vendredi 6 décembre 2024 17:24

Migrants : le centre humanitaire de Paris ouvre ce jeudi

Huit «villages» de 50 places chacun ont été créés, où les migrants seront hébergés temporairement, soignés, accompagnés administrativement.

Sa création avait été annoncée fin mai, il ouvre ses portes ce jeudi. Un centre humanitaire va orienter les migrants et pourra en héberger 400 près de la porte de la Chapelle, à Paris, avec pour défi de mettre fin aux incessantes reconstitutions de campements indignes dans la capitale. Il accueillera chaque jour entre 50 et 80 personnes, soit le nombre de migrants arrivant chaque jour à Paris, selon les estimations.

Les hommes isolés pourront être hébergés sur le site, où ils resteront de 5 à 10 jours, avant d’être orientés vers d’autres lieux, selon leur situation : centre pour demandeurs d’asile (Cada), centre d’accueil ou d’orientation (CAO)… Les femmes et les familles seront amenés en navette vers des lieux d’accueil spécifiques, avant l’ouverture d’un centre de 400 places destiné à ces «publics vulnérables» à Ivry-sur-Seine «début 2017», selon Bruno Morel, le directeur général d’Emmaüs solidarités qui pilotera le centre. Les mineurs isolés seront transférés vers des structures de la ville de Paris. «L’idée est de créer un endroit où chaque migrant primo-arrivant pourra recevoir un accueil et se verra proposer une mise à l’abri digne et humaine», explique Bruno Morel.

Premiers soins et consultations

Première étape pour les migrants, le passage par une vaste structure gonflable blanche, jaune et grise, sorte de bulle de 900 m2. Ils y recevront des informations sur leurs droits et les démarches pour obtenir l’asile, traduites en anglais, arabe, pachto, dari et tigrinya. «On va aussi leur proposer l’aide au retour volontaire», explique Didier Leschi, directeur de l’Office français d’immigration et d’intégration (Ofii) dont 16 agents sont déployés sur place.

Dans une halle de 10 000 m2, ont été créés huit «villages» de 50 places chacun, comprenant des chambres pour quatre installées dans des cabanons en bois recouverts de bâches, des espaces de bureaux, un réfectoire et des sanitaires. «Il y a une douche, une toilette et un lavabo pour 8 personnes, nous sommes au-delà des normes du HCR (Haut-commissariat aux réfugiés)», a souligné Bruno Morel, ajoutant que «des lavabos plus bas ont été installés pour (que les musulmans puissent) faire des ablutions». Des équipes du Samu social et de l’ONG Médecins du monde prodigueront les premiers soins et proposeront des consultations (physiques et psychologiques).

Au total 120 salariés travaillent sur le site, auxquels s’ajoutent 500 bénévoles qui distribueront des kits d’hygiène, des vêtements, ou proposeront des activités. Sur le site sont installés des baby-foot, tables de ping-pong et des agrès.

Structures démontables

Ce projet, au coût total de 16,4 millions d’euros (investissement et fonctionnement) vise à mettre fin à un cycle de démantèlement et de reconstitution de camps. Au total, une trentaine d’opérations ont été réalisées et plus de 21 000 migrants «mis à l’abri» depuis plus d’un an dans la capitale. La dernière - et la plus grosse - opération, avec plus de 3 800 personnes prises en charges, vendredi dans le XIXe arrondissement, était un préalable à l’ouverture du centre.

Ce centre humanitaire, «c’est une alternative digne à la rue», fait valoir la maire de Paris Anne Hidalgo, soulignant qu’il est composé de structures modulaires «démontables» et transposables ailleurs. Ce qui devrait se produire d’ici 18 mois, le site étant destiné à accueillir des bâtiments universitaires. «Ce centre est une nécessité, nous allons continuer à en ouvrir», affirme la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, assurant que les places en CAO et Cada vers lesquelles seront orientés les migrants «ne sont pas saturées».

Sera-t-il suffisant pour absorber les flux de migrants qui convergent chaque jour vers Paris ? «C’est quelque chose d’expérimental, qu’il va falloir évaluer, commente Bruno Morel. Il va falloir essaimer, sans doute en régions. La solidarité doit s’exercer partout».

10 novembre 2016, AFP

Source : Libération

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