vendredi 22 novembre 2024 09:12

Jim, rancher de l'Arizona, rêve d'un mur à la frontière mexicaine (REPORTAGE)

Pour beaucoup, la promesse de Donald Trump de construire un mur à la frontière avec le Mexique est irréaliste, mais pour Jim Chilton c'est une question de sécurité nationale... et le seul moyen qu'il retrouve le sommeil.

Né dans une famille de ranchers depuis cinq générations, M. Chilton, 77 ans, exploite un immense ranch à la frontière entre l'Arizona et le Mexique. Et il en a assez de surprendre des trafiquants de drogues sur sa propriété. Un mur représente donc tout naturellement la solution à ses soucis.

"J'admire vraiment la perspicacité de Trump, qui sait quels sont les problèmes avec le système de frontière actuel", explique M. Chilton avec son chapeau de cowboy, en surveillant une partie des près de 20.000 hectares de son ranch, fusil en main et pistolet à la ceinture.

Il n'y a pour le moment qu'une simple clôture de fil de fer barbelé pour séparer son terrain du Mexique.
"C'est une frontière internationale et c'est incroyable que sur 40 kilomètres, il n'y ait que cette clôture. On a besoin d'un mur, je le dis depuis 10 ans, et nous avons besoin de routes le long de la frontière, avec des patrouilles pour que personne ne puisse entrer. Cela me faciliterait la vie et je me sentirais plus en sécurité", ajoute le rancher, bon pied bon oeil.

Le candidat républicain à la Maison Blanche a fait de la construction d'un mur à la frontière entre Etats-Unis et Mexique une de ses mesures phares, affirmant même que la facture de 8 à 12 milliards de dollars sera payée par le Mexique.

M. Chilton avoue que Donald Trump n'était pas son premier choix parmi la quinzaine de candidats républicains, mais sa proposition de sécuriser les 3.200 kilomètres de la frontière avec le Mexique, non seulement fait sens, mais est surtout une question de sécurité nationale selon lui.

"J'habite au milieu de nulle part, dans une zone occupée par le cartel de Sinaloa", soupire-t-il en montrant les montagnes alentours ou selon lui des guetteurs équipés d'engins sophistiqués s'assurent que les passeurs de drogue puissent entrer aux Etats-Unis sans être inquiétés.

"J'ai déjà vu des guetteurs sur ces deux montagnes... et même devant ma porte. Je les salue et ils me répondent souvent +Hola+ en me saluant en retour", raconte Jim Chilton.

Lui et ses voisins propriétaires des ranchs alentours sont tous en faveur de mesures pour mieux sécuriser une frontière que, outre les trafiquants de drogue, des jihadistes pourraient utiliser pour s'introduire aux Etats-Unis, craignent-ils.

Jim Chilton estime que la construction d'un mur est également une nécessité humanitaire.

"C'est scandaleux de trouver des gens morts sur ma propriété. C'est scandaleux pour les agents qui patrouillent à la frontière, pour mes cowboys", pointe-t-il, en référence aux nombreux migrants qui meurent en tentant de passer la frontière dans l'infernale fournaise de l'Arizona.

A ce titre, il ne se promène jamais sans au moins 40 litres d'eau dans son pick-up, au cas où il tomberait sur des migrants assoiffés. Mais leur nombre a chuté ces dernières années: les cartels de la drogue ont pris le contrôle de la zone frontalière.

Selon les autorités qui surveillent la région, près de 2.600 corps ont été trouvés depuis 1998 dans le désert autour de Tucson, qui couvre environ 400 kilomètres de la frontière.

Mais des organisations venant en aide aux migrants ne pensent pas que la construction d'un mur fera baisser ce terrible bilan, pointant vers les plus de 1.000 kilomètres de frontière sur lesquels existent déjà des barrières et autres infrastructures frontalières... et qui ne découragent nullement les candidats à l'exil de tenter d'entrer aux Etats-Unis.

"Ce qui manque avant tout dans cette conversation sur les migrants, c'est que personne ne se penche sur les causes de leur exil", souligne Mike Kreyche, du groupe humanitaire Tucson Samaritans. "Comme quelqu'un l'a dit: +Montre-moi un mur haut de 15 mètres, je te montrerai une échelle haute de 16 mètres".

28 oct 2016

Source : AFP

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