Hicham Chakib fait partie de ces comédiens pour qui la scène est un espace de vie. Pour ne pas dire de survie. Le jeune franco-marocain qui est le 12 mars 2014 sur les planches du théâtre Mohamed V en partenariat avec le Conseil de la communité marocaine à l'étranger (CCME) pour jouer « Le Funambule » de Jean Genet, parce que, nous dit-il : «c’est un texte qui m’a tout de suite interpellé, car il raconte finalement les difficultés de l’artiste à créer, à produire et à communiquer avec les autres », est un passionné de la scène. Lors de la XXème édition du salon du livre Hicham Chakib a animé les ateliers jeunesse du CCME tout au long de l’évènement. Avec pour finalité, explique ce lauréat de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Rabat et d’un D.E.A Arts et Langages à l’Université de Toulouse le Mirail, ville où il réside «la découverte de soi à travers le plaisir du jeu».
Car, pour Hicham Chakib « le théâtre est un outil extraordinaire pour libérer la parole et dénouer certaines crispations identitaires ». S’il parle de crispations identitaires c’est justement parce que lors des ateliers jeunesse qu’il a animés, il affirme avoir tenté de permettre « aux jeunes marocains et africains qui y ont participé de s’inscrire dans une relation de confiance ». Une confiance qui a été » la base de notre travail » affirme l’artiste.
« J’ai souvent l’occasion de mettre en place des ateliers théâtre en direction des jeunes pour les aider à mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent ou plus exactement à mieux se comprendre et s’accepter, donc accepter l’autre avec ses différences, ses forces et ses défaillances » insiste ce …captif amoureux de ce théâtre dont Victor Hugo disait qu’il "est un point d'optique. Tout ce qui existe dans le monde, dans l'histoire, dans la vie, dans l'homme, tout doit et peut s'y réfléchir, mais sous la baguette magique de l'art."
Pour reprendre Hugo, l’on peut affirmer que "le chef d’orchestre" de ces ateliers a permis de nombreux jeunes d’exister et de vivre à travers la prise de parole grâce au théâtre. « Nous avons pu aborder de façon ludique les thèmes de l’immigration, la citoyenneté, l’autre, l’ailleurs comment je suis perçu et comment je perçois l’autre. Il s’agit pour nous de contrôler ses gestes, de maîtriser ses paroles, de s’exprimer en public mais aussi de développer la qualité d’écoute et de concentration et d’observation en mettant le jeune en situation de public et de comédien tour à tour mais aussi en lui montrant combien son action dépend de la cohésion qui s’installe dans le groupe qui agit » nous explique Hicham Chakib.
Il ne suffit pas d’être passionné pour faire du théâtre…Et Hicham Chakib en est conscient. De là sans doute le choix du « Funambule », le texte le plus sensible et personnel de Genet qui tout en parlant de son "moi" évoque "les difficultés de l’artiste à créer, à produire et à communiquer avec les autres, Genet en parlant dans ce texte, à l’artiste, il se parle à lui-même (…) C’est un texte puissant, poétiquement fort qui m’a, d’entrée de jeu lancé, un défi : comment le servir sans le dénaturer, sans en faire trop ? Ou plus exactement comment s’effacer derrière ce beau texte, qui est un chant d’amour, tout en étant présent ? J’ai accepté le défi» affirme le jeune comédien.
Bio express
Lauréat de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique, Rabat.
D.E.A Arts et Langages à l’Université de Toulouse le Mirail.
Professeur d’Enseignement Artistique
Chargé de cours à l’Université Toulouse le Mirail
Comédien et metteur en scène, dirige la compagnie l’Instant Théâtre et se produit en France et à l’International.
Dernières créations : Le Funambule de Jean Genet et Lettres à un jeune poète de J.M. Rilke, tournée en Allemagne, en France et au Maroc.
Initiateur et concepteurs de projets culturels, parmi les plus importants:
Rencontres des improvisations théâtrales, Sharjah, Emirats Arabes Unis, janvier 2014
Festival des pièces théâtrales courtes, Sharjah, Emirats Arabes Unis, juin 2012
Paroles en Oriental, rencontres autour de la parole, Région de l’Oriental(Maroc)et Toulouse(France), mai 2013
La Rédaction du CCME
