mouton aux Etats-Unis en raison d'un plus fort sentiment d'appartenance communautaire et grâce aux facilités accordées aux musulmans en cette occasion.

Un constat partagé par Sultan Khan, recteur de la communauté musulmane de Frederick, une petite bourgade américaine proche de Rocky Ridge, qui compte près de 400 familles musulmanes d'origine, bangladeshie, marocaine, égyptienne et indienne.

"Les autorités fédérales et locales nous offrent toute l'aide dont nous avons besoin", a-t-il dit à l'issue de la prière de l'Aïd qui s'est déroulée dans une salle de réception de la ville.

Outre les facilités accordées par les autorités locales aux musulmans lors des fêtes religieuses -la mise à disposition de locaux pour la prière et le sacrifice des moutons- de plus en plus de fermiers américains se joignent à cet effort en offrant des services spécifiquement destinés aux musulmans.

La ferme "Groff's Content" à Rocky Ridge constitue un exemple intéressant de cette entraide inter-religieuse. Son propriétaire Bob Bolton, qui travaille au Bureau de la gestion du territoire (Bureau of Land Management) à Washington, se charge depuis 2003 de l'élevage de moutons -nourris exclusivement au foin organique- destinés au sacrifice de Aid Al Adha.

"Je suis heureux de pouvoir offrir à mes clients musulmans des bêtes de qualité et les conditions nécessaires pour qu'ils puissent s'acquitter du rituel du sacrifice", se réjouit ce natif de l'Oregon.

Source : MAP

D'ici 2050, des dizaines de millions de personnes seront contraintes de quitter leurs terres rendues inhabitables par l'évolution du climat. Mais leur sort reste ignoré des négociations internationales.

Ces déplacements massifs de population seront motivés par la hausse du niveau des océans, des sécheresses persistantes, des inondations récurrentes, l'insécurité alimentaire, les pénuries d'eau ou l'usure des sols.

"Aujourd'hui, la notion de réfugié s'applique aux personnes persécutées ou victimes de violence, il n'y a aucune obligation d'accueillir ceux qui fuient la pauvreté. Qui, à l'avenir, va accueillir toute cette misère?", interroge Jean-François Durieux, responsable du changement climatique au HCR, le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, à la veille de la conférence climat de Copenhague.

"Le déplacement des populations, c'est l'enfant oublié: on n'en parle pas dans les négociations internationales alors qu'il s'agit d'une problématique prioritaire", regrette-t-il.

Le HCR dénombre actuellement 26 M de déplacés et 12 M de réfugiés dans le monde. Pour les migrants environnementaux, les estimations vont de 50 M au milliard de déplacés d'ici 2050, selon le Fonds de l'ONU pour la population (FNUAP).

Mais l'estimation la plus fréquente tourne autour de 200 M, le plus souvent poussés au départ par "une dégradation insidieuse de l'environnement" - qui rendra le retour impossible.

Ces migrations massives toucheront prioritairement les zones côtières en développement, les grands deltas, les petites îles et l'Afrique subsaharienne. "On évoque maintenant une hausse de 2 mètres du niveau des océans en 2100", note Stéphane Hallegatte, chercheur à Météo France, alors que 60% des 39 plus grandes métropoles se concentrent sur les côtes.

Dès lors, faut-il attendre que se produise l'inévitable ou anticiper les fuites désespérées? "Faciliter les politiques migratoires, au plan national et international et assurer un transfert de ressources vers les pays qui seront les plus touchés" paraît un minimum à François Gemmene, de l'Institut du développement durable et des relations internationales.

"Les pays en développement ne pourront faire face à cette charge supplémentaire: les migrants accroîtront la pression démographique sur des zones déjà affectées par des pénuries", ajoute-t-il. "Le débat est de laisser les gouvernements gérer le processus selon leur méthode ou d'essayer de le coordonner au niveau international", explique Alexander de Sheribinin, à l'Université de Columbia à New York.

Mais pour lui, "étendre l'actuelle Convention de l'ONU sur les réfugiés risque surtout de diluer son efficacité".

"La majorité va rester à l'intérieur des frontières nationales: il faut alors définir les meilleures pratiques possibles pour leur réinstallation. Quant aux réfugiés, ils gagnent de façon écrasante l'Etat voisin, comme les Afghans au Pakistan, donc un autre pays en développement: Je ne pense pas que ces Etats souhaitent avoir une nouvelle catégorie de migrants sous protection internationale", ajoute-t-il.

Au HCR, Jean-François Durieux prévient également: "Si on essaie de promouvoir une obligation d'accueil sur le long terme, on n'arrivera à rien. Encore faudrait-il s'assurer de son respect et être en mesure d'établir clairement un lien avec des causes climatiques".

Pour l'expert, les Etats restent "réticents, voire hostiles" à ouvrir la discussion.

Source : AFP

Le Congrès des députés espagnol a adopté jeudi une nouvelle loi sur l'immigration qui a été unanimement qualifiée d'"injuste" et d'"inhumaine" par plus de 70 ONG de défense des droits des immigrés.

Cette nouvelle loi, adoptée par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero en juin dernier, achève ainsi sa procédure d'approbation par le Parlement, après son passage récemment au Sénat.

Au moment où la Chambre basse du Parlement espagnol débattait de cette nouvelle loi relative aux immigrés, des dizaines de personnes représentant des Associations de défense des droits des immigrés se sont rassemblées devant le siège du Congrès des députés vêtues d'uniformes oranges en allusion aux "détenus de Guantanamo".

Ces ONG ont également adressé une lettre ouverte aux députés du Parlement dans laquelle ils expriment leur rejet de cette loi qui comporte, selon elles, des "dispositions injustes" à l'égard des immigrés établis en Espagne.

