Une centaine de nouvelles venues, espérant pouvoir passer légalement en Angleterre comme cela a été le cas pour certaines ce week-end, sont arrivées sur les lieux.
Elles ont manifesté dans la «jungle», poing levé, voix aiguës, ce mercredi après-midi, en anglais, aux cris de : «Mineurs, majeurs, nous sommes toutes les mêmes» ; «Nous avons besoin d’aide» et aussi «UK! UK!» Un groupe compact de quelques dizaines de femmes, érythréennes et éthiopiennes, a traversé la jungle pour demander «des réponses» à leurs questions, et bien sûr, un passage en Angleterre. Il faut dire que les autorités françaises et britanniques leur avaient donné beaucoup d’espoir, en faisant passer par la filière légale, à la surprise générale, 108 femmes, mineures et majeures vulnérables, ce week-end. Espoir vite douché. Ces femmes sont logées à l’association la Vie Active dans l’espace protégé des femmes et des enfants. Dès lundi matin, une centaine de nouvelles sont arrivées de France et de l’étranger selon le Secours catholique, comme pour remplacer celles qui étaient parties. Le lieu est à saturation, Il y a 400 femmes sur place selon la Vie Active, avec du monde dans les tentes, en plus des préfabriqués.
Rien à perdre
Dans la manif, Noura, Erythréenne qui déclare avoir 17 ans, raconte : «Elles sont arrivées de loin, de Suède et même de Norvège. Elles sont venues pour tenter de passer aussi. Nous aussi on attend ça, et on a peur qu’elles prennent notre place.» Selon les associations, d’autres viennent d’ailleurs en France, et surtout de Norrent-Fontes, une «jungle» du Pas-de-Calais près d’une aire d’autoroute de l’A26. Mardi, Sara, une Iranienne de 30 ans, avait la même crainte que Noura : «Le Home Office est venu faire des interviews, certaines femmes sont parties, et les Britanniques ont disparu. Ensuite on nous a dit de nous diriger vers les bus. Mais nous, ce qu’on veut c’est partir en Angleterre, pas monter dans les bus pour rester en France.»
Des bénévoles racontent avoir vu passer sept familles de primo-arrivants, avec enfants et poussettes. Et des femmes déboutées de l’asile ailleurs en France, qui tentent leur chance à Calais pour l’Angleterre. Elles n’ont rien à perdre. Maryam Guerey, salariée du Secours catholique, raconte : «Une Afghane, enceinte de six mois, est arrivée avec cinq enfants. Elle dit que son mari s’est noyé en mer. Elle est effrayée et pleure tout le temps.» Et ça pourrait durer longtemps, pour elle, comme pour Sara et Noura.
26 octobre 2016, Haydée Sabéran
Source : Libération