A grand renfort de barricades de palettes sur les accès routiers, un village du nord de l'Italie a bloqué l'arrivée en bus de 12 migrantes qui devaient être logées mardi dans un hôtel réquisitionné, s'attirant à la fois louanges et critiques effarées.
L'Italie, qui a vu débarquer près de 155.000 personnes sur ses côtes cette année, doit loger les milliers de nouveaux arrivants de ces derniers jours, alors que son réseau d'accueil est en surchauffe (168.000 personnes hébergées, contre 103.000 fin 2015).
Samedi, Michele Tortora, le préfet de Ferrara, entre Venise et Bologne dans le nord de l'Italie, a ainsi été informé de l'arrivée imminente d'un nouveau contingent dans sa province qui héberge déjà 800 migrants.
Faute d'autre proposition, il a réquisitionné l'hôtel-bar de Gorino, dans le delta du Pô, pour héberger une vingtaine de femmes et d'enfants, expliquant que cette commune de 700 habitants était l'une des seules de la province à n'héberger aucun migrant et que la saison touristique était terminée.
Le propriétaire de l'établissement avait été prévenu il y a une semaine d'une possible réquisition confirmée lundi.
Mais des dizaines d'habitants ont alors érigé des barricades de palettes sur les trois routes menant à la commune et sont restés toute la nuit et une partie de la journée mardi pour empêcher l'arrivée du bus transportant les douze premières femmes, originaires du Nigéria, de Guinée et de Côte d'Ivoire.
Mardi à la mi-journée, le préfet a finalement renoncé à la réquisition et réparti les femmes dans des communes voisines. "J'imagine ce qu'elles ont dû ressentir. Quelle tristesse", a-t-il lancé.
"Merci à qui a manifesté la nuit dernière, merci à qui s'est battu pour que l'emporte la démocratie et le bon sens", a en revanche salué Alan Fabbri, responsable local de la Ligue du Nord, parti anti-euro et anti-immigrés. "Les habitants de Gorino sont pour nous les nouveaux héros de la résistance contre la dictature de l'accueil", a-t-il estimé.
Ces barricades "ne font pas honneur à notre pays. Evidemment tout peut être mieux géré, on peut trouver toutes les excuses que l'on veut, mais ce n'est pas l'Italie", a tempêté le ministre de l'Intérieur, Angelino Alfano, préférant citer l'exemple de dizaines de lycéens accourus pour aider à l'accueil dimanche à Naples.
25/10/2016
Source : AFP