Le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Nils Muiznieks, s'est inquiété lundi de la violence avec laquelle la presse populaire britannique et une partie de la classe politique ont accueilli la décision de la Haute Cour de donner au Parlement britannique un droit de vote sur le Brexit.
Appels au viol et au meurtre, des juges qualifiés de traitres et menacés de pendaison: cette décision a suscité la colère de certains "Brexiters" inquiets des complications qu'elle pourrait entraîner dans la mise en oeuvre du divorce avec l'UE, mais aussi d'une partie de la presse eurosceptique, le tabloïd Daily Mail n'hésitant pas à présenter les trois magistrats comme des "ennemis du peuple".
Devant la violence des attaques, plusieurs responsables politiques ont réclamé une intervention du gouvernement.
Dans un commentaire publié lundi sur son site Facebook, M. Muiznieks fait part à son tour de son inquiétude devant ces "attaques flagrantes contre l'indépendance du pouvoir judiciaire, destinées à attiser la haine populaire".
"Une presse libre doit être une presse responsable. Le journalisme ne doit pas contribuer à créer une atmosphère d'hostilité, de rejet et de haine", relève encore le diplomate letton, observant que "les mots comptent, car ils sont souvent la première étape vers la violence réelle".
Dans un rapport rendu public début octobre, un autre organe du Conseil de l'Europe, la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (Ecri), avait déjà affirmé que le discours de haine continuait d'être "un grave problème dans la presse populaire" britannique.
"Ce n'est pas un hasard si la violence raciste est en augmentation au Royaume-Uni alors même que nous voyons des exemples inquiétants d'intolérance et de discours de haine dans les journaux, en ligne mais aussi de la part de responsables politiques", avait estimé le président de l'Ecri, Christian Åhlund.
07/11/2016
Source : FP