Des Associations de défense des droits de l'Homme ont, pour leur part, réclamé la fermeture de tous les Centres d'internement des immigrés clandestins en Espagne qu'elles ont qualifié d'"illégaux".

La nouvelle loi sur l'immigration, dont l'entrée en vigueur est prévue pour les prochains jours, a été adoptée par le Congrès des députés avec 180 voix pour, 164 contre et trois abstentions.

Cette législation a bénéficié de l'appui du Groupe socialiste, de Convergence et Union (CiU) et de la Coalition canarienne.

+UNE LOI MISE EN EXERGUE PAR LE GOUVERNEMENT ET CONSTITUE UN RECUL POUR LES ONG+

Le ministre espagnol du Travail et de l'Immigration, Celestino Corbacho, a relevé que cette nouvelle loi ambitionne l'encouragement de la migration légale et la lutte contre l'immigration clandestine, la consécration des valeurs d'intégration et la contribution à l'édification d'une société multiculturelle.

Les organisations de défense des droits de l'Homme et des immigrés voient, de leurs côtés, dans ce nouveau cadre législatif un recul pour les acquis des immigrés et une "atteinte" à leurs doits.


La section espagnole d'Amnesty International a noté, à ce propos, que cette nouvelle loi donne la priorité au volet sécuritaire au lieu d'être axée sur la sauvegarde des droits des immigrés.

Même son de cloche chez la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR) qui a exprimé sa "préoccupation" face à plusieurs dispositions de cette loi, notamment celles en rapport avec les droits des immigrés en Espagne.

Parmi les dispositions contestées, figure l'extension de 40 à 60 jours de la période maximum de rétention des immigrés en situation irrégulière, décision qui a été justifiée par le gouvernement espagnol par les difficultés rencontrées par les services concernés pour la détermination de la nationalité de ces migrants.

Cette 4ème réforme du genre de la "loi sur les étrangers" prévoit également des restrictions et le durcissement des procédures de regroupement familial: seules les personnes âgées de plus de 65 ans peuvent prétendre au regroupement familial à condition que leurs fils ou filles justifient cinq années de résidence régulière en Espagne, ainsi que des limitations du droit à l'enseignement et une clause sur les clandestins mineur d'âge.

Plusieurs statistiques ont prouvé l'augmentation du nombre de personnes qui ont immigré en Espagne grâce à la procédure de regroupement familial et ce, en dépit de la crise économique qui frappe de plein fouet l'Espagne depuis fin 2008, et qui a eu comme principale conséquence la perte de plus de 4 millions postes d'emploi.

+SYNDICATS ET ONG: LA NOUVELLE LOI VIOLE LES DROITS HUMAINS+

Plusieurs ONG de défense des droits des immigrés, des droits de l'Homme et Organisations de bienfaisance ont dénoncé l'adoption de cette nouvelle loi, jugeant qu'elle comporte plusieurs points négatifs.

Ainsi, plusieurs manifestations dénonçant la réforme de la loi sur les étrangers ont été organisées dans différentes villes espagnoles par ces ONG, dont la Fédération des Associations catalanes actives dans le domaine de défense des droits des immigrés.

Cette Fédération a noté, dans un communiqué, que la réforme de la loi sur l'immigration est "inacceptable du point de vue éthique", qualifiant d'"inadmissible de respecter des lois qui sont en contradiction avec les droits de l'Homme et les valeurs universelles stipulées par la constitution".

D'autres Associations ont souligné que les immigrés ne doivent pas être sacrifiés sur l'autel de la crise économique.

L'Espagne, considérée jusqu'à tout récemment comme l'un des pays les plus tolérants en matière d'immigration, a changé radicalement de position par le biais de cette loi similaire à celle déjà adoptée par la France.

Source : MAP

Ils vivent en France depuis des années. Au moins cinq ans selon la loi, au moins deux s'ils sont réfugiés politiques. Ils ont tout fait pour devenir français, et ils le sont depuis dix mois. Depuis le jour où ils ont reçu par courrier la copie de leur décret de naturalisation, paru dans le Journal officiel.

Ils sont 70 ce matin-là à la préfecture d'Evry, enfin convoqués à la cérémonie de naturalisation qui clôt cette longue démarche - deux ans et demi en moyenne dans l'Essonne. On leur a remis le décret en main propre. Un film de six minutes a été projeté. Ce jour-là, la bande-son ne marchait pas, ils se sont contentés des images à la gloire de la France, Mont-Saint-Michel, avions de chasse et frontons "Liberté, Egalité, Fraternité" sur fond musical. Le secrétaire général de la préfecture a fait son discours, tout le monde s'est levé aux premières notes de La Marseillaise, quelques-uns ont fredonné les paroles, et ceux qui n'étaient pas pressés ont bu le verre offert par la République.

Chaque année, plus de 100 000 étrangers deviennent français, par la voie du mariage (environ 15 % des cas) ou en demandant la naturalisation. La procédure n'est pas simple. Avant, il faut rassembler les papiers, pendant, il faut répondre à une convocation au commissariat et à la préfecture, puis il faut être patient.

NACIBA ET SON ÉCHARPE

"Moi, je n'étais pas pressée, je savais que je l'aurais", assure une jeune femme, chapeau noir sur la tête, sourire immuable aux lèvres. La politique, dit-elle, ne l'intéresse pas. Elle n'a pas entendu parler du débat sur l'identité nationale. A la question "Ça veut dire quoi, être français ?", elle répond : "C'est un truc à l'intérieur, on ne peut pas le dire."

Si elle aime ce pays, c'est parce qu'il n'y a pas de guerre, parce qu'on y aide les pauvres, et parce que, "dans l'équipe de France, il y a des Noirs, des Arabes, de tout. La France, elle m'a apporté tout. Et moi je lui apporte des choses, puisque je travaille avec des personnes âgées". En sortant de la préfecture, Naciba Belkhir, 28 ans, s'est rendue à la mairie de Corbeil-Essonnes pour faire une demande de carte d'identité. Puis elle est allée acheter une bouteille de jus d'orange, "comme si c'était du champagne", pour trinquer avec sa mère qui avait gardé sa fille de 4 ans.

