Un certain nombre de supérettes de la chaîne Albert Heijn (AH) et Servex se trouvant dans les gares des chemins de fer néerlandais ont mis les personnes d'origine marocaine sur leur liste noire de recrutement, selon une information du quotidien Algemeen Dagblad (AD) de Rotterdam. Les « AH To Go » sont des petites épiceries situées dans les gares de train à travers les Pays-Bas. On peut y acheter un sandwich, une salade, ainsi que les fournitures essentielles. D'après le journal AD, l'expression « Pas de Marocains » était écrite en caractères gras sur des consignes de recrutement, qui on été envoyés par courriel à 31 boutiques AH To Go le 4 juin. Un second e-mail contenant la mention « Urgent! Pas de Marocains! » a été envoyé le même jour aux gérants de succursales qui s'interrogeaient sur cette politique, poursuit AD. Un employé d'un magasin AH To Go aurait déclaré à Telegraaf sous couvert d'anonymat qu'« il y a déjà assez de jeunes Marocains qui travaillent ici. ». « Ils pourraient être menaçants pour les clients », a t-il poursuivi.
Une députée du Parti socialiste néerlandais (SP, extrême gauche), Sadet Karabulut d'origine kurde de Turquie a pris position dans cette affaire, sur le site internet de sa formation. Elle exhorte le ministre des Affaires sociales et de l'Emploi, Jan Pieter Hendrik Donner, à envoyer les inspecteurs du travail dans les supermarchés qui pratiquent la discrimination raciale ou sur l'âge.
Sadet Karabulut a déclaré « que la discrimination des supermarchés sur la base de l'âge est déjà bien connue et totalement inacceptable. Mais que certains cherchent également à sélectionner le personnel sur la base de leur appartenance ethnique, c'est trop ». Aux Pays-Bas, le salaire minimum est plus bas pour les très jeunes travailleurs. Durant plusieurs années, les grandes surfaces se sont débarrassées des salariés dès qu'ils atteignent l'âge où ils doivent percevoir un salaire plus élevé, a t-elle ajouté.
Un porte-parole du siège d'AH a indiqué que l'entreprise ne tolérait pas la discrimination ethnique, et qu'ils sont « choqués » par le développement de ces événements. Les AH To Go sont exploités par Servex, une filiale de la principale entreprise ferroviaire néerlandaise, Nederlandse Spoorwegen (NS). Un porte-parole de cette société a demandé pardon à « toutes les personnes touchées » et a indiqué que des mesures seront prises contre Servex. Mais il n'a pas invoqué le destin de la personne qui s'est chargée de l'envoi des messages. « Servex est responsable de la politique de son personnel, mais doit répondre à nos directives », a t-il conclut.
Le Bureau néerlandais anti-discrimination a évoqué une « affaire grave » et a demandé des explications au groupe AH, tout en affirmant qu'il envisage de prendre d'autres mesures.
Source: Yabiladi