La Commission européenne a donné son feu vert mardi à une nouvelle prolongation exceptionnelle, de trois mois, des contrôles à certaines frontières intérieures de l'espace Schengen, réintroduits en 2015 par cinq pays confrontés à un fort afflux migratoire.
Cette "recommandation", que les Etats membres de l'UE devront encore adopter pour qu'elle se concrétise, leur permettra de poursuivre ces contrôles au-delà de la date-butoir du 12 novembre, qui marquait la fin de dérogations inédites aux règles de la libre-circulation.
Début mai, l'exécutif européen avait accepté une première prolongation exceptionnelle (au-delà de la durée normalement autorisée) des contrôles rétablis en 2015 à certaines frontières de l'Autriche, de l'Allemagne, du Danemark, de la Suède et de la Norvège, membres de l'espace Schengen.
La Commission avait toutefois fixé pour objectif un retour à la normale, sans contrôles aux frontières intérieures, d'ici à décembre 2016.
Mais les conditions "ne sont pas encore remplies" pour cela, a-t-elle admis mardi, conformément à ce que faisaient valoir les pays concernés.
"Nous sommes malheureusement encore loin du but", a déclaré son premier vice-président Frans Timmermans, dans un communiqué diffusé après une réunion des commissaires européens à Strasbourg.
Les contrôles autorisés le seront "pour une durée strictement limitée" de trois mois, avec "des contrôles coordonnés et proportionnés à certaines frontières intérieures", a précisé le commissaire chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos.
"Dans l'intervalle, nous continuerons à nous attaquer à tous les problèmes actuels en matière de migration et de sécurité afin de pouvoir lever ces contrôles le plus tôt possible", a-t-il assuré.
L'accord controversé conclu en mars dernier entre l'UE et la Turquie et la fermeture de la route migratoire des Balkans ont permis une baisse sensible du nombre des arrivées de migrants via la Grèce.
Mais "le nombre des migrants en situation irrégulière reste élevé en Grèce" et dans d'autres pays et une levée des contrôles pourrait "entraîner une augmentation des mouvements secondaires", selon l'exécutif européen.
Afin que ces nouvelles dérogations, pour lesquelles Berlin a fait un intense lobbying, ne s'éternisent pas, la Commission compte beaucoup sur les premiers résultats de l'action du nouveau corps européen de gardes-frontières européens.
Officiellement inaugurée le 6 octobre, cette nouvelle agence bâtie sur les bases de l'agence Frontex ne devrait être "pleinement opérationnelle qu'en janvier 2017", selon l'exécutif européen, pour permettre de mieux contrôler les frontières extérieures de l'UE.
Les contrôles concernés par le feu vert de la Commission portent sur des lieux précis.
Pour l'Autriche, il s'agit des frontières avec la Hongrie et la Slovénie, mais pas de celle avec l'Italie. Et pour l'Allemagne, c'est la frontière avec l'Autriche.
"L'intensité des contrôles doit être limitée aux exigences minimales", a insisté M. Avramopoulos au cours d'une conférence de presse, "il ne s'agit pas de la nouvelle norme".
"A la fin des trois mois, si cela se justifie, nous réexaminerons les choses, mais nous pensons que cela représentera un délai définitif, à l'issue duquel nous reviendrons à un fonctionnement normal de Schengen", a-t-il estimé.
25/10/2016
Source : AFP