Le soir, il y avait matchs à la télé. Egypte-Algérie puis France-Irlande. Sur la fenêtre de l'appartement, deux drapeaux étaient scotchés. L'algérien et le français, gagné grâce aux points Kinder pendant la dernière Coupe du monde. A la main, Naciba avait deux écharpes, la bleu-blanc-rouge, la vert-blanc-rouge. Les deux pays de son coeur ont été qualifiés pour le Mondial, alors elle a mis les deux écharpes l'une sur l'autre et les a cousues.

C'est dans le cadre du regroupement familial qu'elle est arrivée en France, à l'âge de 5 ans. Son père a fait beaucoup de petits boulots avant de finir chauffeur de bus ; il est aujourd'hui retraité. Nés en France, ses trois frères et soeur sont français. A la fin de la soirée, l'un de ses petits frères est passé, et lui a dit, pour rire, "Tu es des nôtres, maintenant !", avant de lui chaparder l'écharpe double face.

Naciba Belkhir est aide-soignante à domicile chez deux personnes âgées si proches que "c'est comme la famille". Le lendemain de la cérémonie, la fille de l'une des deux vieilles dames lui a dit : "On peut faire chanter le coq." A la mairie, on lui a assuré qu'elle aurait sa carte d'identité dans un mois. Elle se dit fière à l'idée de la montrer. "C'est comme un diplôme. Avant, c'était comme s'il me manquait un truc."

Quand elle était enfant, on ne fêtait pas Noël dans la famille. Cette année, elle a déjà sorti les décorations. Elle est ravie que sa fille soit française, "tant qu'elle n'oublie pas d'où elle vient", parce que "c'est une richesse d'avoir deux cultures" : "C'est comme d'avoir un pull et un manteau. Un manteau ça couvre bien mais avec les deux on a plus chaud."

MOHAMMED LE FRANÇAIS

Il est venu à la préfecture accompagné de sa femme Gwenaëlle, une institutrice d'origine bretonne, et de leurs deux enfants, Inès et Naël. Ce jour-là, Inès fêtait ses 4 ans, et lui l'aboutissement d'une procédure à l'issue évidente. Mohammed Elmouttaqi, ancien joueur de handball, a 45 ans. Il en avait 16 lorsqu'il a quitté ses parents et Fquih Ben Salah, près de Casablanca (Maroc), pour rejoindre son oncle et sa tante, à Evry, dans l'Essonne. Un choc : "C'était le paradis, un autre monde, tout m'impressionnait."

Il a réponse à tout, sauf à une question qu'il se pose lui-même : pourquoi avoir attendu si longtemps ? Maintenant, avec son passeport français, quand il passera la douane, à Tanger sur la route des vacances, à Madrid ou Milan pour aller à un match, "ce sera "circulez !", direct !", alors que jusque-là les fouilles n'en finissaient pas - "Vous pensez, avec une tête d'Arabe..."

Au lendemain de la cérémonie, Mohammed Elmouttaqi, agent polyvalent dans une entreprise, est parti au travail avec une bouteille de champagne. A ses collègues qui ne votent pas, il dit que "c'est lamentable". Eux le chambrent en l'appelant "Mohammed Jean-Charles." "Mais je serai toujours Mohammed, Mohammed le Français, dit-il. Aux matchs, quand j'entends La Marseillaise, j'ai la chair de poule, mais l'hymne marocain me la donne aussi. J'ai toujours aimé la France. Je dis toujours "Merci la France et vive la France". Sans oublier le Maroc."

ALEXANDRU, DIT ALEX

Costume, attaché-case, Alexandru Fanea n'a pas eu le temps de prendre un verre à la fin de la cérémonie. Il est un jour à Prague, le lendemain à Stockholm, toujours pressé. Il était en France depuis un mois seulement lorsqu'il a commencé à se renseigner sur la manière de devenir français. C'était en 2001, il était en stage Erasmus dans un laboratoire de recherche à Grenoble après avoir fait une école d'ingénieurs à Bucarest. Et ce qui l'a motivé, ce sont les gens avec lesquels il travaillait, "des Français, d'origine nord-africaine, roumaine, ou de souche, qui savaient où ils allaient, qui donnaient envie d'être comme eux, intègres, appréciés dans leur travail". Pour être "aussi bien qu'eux", il fallait être français. L'ingénieur se garde d'être critique à l'égard de la Roumanie, mais "ici, le travail et l'effort sont récompensés, le mérite est reconnu".

Neuf ans plus tard, Alexandru est "Alex" pour ses collaborateurs et pour sa femme. Elle, est originaire de Romorantin. Malgré tout, Alex pense qu'il ne sera jamais aussi français que certains de ses collègues, qu'il sera "Alexandru jusqu'à la fin de (sa) vie", qu'il aura toujours "une expression un peu bizarre". Mais il se sent français : "Je ne pense pas que je pourrai un jour vibrer comme un Français, dit-il, mais c'est ce à quoi j'aspire, et c'est ce qui me fait avancer."

A la question "qu'est-ce qu'être français ? ", il répond "c'est être moi-même" : "Ce décret, c'est juste la confirmation de ce que je suis ; la concrétisation, sur le papier, d'un ensemble de choix que j'ai faits." La lourdeur de la procédure a parfois instillé le doute. Alex a dû se rendre à Bucarest pour obtenir un certificat de naissance, faire traduire le document par un traducteur assermenté, répondre à une convocation pendant une période de congé... Mais la page roumaine est tournée : "C'est comme si j'avais fermé une porte."

