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L'organisation du culte musulman en droit français - David Senat - France

mercredi, 20 mai 2009
  • Evoquer l'organisation du culte musulman en droit français quand on est un responsable public est à la fois une anomalie, une nécessité et une difficulté.
  • Une anomalie apparente dans un cadre juridique de laïcité, pour lequel l'Etat doit adopter une posture de neutralité certes bienveillante, mais de neutralité à l'égard des cultes et de leur organisation interne.
  • Nécessité, en raison de l'importance du fait islamique au sein de la société française qui comprend quelques cinq millions de musulmans sur son sol et qui a des liens privilégiés avec de grands pays de culture musulmane.
  • Difficulté, car la mise en place d'une institution représentative de la religion musulmane se fait en l'absence de tradition de ce culte en matière d'organisation centralisée.
  • Difficulté aussi parce que cette organisation n'est jamais sans réveiller des représentations symboliques liées au fait colonial ou à des images caricaturales de l'Islam.
  • Difficulté encore car l'institutionnalisation de l'Islam n'est pas sans soulever des interrogations politiques et diplomatiques bilatérales ou multilatérales.
  • Difficulté enfin, liée à l'inévitable comparaison de l'organisation juridique des différents cultes, qui se fait au détriment de l'Islam, souvent au mépris de toute mise en perspective historique.
  • Et pourtant, le culte musulman dispose aujourd'hui d'une organisation dans le cadre du droit français. Cette organisation est récente, portée par les pouvoirs publics dans le cadre de la promotion de la liberté religieuse.$

 

1) Une organisation récente et portée par les pouvoirs publics dans le cadre de la promotion de la liberté religieuse

Cette organisation repose sur des principes libéraux (A), qui sont mis en œuvre par l'Etat (B).

 

A) Les principes libéraux

- Le principe de la liberté religieuse et son statut juridique constitutionnel (article 1er de la Constitution, article 10 de la DDHC) et conventionnel (article 12 de la CEDH).

 

- Il ne s'agit plus pour l'Etat de se contenter d'une posture de neutralité et d'équidistance, mais de contribuer à la mise en œuvre effective de la liberté du culte et notamment d'aider les religions à s'organiser et à se structurer dans le cadre du droit français. L'aide apportée par l'Etat à l'institutionnalisation du culte musulman en France s'inscrit donc dans un cadre déjà ancien de laicité positive.

 

- La nécessité de donner au culte musulman un organe de représentation auprès des pouvoirs publics et d'organisation interne à l'instar des autres cultes (Consistoire central israélite, Conférence des Evêques de France, Fédération protestante de France, Assemblée des Evêques orthodoxes de France).

 

- Il s'agit d'assurer au culte musulman une égalité de traitement avec les autres cultes ;

  • Répondre au besoin prioritaire de dialogue entre les fidèles musulmans et les pouvoirs publics.
  • Faciliter le dialogue interne, entre les différentes écoles de pensée musulmane
  • Mission d'information et de formation sur le culte musulman.
  • Trouver des solutions qui répondent aux attentes des fidèles tout en s'inscrivant dans le cadre des règles de droit en vigueur
  • Ces principes de liberté supposent l'intervention de l'Etat. Elle n'est plus exclusive de la neutralité. L'Etat est au service de tous les cultes et notamment pour aider à leur organisation. L'Histoire l'a démontrée.

 

B) Une démarche portée par les pouvoirs publics: les étapes de l'institutionnalisation

 

