Avec le développement de l'activité de transfert de fonds au profit des migrants, BMCE Bank compte notamment renforcer sa part de marché sur ce segment. Elle se situe actuellement autour de 10%, estime Omar Tazi, directeur de la banque des particuliers et des professionnels
Depuis 2013, les bureaux de représentation de BMCE Bank en Europe ont tous basculé vers le modèle BMCE Euroservices. La filiale dédiée aux migrants marocains a vocation à proposer des solutions de transferts d'argent. La structure vient d'ouvrir deux agences à Rotterdam et Amsterdam aux Pays-Bas en l'espace de deux semaines. D'autres ouvertures sont prévues à Bruxelles et Malaga d'ici la fin de l'année. Pour la banque, le changement de modèle vise à apporter une offre adaptée à la clientèle des MRE.
- L'Economiste: La concurrence est bien implantée sur le créneau du transfert d'argent. Quelle valeur ajoutée apporte BMCE Euroservices?
- Omar Tazi: La banque est présente en Europe depuis 1972. L'activité de transfert fait partie de son ADN. Maintenant nous avons peut-être évolué à un rythme légèrement inférieur par rapport aux deux autres acteurs (ndlr: Attijariwafa bank et Banque Populaire). Nous sommes un acteur de référence. Nous avons une part de marché de l'ordre de 10% que nous souhaitons développer, mais dans la qualité. Nous voulons apporter une offre adaptée aux besoins de la clientèle, de la proximité aussi. C'est ce que nous faisons avec les ouvertures d'agence. Il s'agit également de mettre à travers cette proximité commerciale toute la disponibilité en termes de services, d'accompagnement.
- Vous êtes uniquement sur le transfert de compte à compte. Ce modèle peut-il évoluer vers celui de Western Union ou Money Gram par exemple?
- Ce n'est pas notre objectif. C'est un service que nous apportons à nos clients et ceux que nous recrutons. Nous proposons à cet effet du transfert de compte à compte. La prestation n'est donc pas ouverte à tout le monde. Notre objectif est de construire le dispositif le plus adapté pour pouvoir servir notre clientèle.
- Que pèsent les MRE dans le portefeuille de BMCE Bank aujourd hui?
- Nous avons une part de marché de 10% sur les MRE. C'est une clientèle significative et stratégique pour la banque. Elle représente une part non négligeable de notre bilan et par conséquent de notre produit net bancaire et de nos résultats.
- Les impayés s'accumulent surtout ces deux dernières années. Avez-vous fait le même constat du portefeuille des MRE?
- Il y a une augmentation du risque mais elle n'est pas plus importante qu'au niveau des autres segments de clientèle. Nous finançons beaucoup de crédits immobiliers pour l'acquisition de logement au Maroc. Avec la crise européenne, certains MRE ont vu leur revenu diminuer, voire disparaître. Ils ont donc connu des difficultés à payer leurs traites. La proximité que nous développons avec cette clientèle nous permet de comprendre ses problèmes et lui apporter les solutions nécessaires, notamment les possibilités de report des échéances. Nous les accompagnons dans les moments difficiles qu'ils peuvent traverser, le temps de trouver un nouveau travail.
- Quid de la situation sur les autres catégories de clients?
- Notre activité est de prendre du risque. Nous traversons parfois des périodes économiques difficiles. Il est donc normal que les opérateurs que nous finançons connaissent aussi des difficultés. Cela se traduit par une augmentation du coût du risque. De façon générale, nous avons une économie saine et nous connaissons les gens avec qui nous travaillons. Le coût du risque peut être jugé important par moments, mais nous travaillons au quotidien pour l'améliorer et laisser suffisamment de rentabilité pour nos actionnaires.
- Vous allez étendre les horaires d'ouverture d'agence au Maroc. N'est-ce pas un petit tacle en direction de la concurrence?
- Notre vocation est d'être le plus disponible possible pour nos clients. Nous souhaitons donner la possibilité à un client qui a des horaires chargés en semaine de pouvoir effectuer ses opérations en agence le samedi mais également proposer des plages horaires plus adaptées aux heures de sorties de travail. Les clients peuvent réaliser leurs opérations dans une agence différente de la leur sans aucun coût supplémentaire.
- Le dispositif sera-t-il étendu à l'ensemble du réseau?
- Il est intégré dans tout le réseau. Nous avons un système centralisé qui permet à une agence d'Agadir par exemple de traiter les opérations d'un client d'Oujda. Nous avons également la possibilité d'effectuer des opérations à la valeur jour, même lorsqu'elle est déplacée d'une ville à une autre.
Plus d'1 DH sur 5 de dépôt de la clientèle émane des MRE
Avec plus de 55 milliards de DH de transfert de fonds en moyenne chaque année, les Marocains de la diaspora suscitent beaucoup de convoitise. Ils pèsent aussi 21% des dépôts de la clientèle. Les établissements se bousculent pour séduire cette clientèle. BMCE Bank n'y échappe pas. L'inauguration de l'agence d'Amsterdam a réuni le 21 novembre dernier Abdelouahab Bellouki, ambassadeur du Maroc aux Pays-Bas, et une importante délégation de Marocains installée dans le pays. «1,5 client MRE sur 10 est en relation avec BMCE Bank», relève Adil Mesbahi, directeur général de BMCE Euroservices. Aujourd'hui, la structure compte 30 agences en propre et 29 desks installés dans le réseau du Crédit Mutuel-CIC (le groupe français détient plus de 26% du capital de BMCE Bank). En 2013, BMCE Euroservices a réalisé un bénéfice de 2 millions de DH. Au-delà des MRE, la forte présence de BMCE Bank sur le continent lui ouvre également des opportunités sur le marché du transfert des migrants africains en général.
2014/11/24,Franck FAGNON
Source:leconomiste.com