Il aime se promener en voiture en Normandie, s'arrêter dans une ferme, discuter avec les propriétaires. "Ils aiment ce qu'ils font, il y a une joie de vivre que je n'ai pas rencontrée ailleurs. Ce sont les gens qui m'ont fait aimer la France. J'ai rencontré ici des personnes extraordinaires."

ALEXANDRA, LA FAUSSE NAÏVE

Alexandra n'a pas attendu cette cérémonie pour se sentir française. Elle se considère comme telle depuis qu'elle a commencé à maîtriser le français. A son arrivée, en 2002, elle avait 15 ans et ne parlait pas un mot. Elle en a 23, est étudiante en langues étrangères appliquées, et a l'intention de travailler dans le commerce international.

Cette grande jeune femme aux yeux bridés passe ici pour une Japonaise, une Coréenne, éventuellement une Chinoise. Elle est, ou plutôt était... kazakhe, d'origine coréenne. Bouddhiste, sa famille a obtenu le statut de réfugié politique. Les débuts ont été difficiles. Il y a d'abord eu le choc culturel, Alexandra n'avait jamais vu d'Arabes, sauf à la télé, et se retrouvait en Seine-Saint-Denis, dans un quartier où les Blancs étaient rares. Puis il a fallu comprendre le système, la Sécurité sociale, le fonctionnement de l'éducation nationale... Mais finalement, "la France (lui) a plus apporté en sept ans que le Kazakhstan en quinze ans."

Elle ne supporte pas que certains de ses amis se plaignent de leur pays, évoquent un éventuel départ pour le Canada ou Dubaï. Des "naïfs", raille-t-elle, "ils croient qu'ailleurs c'est mieux. Je leur dis : "Vous ne savez pas la chance que vous avez"."

Alexandra n'a jamais entendu parler du débat sur l'identité nationale. Pour elle, être français c'est d'abord avoir le droit de vote, et surtout "savoir que (sa) voix sera comptée" - Noursoultan Nazarbaev dirige le Kazakhstan depuis 1989, en 1990 il a été "élu" avec 98,97 % des voix.

Parfois, entre deux éclats de rire, elle s'interroge à haute voix, se demande si ses propos ne sont pas racistes, s'il y a des choses à ne pas dire. Un petit rappel sur la liberté d'expression, et elle conclut : "C'est ça, être française. Etre assise là, tranquille, boire un café, parler avec une journaliste française." Un petit silence, puis : "C'est un peu naïf, non ?"

Source : Le Monde

Au cœur de la communication politique du ministre français de l'Immigration, la statistique prétend à l'objectivité. Mais, face au très vif débat sur la politique migratoire française, la prudence s'impose. Un chiffre peut très vite être détourné de son interprétation première, voire directement instrumentalisé. A côté des chiffres officiels, reste, pour certaines associations, à prêter l'attention à ce qui justement n'est pas décompté.

La statistique est une arme politique, sur un sujet aussi polémique que la politique migratoire française. Manipulés, mis en valeur ou bien ignorés, les chiffres peuvent avoir un grand impact sur les décisions politiques. Le ministre français de l'Immigration s'est une nouvelle fois illustré à cet exercice mercredi, alors qu'il répondait aux questions de France Inter.

Liberté d'interprétation

Axe central de sa communication, le ministre a expliqué sur France Inter que la France est le pays le « plus généreux en terme de droit d'asile ». Le quotidien Libération l'a pourtant démontré dès le mois d'octobre, la France arrive deuxième au niveau des demandes d'asile, avec 22 751 demandes dans les sept premiers mois de 2009, contre 28 297 aux Etats-Unis. Le taux d'acceptation des demandes est également plus bas que plusieurs autres pays d'accueil. Avec tact, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) s'est attribué auprès de Libération ce malheureux « malentendu » dans la compréhension de ses données.

A propos des séjours de courte durée, le ministre de l'Immigration a par ailleurs affirmé au cours de l'interview que les demandes de visas étaient satisfaites au moins à 90% dans les consulats du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie, du Mali ou du Sénégal. Selon une source contactée par Afrik.com, le taux d'acceptation au consulat du Maroc serait plutôt de l'ordre de 50%. Mais on peut toujours imaginer que le ministre joue quelque peu sur les mots, en éliminant par exemple du décompte les dossiers rejetés car incomplets.

Le journaliste chargé de l'interview, Nicolas Demorand, a fait état d'un grand nombre d'appels au standard de l'émission, pour des cas de refus de visas jugés difficilement explicables. Chose étrange pour un ministre qui récuse toute accusation d'arbitraire, Eric Besson a d'ailleurs pris les coordonnées d'un auditeur souhaitant que sa belle-mère marocaine puisse rendre visite à sa famille en France.

A chaque polémique sa statistique

Les approximations chiffrées ne sont pas le seul fait du ministre. Les journalistes sont également demandeurs de statistiques, même quand l'outil de mesure n'existe pas. Eric Besson a ainsi été sommé mercredi de donner un chiffre sur le nombre de travailleurs sans-papiers concernés par la régularisation annoncée mardi. Le ministre a précisé que l'estimation de ses services, « de l'ordre du millier », était relativement « aléatoire ». Le chiffre donné a d'ailleurs été très vite corrigé : les estimations officielles sont désormais de « 500 à 1 000 » régularisations. Un chiffre basé sur une méthode de calcul des plus floues.

Les chiffres ont pris un enjeu majeur dans les débats qui tournent autour de l'immigration et de l'intégration des nouveaux Français [1]. Les polémiques lancées, au cours des dernières années, sur des sujets comme l'excision, les mariages forcés, la polygamie ou le port de la burqa vont souvent de pair avec la question de savoir combien de personnes sont concernées. Les statistiques sont alors rarement fiables, quand elles sont disponibles. Concernant les mariages forcés, par exemple, le blog « Nouvelles d'Orient » du Monde diplomatique a noté en 2007 que les statistiques officielles se basaient sur l'hypothèse que les pratiques des pays d'origine étaient perpétuées dans les mêmes proportions chez les représentants des « ethnies » concernées.

