La ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre a affirmé, lundi à Québec, que la lutte contre les phénomènes de la radicalisation des jeunes et de l'extrémisme violent exige une étroite coopération au sein de la communauté scientifique afin d'apporter des solutions innovantes.
"Le Québec est convaincu qu’une lutte efficace contre ces phénomènes ne peut se faire sans une étroite coopération au sein de la communauté scientifique qui approfondit les connaissances sur ce sujet afin d’apporter des solutions innovantes", a déclaré Mme St-Pierre à l'ouverture de la Conférence "Internet et la radicalisation des jeunes : prévenir, agir et vivre ensemble" (30 octobre-1er novembre).
Relevant que grâce au développement des moyens technologiques, les sociétés sont interconnectées, contribuant ainsi à leur développement économique, culturel et scientifique, la ministre a indiqué que ces moyens de communication, qui favorisent au quotidien l’ouverture d’esprit et le dialogue des cultures et contribuent au développement économique et démocratique de toutes les sociétés, ont également démontré qu’ils pouvaient porter leur lot de risques.
"Déviés de leurs fins, mis aux services d’idéologies d’un autre temps et d’aspirations criminelles, ils peuvent s’avérer de dangereux instruments incitant à la violence et à la haine. Notre jeunesse, plus que jamais connectée, est la première mise en danger par ces préoccupants phénomènes de radicalisation", a-t-elle soutenu.
"Et les événements récents nous démontrent qu’aucun pays et aucune couche de la société ne sont à l’abri", a-t-elle martelé.
"Cette réalité, le peuple québécois, n’a pas été le seul à y être confronté au cours des dernières années (…) Paris, Beyrouth, Niamey, Bruxelles, Nice, Alep et bien d’autres. Ces grandes métropoles, carrefours de civilisations qui se sont érigées sur la capacité des peuples à se côtoyer et mutuellement s’enrichir, ces symboles phares du vivre ensemble, ont eux aussi été durement touchés par l’impensable", a déploré Mme St-Pierre. Rappelant qu'en 2015, l’UNESCO était une des premières organisations internationales à se saisir du phénomène de la radicalisation menant à la violence, Mme St-Pierre a indiqué que le gouvernement du Québec a proposé à la population durant la même année un plan d’action concret et innovant afin de prévenir la radicalisation.
"Nous allions alors dans le même sens, nous visions les mêmes objectifs : offrir à notre jeunesse des contre-discours permettant de la dévier de la radicalisation menant à la violence", a-t-elle affirmé, notant qu'en juin 2015, l’UNESCO a tenu en son siège une première conférence internationale sur la prévention de la radicalisation, accordant une place particulière au rôle d’internet dans ce processus.
Selon la ministre, cette initiative a permis d’établir des retombées concrètes, dont un programme innovant et audacieux des Nations Unies qui, à travers une coopération multisectorielle, aspire à prévenir l’extrémisme violent dans un certain nombre de pays à risque.
"Le gouvernement du Québec sera fier de contribuer à sa mise en œuvre en fournissant à l’UNESCO et au Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme le meilleur de l’expertise développée ici en matière de lutte contre la radicalisation menant à la violence", a-t-elle poursuivi.
La ministre, qui a signalé que plusieurs acteurs internationaux ont souhaité s’inspirer de l'expérience du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, basé à Montréal, qui adopte une approche de prévention et d’accompagnement, plutôt que de répression et de stigmatisation, a annoncé que l'Ecole nationale de police du Québec a été aussi désignée pour coordonner la production d’un guide pratique de lutte contre la radicalisation menant à la violence, destiné aux corps policiers de la Francophonie réunis au sein du réseau "Francopol".
Elle a, par ailleurs, fait savoir que lors du prochain Sommet de la Francophonie prévu fin novembre à Madagascar, le Québec présentera, aux côtés d’autres Etats membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie, une importante résolution portant expressément sur la lutte contre la radicalisation au sein de l’espace francophone, une zone durement touchée par ce phénomène au cours des dernières années.
31 oct 2016
Source : MAP