Il y a trente ans des jeunes maghrébins nés en France passaient de l'invisibilité à la visibilité politique. Nous sommes en 1983, deux années plus tôt, la France élisait François Mitterrand, le premier président socialiste de la Cinquième République. Tous les espoirs étaient permis.
« Il y a eu un avant et un après » cette marche pour l'égalité des droits, nous explique le sénateur socialiste M.David Assouline qui poursuit qu'il y a eu « une entrée en scène générale » de cette entité maghrébine jusque-là invisible « dans la société française ».
Il s'agit d'un « acquis » incontestable pour M.Assouline, car la marche a permis à des milliers de citoyens qui se sont regroupés au sein d'associations jusque-là inexistantes, de prendre conscience de leurs droits et de les revendiquer.
Bien que tous les problèmes liés au rejet, à l'intolérance et au racisme, n'aient pas été réglés, ce qui importe estime le sénateur socialiste est que cette catégorie de la population française ait « émergé ».
L'objectif de ces milliers de jeunes a aussi consisté aussi à prendre la parole, pour la première fois, au nom de leurs parents jusque-là uniquement perçus comme une main-d'œuvre. Eux, affirmaient être partie intégrante de cette France devenue leur patrie. Mais ils revendiquaient des droits pour ces taiseux qu'étaient leurs parents.
Droits obtenus d'ailleurs grâce à ce combat inédit : l'obtention de la carte séjour d'une durée de dix ans pour des parents déplacés - à l'origine - pour des besoins économiques.
Si de nombreux problèmes persistent encore aujourd'hui, cet automne 1983 a changé la marche de l'histoire de ces jeunes français d'origine maghrébine. Mais aussi de la France.