La controverse plus récente sur le port de la burqa, qui a servi de préalable au débat sur l'« identité nationale », a mené à une production statistique très politisée. Le gouvernement avait été mis en difficulté, du fait de l'accent mis par les médias sur le très faible nombre de cas recensés. Une étude des renseignements intérieurs (DCRI), révélée fin juillet par Le Monde, recensait en effet 357 femmes porteuses de la burqa. Mais Le Figaro a opportunément pu « consulter », dix jours plus tard, un « rapport confidentiel du ministère de l'Intérieur ». Le chiffre de 2 000 femmes portant la burqa est dès lors devenu une référence, utilisable dans les discours des ministres. Comme le relevait mi-novembre Afrik.com, le rapporteur de la mission parlementaire sur la burqa, Eric Raoult, n'a pas hésité de son côté à partir d'un cas unique [2] pour dépeindre des banlieues de métropoles peuplées de petites filles de six ans habillées d'une burqa.

Les bons comptes font les bons amis

Sur le plan général de l'immigration, la plus importante des statistiques manque : personne n'est capable de dénombrer les sans-papiers en France. Les estimations varient facilement du simple au double, généralement entre 200 000 et 400 000 individus. Ce qui n'a pas par exemple empêché le prédécesseur d'Eric Besson au ministère de l'Immigration, Brice Hortefeux, d'annoncer en 2008 une baisse de l'immigration clandestine d'« environ 6% ».

Il est intéressant de noter que, dans son interview à France Inter, Eric Besson a annoncé la création d'un outil statistique pour le nombre annuels de régularisations. Le ministère en reste dans ce domaine à un agrégat « empirique », tout en pouvant par contre annoncer de façon précise le nombre d'expulsions. Un outil statistique utile à la politique gouvernementale, puisque l'objectif de 27 000 expulsions pour l'année 2009 est la vitrine du ministère de l'Immigration.

Chaque outil statistique possède donc une forte charge politique. Le réseau Migreurop milite à l'inverse pour un décompte du nombre de décès chez les migrants dans leur tentative de rallier l'Europe. Une statistique qui vise à dénoncer les dégâts des politiques actuelles de lutte contre l'immigration clandestine. Les méthodes de calcul sont approximatives, mais l'organisation pense pouvoir affirmer que plusieurs dizaines de milliers de clandestins ont trouvé la mort au cours des dix dernières années pour rallier l'Europe.

Source : AFRIK.com

Trois mille habitants de la ville lombarde de Coccaglio (Italie) ont manifesté samedi pour protester contre la décision de leur maire d'organiser un "Noël blanc", une opération consistant à recenser tous les étrangers de sa commune et à dénoncer aux autorités ceux qui sont clandestins.

Le cortège intitulé "United colours of Christmas" a défilé dans une ambiance tendue dans les rues désertes, devant des bars et commerces fermés, la plupart des habitants restant enfermés chez eux a rapporté l'agence de presse italienne Ansa. Elu du parti anti-immigrés de la Ligue du Nord, le maire de la ville de 8.000 habitants, Franco Claretti, a lancé l'opération "Noël blanc" pour recenser d'ici Noël tous les étrangers résidant sur sa commune et dénoncer à la préfecture les clandestins et ceux dont le permis de séjour est arrivé à échéance. Cette initiative a suscité la réprobation du Vatican. "Cette idée de rapprocher Noël et une réalité difficile qui touche des êtres humains est une chose douloureuse", a déclaré le président du Conseil pontifical pour les migrants, Mgr Antonio Maria Veglio. En revanche, le maire de Coccaglio a reçu le soutien du ministre de l'Intérieur Roberto Maroni: "Bravo, tu es un exemple pour tous les maires d'Italie". MM. Maroni et Claretti appartiennent tous les deux à la Ligue du Nord, qui fait partie du gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi. (NEV)

Source : Le Vif.be

Selon le député Maurizio Fugatti, «les ressources sont ce qu'elles sont et, avant tout, nous devons nous occuper des citoyens italiens. D'accord pour payer le chômage aux citoyens non-européens, mais pour une durée limitée à 6 mois. S'il n'y a pas de travail pour les Italiens, il n'y en a pour personne. Nous devons d'abord penser aux nôtres.»

Les réactions ne se sont pas fait attendre : «Cet amendement  est inconstitutionnel et je suis persuadé que la chambre (des députés) le jugera inadmissible» a déclaré le chef du Parti Démocrate Sesa Amici. «Ce sont des propositions racistes infondées, qui n'ont pas lieu d'être». Pour le sénateur Paolo Nerozzi,  «la proposition de la Lega est une nouvelle forme de loi raciale dans le monde du travail».

La proposition laisse également perplexe jusque dans le gouvernement de Silvio Berlusconi.

Source : F.Desouche

L'imbrication des cultures française et nord-africaine est ancienne, et perdure, comme en témoigne le foisonnement de spectacles musicaux présentés en France, en cette fin d'année. On jugera de leur contenu à la lueur d'une exposition, "Générations, un siècle d'histoire culturelle des Maghrébins en France", présentée à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI), à la porte Dorée, à Paris.

"Générations" butine dans ces violences et ces drôleries d'une histoire croisée et tisse un fil historique efficace, de l'émir Abd El-Kader, l'un des fondateurs de l'identité nationale algérienne au XIXe siècle, jusqu'à 2001, date à laquelle le collectif artistique Les Motivés, issu du groupe Zebda, présenta une liste aux élections municipales à Toulouse.

