Le Comité de prévention de la torture du Conseil de l'Europe exhorte la Hongrie à rappeler aux policiers travaillant au contact des migrants qu'aucune forme de mauvais traitements ne doit être tolérée, dans un rapport rendu public jeudi.
Ce rapport du Comité de prévention de la torture (CPT), qui se fonde sur une visite effectuée dans le pays en octobre 2015, souligne que celle-ci s'est déroulée dans des "circonstances particulières": au cours de l'été 2015, un flux "sans précédent" d'étrangers - 10.000 personnes certains jours - était arrivé en Hongrie.
Tout en notant que la majorité des migrants interrogés par sa délégation a affirmé avoir été traitée correctement, le CPT pointe qu'un "nombre considérable" d'entre eux se plaignent d'avoir subi des mauvais traitements et déplore des conditions de rétention "inappropriées" dans certains centres.
Les allégations de mauvais traitements "concernent essentiellement des gifles, des coups de poing et des coups de matraque au moment de l'arrestation", selon le rapport, qui souligne que certaines de ces plaintes ont été formulées par des personnes se présentant comme des mineurs isolés.
Le rapport appelle en conséquence les autorités hongroises à notifier officiellement à tous les policiers et personnels de sécurité travaillant dans les centres de demande d'asile et de rétention qu'"aucune forme de mauvais traitements à l'égard des personnes privées de leur liberté ne saurait être acceptée".
Une recommandation que le gouvernement hongrois a jugée, dans une réponse adressée au CPT, "injustifiée", estimant qu'elle donnerait une "image fausse et négative de la police".
Pour le gouvernement hongrois, nul n'est besoin de déclaration officielle pour rappeler aux policiers qu'ils risquent une sanction en cas de non-respect des droits fondamentaux, cela étant "absolument évident".
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, du parti conservateur Fidesz, a développé une rhétorique anti-migrants décomplexée.
Alors que les migrants ont été 400.000 à transiter par la Hongrie en 2015, M. Orban a fait ériger des barrières barbelées le long des frontières serbe et croate du pays. En dépit de ce dispositif, quelque 18.000 personnes sont entrées illégalement dans le pays en 2015, selon les chiffres officiels.
La visite du CPT avait pour objectif d'examiner comment étaient traités en Hongrie les migrants privés de liberté, qu'ils le soient en vertu de la législation sur les étrangers ou de la législation pénale, qui rend l'immigration illégale passible d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison.
2 nov 2016
Source : AFP