Après une assez longue traversée du désert, les transferts des MRE devront repartir à la hausse dans le sillage de la reprise économique promise pour le début de l'année prochaine.
Ce scénario, déjà avancé par nombre d'observateurs et d'analystes et développé récemment par le Centre Marocain de Conjoncture (CMC), est fort probable dans la mesure où le lien de cause à effet entre le déclenchement de la crise financière et économique internationale est bien établi. Celle-ci étant la cause principale de la contraction de ces transferts des fonds en 2008 (-3,6%) et durant l'année en cours (-11,1% à fin août 2009). Cette tendance sera donc rompue selon le CMC qui estime que les flux financiers de l'émigration devront renouer avec la croissance avec un taux de progression comparable à celui de l'activité économique dans les pays d'accueil, soit entre 2 et 3% en moyenne. « Cette forte inflexion de tendance qui relève, pour l'essentiel, des facteurs liés à la conjoncture internationale et à la forte contraction de l'activité ne devra pas affecter outre mesure la tendance à moyen et long termes qui semble caractériser les flux financiers de l'émigration », estime le CMC dans sa dernière Lettre mensuelle qui a pour thème principal l'impact de la crise sur les transferts des migrants dans la région MENA et particulièrement des MRE.
Et cette reprise ne devra pas être passagère, mais structurelle et s'étalera dans la durée. En fait, selon les analystes du CMC, le potentiel de croissance de ces transferts « demeure assez important en raison de la densité des flux migratoires avec l'émergence de nouvelles destinations, le degré d'attachement de la population émigrée au pays d'origine et les perspectives de reprise économique dans les pays d'accueil ».
Les transferts des MRE devront donc fermer cette parenthèse et clore ce douloureux épisode qui a mis à mal aussi bien les migrants eux-mêmes, leurs familles au Maroc, les banques marocaines en manque de liquidités ainsi que les finances publiques, notamment la balance des paiements, puisque le Royaume reste encore trop dépendant de ces flux financiers qui représentent 9% du PIB du pays. Cette probabilité s'appuie sur l'analyse de l'évolution de ces flux au cours des dernières années.
En fait, fait-on constater, le montant de ces transferts a connu une progression importante depuis le début de la décennie malgré les fortes restrictions de la politique migratoire appliquée par les pays européens. Ainsi, de 23 milliards de DH en 2000, ces transferts sont passés à 53 milliards de DH en 2008, soit un rythme de hausse moyen de 11% par ans. Pour le moment, ces transferts marquent le pas. Après une baisse de 3,6% l'année dernière, leur contraction s'accentue au fil des mois de l'année en cours. En fait, les recettes MRE ont connu une baisse de 11,1% ou -4,16 milliards de DH à fin août 2008, avec un volume de 33,49 MMDH contre 37,66 MMDH, une année plus tôt. Par rapport à la moyenne des années 2004 à 2008, soit 32,03 MMDH, ces recettes se sont accrues de 4,6% ou +1,45 MMDH. Même avec la baisse, ces flux continuent à peser lourd dans l'économie nationale. En fait, les 53 MMDH de transferts enregistrés en 2008 ont représenté 8% du PIB, 34% de la valeur des exportations et couvre près de 32% du déficit commercial pour la même année.
Par ailleurs, d'après les enquêtes effectuées à ce sujet et citées par le CMC, la proportion de la population émigrée effectuant régulièrement des transferts de fonds à son pays d'origine est de 94%. Autre indicateur important, près de 34% des migrants enquêtés déclarent transférer plus du tiers de leurs revenus contre 40% qui en envoient moins du quart. S'agissant des montants annuels moyens transférés, ils se situent entre 10.000 et 50.000 DH, représentant plus de 40% des flux financiers de l'émigration, alors que les montants dépassant les 100.000 DH constituent près de 13% de l'ensemble des transferts effectués entre 1996 et 1998.
Les pays européens en tête
Les pays européens qui accueillent la grande majorité des Marocains résidents à l'étranger avec une population dépassant deux millions d'immigrés sont logiquement à l'origine de plus de 80% du montant global des transferts et réalise en même temps un net accroissement depuis le début de la décennie, avec un taux moyen annuel de progression de 10,4% entre 2000 et 2008.Viennent ensuite les pays arabes d'où provient près de 7% du montant total des transferts avec une progression annuelle de 14,3% sur la même période, rapporte la lettre mensuelle du CMC.
Avec de faible montants, le reste des destinations (notamment l'Amérique du Nord et l'Asie) enregistre toutefois depuis quelques années, des progressions soutenues, fait-on savoir.
Source : Le Matin