L'Algérie tombe sous l'autorité de la France en 1830, la Tunisie en 1881 et le Maroc en 1912. En 1889, l'Exposition universelle, à Paris, propose un concert marocain, dirigé par Sidi Sadia, bientôt en tournée dans toute la France : "Réveil du harem, déjeuner des odalisques servi par l'eunuque Abdalah", avec danse du ventre, évidemment. L'affiche est sans équivoque.

Pendant la guerre de 1914-1918, 300 000 soldats originaires du Maghreb servent les couleurs françaises, 130 000 travaillent dans les usines et les champs. Chéchias sur la tête, les ouvriers de l'usine gazière de Paris s'empoignent aux dominos et jouent de la flûte paysanne à l'heure de la pause. La photo exposée, tirée des Archives nationales, les montre apaisés.

Puis voici l'entre-deux-guerres : Jean Gabin dans la Casbah d'Alger pour Pépé le Moko, le film de Julien Duvivier (1937) ; les quatre frères Amar, dompteurs, des Kabyles fondateurs de la dynastie du cirque français du même nom ; Mahieddine Bachtarzi (1897-1986), le "Caruso du désert", qui dirigea le Conservatoire de musique d'Alger à l'indépendance.

Les deux commissaires, Driss El-Yazami et Naïma Yahi, ont choisi d'évoquer largement la guerre d'Algérie (1954-1962) et ses turbulences par des films, des documents audiovisuels, des revues, des photos, et d'en rappeler les figures héroïques et les penseurs, dont Albert Camus, affiché en "une" du Paris Match du 16 janvier 1960, juste après sa mort.

Largement présente dans "Générations", où l'on trouvera de succulents Scopitone (les ancêtres du clip vidéo), la musique tint un rôle central dans la fondation d'une identité chez les travailleurs émigrés maghrébins, soudés par les valeurs de l'exil : résistance aux affronts ordinaires, vague à l'âme et mal du pays.

Conceptrice de l'exposition, l'association Génériques, créée en 1987 afin de préserver la mémoire des migrants en France, avait édité fin 2008 un coffret de trois CD, Hna Lghorba (Nous sommes l'exil), tiré des archives de Pathé-Marconi (EMI) et qui sert en partie de bande sonore à l'exposition.

Dans ces délices concoctées parfois après le travail en usine dans la moiteur des cafés, édités avec trois francs six sous par les ouvriers nord-africains, on entendait aussi des femmes, telles la future star Warda, Noura, chroniqueuse des déchirements et des translations, ou la Judéo-Arabe Line Monty, revenue à Paris après l'indépendance de l'Algérie en 1962. Des beautés parfois photographiées dans les studios Harcourt.

"Avant, la seule consolation, c'était aller dans les cafés écouter les chanteurs, regarder les Scopitone. On mettait une pièce dans l'appareil et on rêvait du retour au pays", raconte le compositeur kabyle Kamal Hamadi, 74 ans, invité le 5 décembre à chanter à la CNHI. "Maintenant, les gens habitent en famille, ils sont moins malheureux qu'auparavant. Pour écouter leurs artistes, ils peuvent aller dans des grandes salles comme l'Olympia, et puis il y a la télévision, Internet..."

Venues de là-bas, ou créées ici, ces musiques ont toujours l'histoire pour toile de fond. "Notre présence sur la scène musicale aujourd'hui, c'est quelque chose que l'on doit à cette génération d'immigrés, qui se sont mis à créer de la musique par nécessité, pour retrouver un univers familier", précise Amazigh Kateb, né près d'Alger en 1972, et fils de l'écrivain et dramaturge Kateb Yacine (1929-1989), avec qui il est arrivé en France en 1988.

Ex-leader de Gnawa Diffusion, il a lancé son nouvel album, Marchez Noir (Iris Music/Harmonia Mundi), le 17 octobre dans un bar de Ménilmontant, à Paris, en hommage aux victimes de la manifestation du 17 octobre 1961.

Cette mémoire vive n'entraîne aucun passéisme. Loin de la problématique de l'exil, "les immigrés de la deuxième et ceux de la troisième génération, nés en France, se sont mélangés, dit Amazigh Kateb. Ils ont créé des mix comme le raï'n'b (raï et rhythm'n'blues), ou le hip-hop maghrébin. C'est un besoin de réidentifier notre identité, mais dans la peau de la jeunesse, pas dans celle de nos parents."

En 1956, Kateb Yacine écrivait un roman devenu culte, Nedjma, en français. "Il s'agissait de montrer en français que l'Algérie n'était pas française", l'entend-on dire dans "Générations", qui détaille cette identité "contre", mais se clôt au seuil de la période actuelle, résumée à une prudente et succincte présentation des héros positifs : Zidane, les chanteurs Karim Kacel ou Rachid Taha, le cinéaste Rabah Ameur Zaïmeche, l'académicienne Asia Djebar. Point de traces des malaises existants - ni banlieue sinistrée, ni Marseillaise sifflée.

"Générations" regorge de bonnes idées et de pistes à suivre - musique, cinéma, peinture, photographie, littérature, BD -, souvent traitées par le biais de vidéos et d'affiches, les deux béquilles des institutions sans moyens financiers. Le passionnant catalogue dresse par exemple un inventaire intelligent des peintres - du Tunisien Yahia Turqui (1903-1969) au Français Djamel Tatah, né en 1959, en passant par la Kabyle Baya (1931-1998), qui subjugua André Breton dès 1947. Mais, ces peintres, on ne peut les voir porte Dorée.

Source : Le Monde

Pour ou contre "contrôler l'immigration" ? Voici condensés, les termes d'un débat lancinant où dominent plus souvent peurs et fantasmes que réalisme. Ce débat, Hervé Le Bras, directeur d'études à l'EHESS et à l'INED, et Gérard-François Dumont, recteur et professeur à l'université de Paris-Sorbonne le retracent, avec dans le rôle du modérateur le premier, et dans celui du contradicteur, presque caricatural, le second.

