jeudi 28 novembre 2024 05:02

USA : L’immigration, terrain délicat pour Mitt Romney

La situation de l’immigration était, mercredi 3 octobre au soir, au menu du premier débat télévisé entre les deux candidats à la Maison-Blanche consacré aux sujets économiques et sociaux.

Depuis le retrait de la scène de George W. Bush, ancien gouverneur de l’État frontalier du Texas, les républicains sont face à un casse-tête politico-mathématique : peuvent-ils gagner une élection présidentielle en tapant à bras raccourcis sur les Hispaniques, qui constituent depuis le tournant du siècle la première minorité du pays, devant les Afro-Américains ?

Plus de 16 % de la population américaine a ses origines au sud du Rio Grande, une part grandissante, et si tous ne sont pas citoyens américains, donc pas électeurs, si leur taux de participation n’est guère élevé, ils pèsent néanmoins de plus en plus dans les urnes. En 2012, les Hispaniques devraient représenter 9 % de l’électorat à l’échelle nationale, mais bien plus dans certains états clés – comme le Nevada (14 %) ou le Colorado (12 %) – qu’ils peuvent contribuer à faire tomber dans un camp ou dans l’autre.

« La réponse est l’auto-expulsion »

Depuis les années 1990, et plus encore depuis que les difficultés économiques frappent l’Amérique, les républicains ont adopté un ton très dur contre les immigrants, symbolisé par une loi promulguée en 2010 en Arizona. Cet État voisin du Mexique a notamment décidé de permettre aux policiers de vérifier le statut migratoire de toute personne, même sans motif, et d’interdire aux sans-papiers de rechercher un emploi.

« Délit de faciès », s’alarment ses opposants. « Un modèle pour la nation », répond Mitt Romney, qui n’a cessé, pendant les primaires républicaines, de glisser vers la droite sur ce terrain. « La réponse est l’auto-expulsion, a-t-il déclaré début 2012, lors d’un débat entre prétendants à l’investiture républicaine. Elle se produit quand les gens décident qu’ils s’en sortiront mieux en rentrant chez eux, parce qu’ils ne peuvent pas trouver de travail ici faute de papiers. »

Romney n’annulera pas les permis de travail

Moralité : le candidat républicain a aujourd’hui un problème de taille avec la première minorité américaine. Moins d’un Hispanique sur quatre semble disposé à voter pour lui, en chute libre par rapport à John McCain (31 %) en 2008 et George W. Bush (40 %) en 2004.

Pourtant, les Hispaniques n’ont pas obtenu la réforme migratoire promise par Barack Obama et doivent eux aussi se débattre dans une situation économique compliquée – ils doivent faire face à un taux de chômage de 10 %, supérieur à la moyenne nationale (8,1 %). En outre, ils partagent par ailleurs avec les républicains certaines valeurs, comme l’importance de la famille ou de la religion, qui pourraient leur faire déserter le camp démocrate. Mais le ton agressif de ces dernières années, adopté désormais par Mitt Romney, a refroidi leurs ardeurs.

Mitt Romney a donc profité de son passage dans l’Ouest, à l’occasion du débat de mercredi à Denver, dans le Colorado, pour tenter d’améliorer son image. Dans un entretien publié mardi par le Denver Post, il a annoncé qu’il n’annulerait pas les permis de travail de deux ans attribués à certains sans-papiers par l’administration Obama depuis cet été. « Je ne vais pas leur retirer une chose qu’ils ont achetée », a-t-il justifié, rompant un silence embarrassant depuis l’annonce faite par la Maison-Blanche.

3/10/2012, GILLES BIASSETTE

Source : La Croix

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