vendredi 22 novembre 2024 03:35

Nécessité de promouvoir une culture de tolérance, de paix et de dialogue pour lutter contre l’islamophobie

Les participants à la conférence sur l’islamophobie, organisée au Parlement européen à Bruxelles, ont plaidé pour la promotion de la culture de tolérance, de paix et de compréhension mutuelle à travers le dialogue pour prévenir les amalgames et lutter contre les violences islamophobes.

"La xénophobie croissante et la peur de l'autre dans ce monde constituent un terrain fertile pour les groupes terroristes à la recherche de soutien. Il nous incombe, donc, à nous de travailler ensemble pour mettre un terme à ce cercle vicieux. Pour y parvenir, il faut promouvoir la tolérance, le dialogue, la paix et la compréhension mutuelle", a préconisé l’eurodéputé Afzal Khan.

Selon ce député qui représente la communauté musulmane au Parlement européen, le débat suscité lors de cette rencontre organisée par le conseil des ambassadeurs arabes à Bruxelles avec le groupe des socialistes et démocrates au sein de cette institution européenne, "a permis d'avoir une image plus claire sur la situation actuelle et d’identifier les différentes problématiques".

Relevant les inquiétudes soulevées par les participants à cette conférence, notamment celle liée au rôle des médias et des réseaux sociaux dans la propagation d’un discours de haine, M. Afzal Khan a estimé que "ceux-ci font parti intégrante du problème mais devrait faire également partie de la solution".
"Les actes islamophobes et autres discriminations multiples qui existent en Europe doivent être soulignés et pris en compte afin d'améliorer la mise en oeuvre de la législation européenne concernant les inégalités et la non discrimination", a-t-il encore ajouté.

De son côté, le président de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb (DMAG), l’eurodéputé Antonio Panzeri, a mis en exergue les défis auxquels font face l'UE et les pays arabes concernent la promotion des droits de l'homme, plaidant pour la prise en considération des différentes caractéristiques et les différents parcours culturels de chaque pays.

"Lorsque l'identité religieuse est respectée et bien comprise, il y a plus de places pour la compréhension mutuelle et la cohésion sociale", a-t-il estimé. 

L’ambassadeur de la Ligue arabe auprès de l’UE, Lahbib Adami a exhorté les musulmans et non musulmans à engager un dialogue constructif et à encourager la coopération pour lutter efficacement contre les violences islamophobes.

Les participants à la conférence ont jugé, par ailleurs, que les sociétés musulmanes ainsi que les femmes doivent "jouer un rôle plus actif", plaidant pour l’implication davantage des femmes "socialement, politiquement et intellectuellement".

La discrimination contre les femmes est universelle 

Intervenant sur la situation de la femme dans le monde arabe entre les textes, les us et les coutumes, l’experte en genre, Nadia Bellal, a mis en évidence "l’universalité" de la discrimination envers les femmes.
Selon Dr Nadia Bellal l’inégalité des droits entre femmes et hommes a été la règle pendant des millénaires. "Malgré des acquis incontestables, la situation subalterne des femmes est un phénomène qui perdure aujourd’hui et transcende, à des degrés variables, toutes les cultures et les civilisations", a-t-elle souligné.

Cette experte algérienne en genre a relevé que les femmes musulmanes, à l’instar des autres femmes dans le monde, vivent selon le degré de développement de leurs sociétés respectives, leurs lots de discrimination, comme partout ailleurs.

"Il reste, malheureusement triste de constater, effectivement, la présence d’une donnée dite +religieuse+, souvent commune qui est à l’origine d’une culture de discrimination réelle envers les femmes musulmanes comme ce fut le cas pour les sociétés occidentales, il n’y a pas si longtemps", a-t-elle indiqué.

Elle a mis en exergue la conjoncture politique internationale qui a fait que "l’Islam est devenu la religion de l’oppression des femmes par excellence" contribuant à occulter la culture de discrimination propre aux autres sociétés, traditions ou religions.

Evoquant l’importance de l’influence des us et coutumes des pays arabes sur le religieux et l’interprétation "caduque" des textes, cette experte en genre s’est interrogée sur l’utilité de continuer, dans le monde actuel, de se baser sur une jurisprudence, qui pendant des siècles, a interprété les textes religieux, notamment le Coran et la Sunna au prisme de vieilles valeurs et d’us et coutumes de leurs sociétés d’alors.

Citant l’islamologue Mohamed Arkoun, Nadia Bellal a souligné la nécessité d’avoir le courage d’entreprendre "l’historicité du discours religieux en l’insérant dans une histoire humaine, inscrite dans une langue humaine".

Elle a relevé, à ce titre, que dans l’histoire de l’Islam de Cordoue, un homme avait tracé la voie, Ibn Rochd, en déclarant : "le Coran entier n’est qu’un appel à l’examen et à la réflexion, un éveil aux méthodes de l’examen".

Mais, pour Dr Nadia Bellal, le grand défi sera aussi de faire participer le plus de femmes musulmanes possibles à ce travail d’historicité des textes religieux. 

"Cette appropriation est nécessaire pour une approche qui corresponde davantage aux besoins des femmes et des hommes en terre d’Islam", a-t-elle plaidé.

17 nov 2016

Source : APS

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