Se devant d'assurer la sécurité sur son territoire, tout Etat est amené à contrôler les flux migratoires : ignorer cela, c'est ni plus ni moins, pour Gérard-François Dumont, tomber dans le "sophisme internationaliste", "compassionnel" ou "libertarien", et exposer les pays du Nord à l'"invasion ". Une "invasion migratoire" de "bons sauvages à la Rousseau" qui, en raison de leur volume et de leur méconnaissance des lois du pays d'accueil, soutient le recteur, imposeraient des "moyens de sécurité considérablement augmentés".

Sans nier que le contrôle de l'immigration soit une tâche régalienne, le sujet appelle au réalisme. "L'illusion d'avoir prise sur les migrations règne autant chez ceux qui veulent les limiter que chez ceux qui veulent les encourager", relève Hervé Le Bras. Sur le marché mondialisé de l'intelligence, des politiques européennes de "migration choisie" ont-elles de fait un sens ? Aujourd'hui, "ce ne sont plus les pays d'arrivée qui choisissent, mais les migrants hautement qualifiés qui décident de leur destination ", observe le démographe qui relève qu'en termes de qualification des migrants, selon l'OCDE, la France se situe en queue de peloton, tandis que la Canada, l'Australie, l'Irlande, l'Angleterre et les pays nordiques caracolent en tête.

Reste que dans le choix des migrants, interviennent de toute évidence la langue, la durée de séjour mais aussi le climat général d'hospitalité à leur égard. Climat sur lequel, en France, observe Hervé Le Bras, pèse la priorité donnée à la "chasse aux sans-papiers".

La vraie question, relève le démographe, "n'est pas de raffiner les modes de contrôle d'une migration considérée comme un phénomène anormal, mais d'encadrer un phénomène normal, la libre circulation des humains et leur libre établissement, sans altérer profondément le rôle protecteur des Etats".

Source : Le Monde

Le noir est charbonneux, le blanc éblouissant. L'image est abîmée, parfois striée. Assise sur un lit, dans des draps blancs froissés, une femme rejette ses cheveux en arrière, au ralenti. Image de rêve ? On comprendra plus tard que c'est celle d'un fantôme, le fantôme d'une femme française, retrouvée morte au pied d'une voiture, sauvagement assassinée.

D'abord, le film nous embarque sur le quai d'un paquebot, l'Avenir, qui transporte des Tunisiens jusqu'au Port autonome de Marseille. Nous sommes en 1969. La plupart font le voyage pour trouver du travail. Pas celui dont on entend la voix, en off : lui vient rendre visite à son frère, incarcéré à Paris, accusé d'un crime qu'il nie avoir commis.

Sur le bateau, l'homme ébauche mentalement le brouillon d'une lettre qu'il voudrait lui écrire. Mais il n'a jamais rédigé de lettres personnelles. Comment exprimer des sentiments intimes ? Alors pendant toute la durée du film, il ressasse, change de registre, s'interroge. Il raconte son voyage, parle de la famille, de l'impression qu'il a de ne plus connaître son frère, depuis que celui-ci vit en France...

Avant de monter dans le train pour Paris, le jeune homme reste quelques jours à Marseille, hume l'air de la ville, s'installe dans une chambre d'hôtel spartiate, entend fuser des propos racistes ordinaires... Il passe un après-midi chez un cousin, où il perçoit le déracinement de ces immigrés déjà coupés de leurs enfants nés sur place.

Rien de misérabiliste ici - le déjeuner est joyeux -, rien de trop explicite non plus : des bribes de phrases, des sensations, montées ensemble comme dans un rêve, des images mentales étranges, qui s'insèrent entre deux plans documentaires. Sur le mode du dérèglement sensoriel, du brouillage identitaire vertigineux, l'expérience de l'immigré est restituée ici comme une expérience de l'étrangeté absolue. Conduit à ruser avec des règles qui le limitent en tout, comme les barreaux d'une prison mentale, il en vient à se penser lui-même suspect. Ses certitudes vacillent.

"PAS POLITIQUE"

Après tout, peut-être son frère l'a-t-il bien tuée cette femme "trop blanche", "trop riche", cette femme "qui n'était pas pour lui", comme le pense leur cousin. L'immigration comme perte de l'innocence, telle est la toile de fond de ce film magnifique, qui n'assène aucun message. Et c'est bien ce qui lui fut reproché.

Réalisé, en 1969, par Marc Scialom, un jeune apprenti cinéaste d'origine juive tunisienne, avec le soutien de Chris Marker qui lui a prêté du matériel, c'est un film inachevé. La version qui ressort mercredi en salles est une maquette, conçue par l'auteur dans l'espoir de convaincre un producteur de financer le film. Mais l'accueil que lui ont fait les amis de Chris Marker lui a coupé les ailes. "Pas politique", lui a-t-on asséné, ce qui revenait, dans le contexte de l'époque, à une condamnation sans appel.

Malgré le soutien de Jean Rouch, qui a salué "un des rares films surréalistes de l'histoire du cinéma", le jeune cinéaste l'a enterré et n'a pas tardé à abandonner le cinéma pour se consacrer à l'enseignement. C'est à sa fille, Chloé Scialom, qu'il doit d'avoir exhumé cette copie de travail, et à l'association marseillaise Film Flamme de l'avoir restaurée.

Lettre à la prison n'est pas un film militant, mais c'est un film politique, visionnaire, dont le sens s'est intensifié avec les années. La liberté de son écriture, la poésie de son montage le distinguent radicalement des films engagés des années 1970 dont la plupart ne peuvent plus s'apprécier autrement que replacés dans le contexte de leur époque.

