vendredi 22 novembre 2024 04:29

UE : la réforme des règles d'accueil des réfugiés reste dans l'impasse

Les pays de l'UE ont confirmé vendredi qu'ils étaient loin d'un compromis pour réformer les règles d'accueil des réfugiés, butant sur le refus par certains d'en accueillir pour soulager des pays sous pression comme la Grèce ou l'Italie.

"Il y a encore beaucoup de désaccords là-dessus", a reconnu le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière, comme plusieurs de ses homologues, lors d'une rencontre des ministres de l'Intérieur des 28 à Bruxelles.

De nombreuses réunions se profilent donc pour sortir de l'impasse la réforme des règles dites de Dublin, qui désignent le pays de première entrée dans l'UE comme responsable principal d'une demande d'asile, faisant peser un fardeau disproportionné sur les pays en première ligne.

C'est ce qui avait poussé l'UE à adopter en septembre 2015 une dérogation temporaire à ces règles, prévoyant des quotas de répartition dans l'UE de 160.000 réfugiés depuis la Grèce et l'Italie, où sont arrivés plus d'un million de migrants en 2015.

Mais la date limite du plan est fixée à septembre 2017 et les quotas obligatoires d'accueil sont vivement contestés par certains Etats membres, qui refusent de l'appliquer, tandis que d'autres s'y plient au ralenti.

Résultat : sur l'objectif de 160.000 réfugiés à "relocaliser" en deux ans, les Etats membres n'en ont accueillis à mi-parcours qu'environ 7.500, alors que l'Italie a déjà vu arriver plus de 167.000 personnes sur ses côtes depuis janvier.

Trouver des règles acceptées par tous pour l'avenir est devenu primordial pour l'UE, dans un contexte où la Turquie menace de ne plus freiner les arrivées depuis ses côtes, comme elle le fait depuis un pacte scellé en mars avec l'UE.

"Nous avons eu une discussion ouverte, parfois passionnée" sur le sujet, a expliqué vendredi le ministre slovaque de l'Intérieur, Robert Kalinak, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, l'instance réunissant les Etats membres.

Les relocalisations, que la Slovaquie et la Hongrie ont attaqué devant la justice européenne, "n'ont pas été aussi efficaces qu'attendu, donc nous sommes obligés de proposer de nouvelles façons de remplir le même objectif", a estimé M. Kalinak.

La présidence slovaque, reflétant les positions du groupe de Visegrad (Slovaquie, Hongrie, Pologne et République tchèque), propose de renoncer à l'avenir à tout mécanisme obligeant automatiquement des pays à accueillir des demandeurs d'asile en provenance d'autres pays débordés de l'UE. Elle suggère de laisser la possibilité à chacun d'aider comme il le souhaite un pays en difficulté, financièrement ou encore en envoyant des experts. Et "la grande majorité des pays s'opposent à tout système automatique, et demandent des décisions à l'unanimité", a expliqué une source diplomatique.
"Pour moi, il est clair qu'un minimum de solidarité commune doit être exprimée et que chaque Etat membre doit prendre une part effective de l'accueil des réfugiés", a cependant plaidé M. de Maizière devant ses homologues, à l'instar de la délégation française.

"Au-delà, cela peut être possible de fournir des efforts de solidarité de différentes manières", a observé le ministre allemand, jugeant que "davantage de discussions étaient nécessaires sur ce point".
Les pays en première ligne face aux arrivées de migrants - comme l'Italie ou encore Malte - ont clairement manifesté leur mécontentement face au concept de "solidarité flexible" avancé par certains pays.

"Plus que de la solidarité flexible, c'est une moquerie rigide", a ironisé le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano sur son compte Twitter, assurant que l'Italie - au large de laquelle se succèdent les drames de la migration - s'opposerait aux idées avancées par la présidence slovaque.

La Commission européenne, qui souhaitait instaurer un mécanisme permanent de relocalisation déclenché seulement en situations de crise, s'est également dite prête à considérer les pistes de la présidence slovaque pour réformer les règles de Dublin. Il faut trouver un compromis "d'ici juin de l'année prochaine" a préconisé vendredi le commissaire chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos.

18 nov 2016

Source : AFP

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