L'Union européenne a annoncé jeudi le démarrage effectif de sa mission de formation de gardes-côtes libyens censés contribuer à la traque des trafiquants de migrants en Méditerranée centrale, dans le cadre de son opération navale Sophia.
Le lancement de la formation a été officialisé par Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l'Union, au moment même où l'Otan s'engageait à renforcer sa coopération avec l'UE dans la crise migratoire, en apportant un soutien logistique et des moyens en terme de renseignement à l'opération Sophia.
En arrivant à une réunion de l'Otan à Bruxelles pour se voir formaliser ce soutien, Mme Mogherini a déclaré devant la presse: "Laissez-moi au passage vous dire que précisément aujourd'hui nous sommes en train de commencer la formation de gardes-côtes libyens (...), une étape très importante".
Un premier groupe de 78 gardes-côtes va être formé sur deux navires de l'UE participant à l'opération dans les eaux internationales au large de la Libye, selon un communiqué de l'Union.
La formation démarre avec plusieurs semaines de retard sur le calendrier initial, le gouvernement libyen d'union nationale n'ayant transmis à l'UE que début octobre une liste de candidats.
Décidée par les 28 en juin 2015 après une série de naufrages dramatiques, et entrée dans sa phase active en octobre 2015, l'opération Sophia --dont l'état-major est basé à Rome-- a contribué à l'interpellation et au transfert aux autorités italiennes de 96 passeurs, et à la neutralisation de 337 embarcations.
En outre, précise le communiqué, elle a permis de sauver "plus de 29.300 vies au cours de 200 opérations de sauvetage". Plus de 41.200 migrants ont pu être sauvés si l'on intègre les opérations d'ONG auxquelles Sophia a apporté son soutien.
Mercredi, l'ONU avait annoncé qu'"au moins 3.800 personnes" ont péri ou disparu en mer Méditerranée déjà cette année, soit "le bilan le plus élevé jamais enregistré".
L'Otan soutient déjà l'UE dans sa gestion de la crise migratoire par des moyens déployés en mer Egée entre Turquie et Grèce. Une mission de soutien aux gardes-côtes de ces deux pays et à l'agence Frontex dont le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg a salué jeudi l'efficacité.
"Elle est pour l'instant assurée de toute façon jusqu'à la fin de l'année (...) après on verra", a commenté de son côté la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen.
Désormais l'Otan va aussi aider l'UE au large des côtes de la Libye, redevenue le principal axe de transit de migrants vers l'Europe car le nombre de passages via la mer Egée a chuté drastiquement après le pacte UE-Turquie conclu en mars 2016.
"D'ici deux semaines, des bateaux et avions de l'Otan seront en Méditerranée centrale prêts à aider l'opération Sophia en fournissant de la surveillance et du soutien logistique", a souligné M. Stoltenberg lors d'une conférence de presse.
Dans le cadre de cette mission de soutien baptisée "Sea Guardian", l'Italie et l'Espagne vont fournir des moyens aériens, ainsi que la Grèce et la Turquie, qui elles deux prêteront également des navires "dès le 7 novembre", a ensuite précisé le chef de l'Otan, ajoutant que "d'autres alliés envisagent de contribuer".
27 oct 2016
Source : AFP