A l'heure où "l'identité nationale" envahit le débat public, ce film réalisé par un immigré tunisien de culture juive sur un immigré tunisien de culture musulmane pose des questions essentielles, avec l'intelligence et le regard d'un grand artiste.

Source : Le Monde

Le cinéma marocain sera à l'honneur lors de l'édition 2009 du festival du film africain de Londres, qui se tient du 26 novembre au 3 décembre.

Quatre films marocains :"Oud Lward" de Lahcen Zinoune, "les Cœurs brûlés", "Transes" et "Alyam Alyam" d'Ahmed El Maanouni, seront projetés lors de cette édition, parmi 11 réalisations représentant différents pays africains.

La participation des films marocains à cette édition trouve son explication dans la place de choix qu'occupe le cinéma marocain sur l'échiquier du septième art africain, indiquent les organisateurs, relevant que le choix porté sur trois œuvres du cinéaste marocain El Maanouni s'impose par l'impact que ces réalisations sur l'histoire du cinéma marocain.

Les œuvres du cinéaste traduisent d'une manière pertinente le vécu marocain et reflètent la diversité et la profondeur culturelle qui caractérisent le Maroc, indiquent-ils.

Outre la projection de films, le festival prévoit l'organisation d'une conférence sur la production et la distribution du film africain à l'ère numérique.

Le festival est organisé avec le concours de l'Université de Westminster, l'African Movie Academy Awards, la fondation du festival du film de Londres et le conseil britannique du film.

Le festival du film africain de Londres, lancé en 1991, vise à faire connaître le cinéma africain en Grande-Bretagne.

Source : MAP

Le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine à l'étranger, M. Mohamed Ameur, effectuera du 30 novembre au 3 décembre prochain une visite à Copenhague (Danemark), a annoncé jeudi un communiqué de son département.

Au cours de cette visite, M. Ameur rencontrera les membres de la communauté marocaine établie au Danemark et aura des entretiens avec les autorités de ce pays, indique le communiqué, soulignant que ce déplacement s'inscrit dans le cadre des efforts visant le renforcement des relations de coopération entre le Maroc et les pays d'accueil de la communauté marocaine et l'échange de vues pour une meilleure gestion des affaires de cette communauté.

Inscrite dans le cadre des contacts réguliers menés par le ministre avec les membres de la communauté marocaine établie à l'étranger et dans le cadre de la mise en œuvre du programme gouvernemental en faveur des MRE, cette visite vise aussi l'examen des opportunités d'établir des partenariats avec les acteurs associatifs dans les domaines social et culturel, indique le communiqué.

Cette visite sera également l'occasion pour nouer des contacts avec des opérateurs économiques et pour expliquer les efforts du Maroc en faveur des Marocains établis à l'étranger concernant les opportunités d'investissement dans le Royaume.

Elle constituera aussi une occasion pour mobiliser les Marocains du Monde et les sensibiliser à leur rôle dans le processus de développement de leur pays.

Source : MAP

L'actualité politique en Espagne est dominée ce jeudi par l'approbation par le Parlement, de la nouvelle Loi sur les étrangers. Le texte de cette Loi, qui en est à sa quatrième réforme avait été approuvé en juin dernier par le gouvernement et en fin octobre par le Congrès des députés (Chambre basse). Durant la semaine, le Sénat aussi a donné son aval.

L'hémicycle a donné son feu vert après un vote de 180 voix pour, 163 contre et 3 abstentions. Le soutien du PSOE, des Catalans de Convergence et Union (CiU) ainsi que de la Coalition canarienne a été déterminant pour l'adoption de la Loi.

La période de rétention par la police des immigrants irréguliers, interceptés à leur arrivée dans le pays est passé désormais de 40 à 6O jours. Une mesure critiquée par les associations d'immigrés et par la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR). Selon cet organisme, la Loi sur les étrangers est un « échec majeur » et avec elle, il sera difficile de « construire une société capable d'intégrer les immigrants ». De même, l'organisation Caritas a exprimé sa préoccupation concernant la Loi, qui contient selon elle, des restrictions importantes qui affecteront gravement les immigrés vivant en Espagne.

Concernant le regroupement familial, désormais, les étrangers résidant légalement en Espagne pendant au moins cinq ans peuvent faire venir leurs proches mineurs ou des personnes majeures souffrant d'un handicap. De même, ils pourront faire venir leurs parents âgés au minimum de 65 ans à condition qu'ils aient des raisons justifiant la nécessité d'autoriser leur séjour en Espagne. D'après Reuters, au moment où les parlementaires débattaient, plus de 50 représentants d'ONG étaient réuni en dehors du bâtiment, pour dire non à une loi décrite par eux comme « inhumaine ».

Toutefois, la Loi ainsi adoptée a des nouveautés comme la protection pour les femmes migrantes victimes de violence, la possibilité pour les ONG et autres entités privées, d'assumer la tutelle des mineurs étrangers non accompagnés, la reconnaissance des droits de réunion, de manifestation, d'association, le droit à l'éducation jusqu'à 18 ans et l'assistance juridique gratuite. La nouvelle Loi renforcera également les compétences des régions autonomes. Ces dernières pourront délivrer des permis initiaux travail ou de résidence sur leur territoire.

L'Espagne a enregistré 4,5 millions d'étrangers en 2009 contre 800 000 dix ans plutôt. Même si la crise économique a diminué l'arrivée des migrants non qualifiés, le pays est décidé à diminuer les flux migratoires. Pour le ministre du Travail et de l'Immigration, Celestino Corbacho, cité par EFE, « l'Espagne a deux défis: opter pour l'immigration régulière et légale, et prendre un engagement ferme pour un projet d'intégration ». Selon lui, la Loi « corrige des facteurs discriminatoires envers les étrangers ».

Source : Yabiladi

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