jeudi 28 novembre 2024 01:27

42% des Français expatriés sont inquiets à l'idée de rentrer

Une enquête recense les motivations des Français résidant à l'étranger. Qualité de vie, progression professionnelle... Les réponses sont éloignées du cliché de l'exilé fiscal.

Il est salarié d'une entreprise étrangère depuis au moins six ans, bénéficie d'un contrat de travail local, vit en couple. Et s'il tient à transmettre sa culture française à ses enfants, la France, elle, ne lui manque… pas vraiment. Voilà le profil type du Français résidant à l'étranger, tel qu'il a été établi par l'enquête IPSOS - Banque Transatlantique rendue publique, ce lundi, à l'occasion du colloque au Sénat «Les Français à l'étranger, un atout pour la France». «Ce sondage est une première!, se félicite la sénatrice PS Hélène Conway-Mouret, ancienne ministre déléguée chargée des Français de l'étranger, qui en a rédigé les questions. Cela n'avait jamais été fait, tout simplement parce que l'on ne s'est jamais intéressé à ceux qui sont partis.»

Ils sont pourtant plus de 2,5 millions à résider à l’étranger ! Sur les registres des Français établis hors de France, tenus par les services consulaires, on note une augmentation des inscriptions de près de 35 % ces dix dernières années, soit une moyenne de 3 % par an, indique le rapport de Mme Conway sur le «Retour en France des Français de l'étranger», présenté en juillet. Comment vivent-ils ? Quels liens ont-ils gardé avec leur patrie ? «Je souhaitais briser ce cliché du Français exilé fiscal», précise la sénatrice représentant les Français établis hors de France. «Il existe un paradoxe entre l'État qui fait tout pour que les Français de l'étranger restent liés à la communauté nationale - réseau diplomatique de premier rang, établissements d'enseignements français, alliances et instituts français - et l'image plutôt négative et souvent fausse que nos compatriotes ont de ceux qui ont tenté l'aventure hors de France».

La France ne manque pas à 55% des expatriés interrogés

Les trois-quarts d'entre eux sont actifs, 15 % retraités, et 3 % étudiants. Quelque 80 % travaillent pour un entreprise ou un organisme public étranger. 77 % sont en couple, et près de la moitié ont des enfants. Seuls 36 % ont la double nationalité. Les trois-quarts vivent à l'étranger depuis plus de six ans, et 28 % depuis plus de vingt ans. Leurs motivations? «Progresser dans leur vie professionnelle» ou «avoir un meilleur niveau de vie», pour la majorité de ces expatriés. Mais aussi pour «vivre avec un proche» ou «partir à l'aventure»… Seuls 7 % citent «un régime fiscal plus favorable».

Une «meilleure qualité de vie», un «meilleur niveau de vie», des «opportunités professionnelles plus nombreuses», voilà ce que les Français trouvent effectivement dans leur nouveau pays de résidence. En particulier en Suisse, au Canada, ou dans la zone Asie-Pacifique… Avec tout ça, «diriez-vous que la France vous manque?», interroge l'IPSOS. «Non», répondent 55 % d'entre eux. «Moi, je ne me suis jamais demandé le matin si mon pays me manquait!, tempère Hélène Conway-Mouret. Cela montre qu'ils assument leur choix». La quasi-totalité (98 %), en revanche, trouve important de transmettre leur culture à leurs enfants. Tous soulignent l'importance de la citoyenneté et de la nationalité française. Une grande majorité continue à suivre l'actualité politique. Et vote systématiquement aux élections nationales françaises, même s'ils sont expatriés depuis plus de vingt ans…

Ont-ils l'intention de rentrer un jour en France ? Là, les Français sont partagés. La plupart semblent attendre des jours meilleurs… «D'ici deux à cinq ans», disent un tiers d'entre eux. «Dans plus longtemps», répondent 54 %. Et à cette idée de retour, 42 % éprouvent de l'inquiétude. «Cela vient du fait qu'il est très difficile d'obtenir des informations pour réactiver leurs droits, explique la sénatrice, qui, dans son rapport, notait qu'il fallait «compter entre six mois et un an pour être définitivement en règle au regard de toutes les administrations». «Certains ont vécu une telle galère administrative qu'ils ont été obligés de repartir!», déplore-t-elle. Pour faciliter ces démarches, le ministère des Affaires étrangères travaille à l'élaboration d'un «guide du retour en France», tandis qu'un service d'aide interactif individualisé sur le retour sera bientôt en ligne.

05/10/2015mm, Stéphane Kovacs

Source : Le Figaro

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