Les étapes du processus vertical descendant

  • 6 Novembre 1989 : mise en place d'un groupe de 6 personnalités musulmanes pour impulser une dynamique de regroupement de l'Islam de France, puis création du CORIF (Conseil de réflexion sur l'Islam en France).
  • 1993: échec de la CNMF et du CCIF.
  • 2/11/1999 JP Chevènement convie les fédérations et les mosquées choisies à participer à «l'Istichara»
  • 28 janvier 2000 : première réunion plénière
  • 22 mai 2001 : accord cadre. Désignation de la représentation du culte musulman
  • par une démarche transparente et démocratique,
  • sur une base cultuelle, à partir des édifices du culte musulman,
  • doté de statuts définitifs sous forme d'association relevant de la loi 1901.
  • 20 décembre 2002 : accord de Nainville-les-Roches en présence du ministre N. Sarkozy
  • Printemps 2003 puis 2005 : élection du recteur Boubakeur (GMP) à la présidence du CFCM après accord préalable entre les parties
  • 8 et 22 juin 2008 : élection de M. Mohammed Moussaoui (RMF) à la présidence du CFCM à l'issue d'un processus long et complexe sans accord préalable au scrutin entre les parties.

 

L'organisation institutionnelle du culte musulman repose donc sur une logique et une légitimité élective, un statut de droit privé et des structures centralisées et territorialisées.

 

 

 

2) Une organisation reposant sur des organes nationaux et régionaux en voie de consolidation

 

A) Une représentation nationale et régionale: le CFCM et les CRCM

 

  • Les 22 régions administratives, 3 régions en Ile de France, l'Ile de La Réunion.

 

  • Un système de désignation de leurs représentants reposant sur système électoral qui :
  • repose à la fois sur un seul scrutin de liste et un mode de désignation à la proportionnelle au plus fort reste,
  • Et sur la cooptation qui permet de garantir la représentation de personnes qui ne le sont pas par la voie électorale dont de cinq femmes

 

 

Un système de répartition des compétences

  • Géographique :
    • le CFCM est compétent au niveau national,
    • les CRCM au niveau régional.
  • Fonctionnelle :
    • le CFCM est chargé des questions de principe,
    • Les CRCM de gérer les questions qui se posent dans leur région

     

    Un organigramme à l'échelon national et régional sur un même schéma :

     

    - L'assemblée générale :

    • CFCM : composée de 152 personnes
    • CRCM : de 20 à 500 délégués par région choisis par les associations gestionnaires du culte

     

    - Le conseil d'administration :

    • CFCM : composée de 58 personnes
      • 41 élus des régions
      • 12 représentants des 7 fédérations membres de la Consultation
      • 5 représentants des cinq mosquées membres de la Consultation CRCM : De 5 à 55 élus par région choisis par les associations gestionnaires du culte
      • Des personnalités cooptées au maximum 10 % du conseil d'administration et choisies par le conseil d'administration1.038 lieux de cultes ont participé aux élections en 2008 représentant 5.232 délégués

     

    - Le bureau exécutif

    • de 11 à 17 membres pour le CFCM (17 membres en 2008)
    • de 5 à 12 membres pour les CRCM
    • Il se réunit en sessions ordinaires ou extraordinaires
    • prend ses décisions à la majorité
    • 2/3 dans le CFCM
    • 4/5e dans les CRCM

     

       

       

      B) Une organisation en voie de consolidation

       

      1) Une émancipation certaine: la cas des élections des 8 et 22 Juin 2008

      Les élections ont été organisées avec l'aide et le soutien matériel de l'Etat. Les élections ont néanmoins

       

       

      2) Un investissement sur le fond: l'appréhension des dossiers de fond du culte musulman

      - La mise en place des aumôneries;

      - l'abattage rituel et son évolution;

      - le dialogue interreligieux;

      - la formation des cadres;

      - le fonctionnement concret du culte dans le cadre des groupes de travail sur les aspects institutionnels et immobiliers du culte;

       

      3) Les principales critiques et leurs réponses

      - un CFCM absent de la scène médiatico-politique ?

      - les influences étrangères;

       

       

      Conclusion : les risques

      - l'éclatement des différentes composantes ;

      - l'absence de représentation de toutes les sensibilités

      - le glissement vers une représentation laïque (Rassemblement pour l'Islam de France de Soheib Bencheich, conseil Français des cultes musulmans laïques, convention laïque pour l'Egalité des droits (CEE), le Mouvement des Musulmans Laïque de France (MMLF), coordination des musulmans démocrates (CMD) présidé par Abderrahmane Dahmane

       

       

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