A l’instar de milliers de Syriens, Hassan Kassas est venu en Norvège à la recherche de jours meilleurs dans un pays où il peut vivre dignement, après avoir fui une guerre sanglante et sans merci dans son pays d’origine.
Deux ans seulement après s’être installé dans le royaume scandinave avec l’aide d’une agence humanitaire des Nations Unies au Liban, le jeune syrien se considère déjà comme un citoyen norvégien.
Dans une déclaration à la MAP, il se dit confiant dans sa grande capacité à se faire une place dans une société qui l’a accueilli à bras ouverts dès le départ. "En dépit de la courte période de ma résidence ici, j’ai pu m’intégrer rapidement", s’est-t-il réjoui.
Pour ce faire, Hassan a commencé par l’apprentissage de la langue, des coutumes et de la culture du pays d’accueil, une condition, selon lui, sine qua non pour bénéficier des bienfaits du vivre-ensemble qui marque la société norvégienne.
Le cas de ce jeune réfugié ne s’applique pas forcément à des milliers de demandeurs d’asile qui n’ont pas pu s’intégrer suffisamment, une tâche des plus ardues au regard de la hausse du taux chômage dans ce pays gravement touché par la chute des cours de l’or noir, un des moteurs de l’économie nationale.
Confrontées à des coûts jusqu’alors élevés et à la chute du prix du pétrole depuis 2014, les compagnies norvégiennes sabrent dans leurs dépenses et repoussent ou annulent le développement de certains projets devenus non viables.
De fait, beaucoup de réfugiés manquent de qualification permettant d’améliorer leurs chances d’accès notamment aux divers secteurs de production, ce qui rend difficile leur intégration socio-économique.
Plusieurs migrants se sont lancés néanmoins dans le marché du travail en multipliant les efforts pour développer et faire valoriser leurs compétences pour qu'elles soient en adéquation avec les exigences du système éducatif local.
Pour Hoiam Al-Chriout, militante dans le domaine humanitaire, le gouvernement central, les municipalités, les ONG et les individus sont appelés à mettre en harmonie leurs actions en vue de réussir le processus d’intégration des nouveaux arrivants.
Elle propose dans ce contexte de donner aux réfugiés des cours de langue dès le premier jour de leur arrivée et leur accorder le droit au travail.
Parmi les problèmes entravant l’accélération de ce processus figurent en particulier la lenteur des procédures administratives pour obtenir un permis de séjour et trouver une place dans les centres d’accueil, souvent isolés de leur environnement socioculturel.
Force est de constater que l’arrivée au pouvoir du Parti du progrès (FrP), formation populiste et anti-immigration, a profondément changé la donne pour les migrants.
La ministre de l’immigration, Sylvi Listhaug, n’a pas tardé ainsi à imprimer sa marque, en durcissant les critères d’asile pour freiner la vague inédite des demandeurs.
En 2015, ils ont été plus de 31.000 à frapper à la porte du pays, un chiffre record, sachant que la plupart des personnes arrivées sont des Syriens, des Irakiens, des Afghans, des Somaliens, des Erythréens, des Pakistanais et des Albanais.
S’assurant du soutien de ses alliés du centre et de l'opposition travailliste au Parlement, la coalition de droite au pouvoir a adopté au début de cette année l'une des politiques d'asile les plus sévères en Europe.
D’après la nouvelle loi, les forces de l’ordre pourront refuser l’entrée sur le territoire national de toute personne se présentant à la frontière sans visa et avec l’intention déclarée de demander l’asile depuis un pays signataire, comme la Norvège, de la Convention de Schengen.
La législation prévoit également d'aligner les prestations sociales versées aux demandeurs d'asile sur celles des pays voisins afin qu'elles ne soient pas trop attrayantes, d'accélérer le traitement de certains dossiers et le renvoi des personnes déboutées, de limiter l'accès aux permis de séjour permanents, et de durcir les conditions du regroupement familial.
De l’avis de Mme Al-Chriout, l’accent devrait être mis sur la promotion des compétences des femmes réfugiées en initiant des sessions de sensibilisation à la culture norvégienne, aux principes de l’égalité homme-femme et aux droits des enfants.
Il est préférable aussi, a-t-elle fait observer, de bénéficier de l’expérience des migrants déjà bien intégrés, qui pourraient servir de success stories pour les nouveaux arrivants.
29 nov 2016,Jamaleddine Benlarbi.
Source : MAP