Le long-métrage ‘’les Hommes d’argile’’, une véritable fable sur la condition humaine, réalisé par le belgo-marocain Mourad Boucif, a été projeté jeudi au siège bruxellois du Parlement européen. Film-hommage à des milliers d'hommes marocains enrôlés dans l'armée française lors de la Seconde Guerre mondiale, l’œuvre, sortie en 2015, creuse cet événement traumatisant qui n'a jamais été reconnu à sa juste importance.
Il raconte l’histoire de Suleyman, un berger dans une région argileuse du Maroc, qui au moment où éclate la Guerre, est enrôlé de force dans l’armée française, sous l’instigation de son beau-père, un dignitaire assoiffé de pouvoir et d'autorité qui n’a jamais accepté le mariage de sa fille.
Au fil des 109 minutes du film, Sulayman se retrouve à traverser des Mondes aussi inconnus pour lui qu’intrigants et dangereux. Plongé dans les atrocités de la guerre, il réussit à s’y faire en s’élevant à une certaine humanité, que ce soit dans la destinée de ce contingent de soldats marocains embarqués malgré eux dans un conflit qui ne les concernait guère, ou chez leurs coreligionnaires français parfois méprisants, ou même chez ‘’l’ennemi’’ allemand.
Mais, au-delà d’un film à la fois poétique et aux allures de guerre, Les Hommes d’argile interroge la nature humaine, ce qu'elle peut faire jaillir d'horreurs et de beauté dans des situations extrêmes.
Difficile de ne pas lire, au détour de l’une ou de l’autre séquence, un questionnement des rapports humains, des contrastes qui renvoient à cette condition humaine, qui n’est jamais toute noire ou toute blanche.
Fruit de sept longues années de tournage et onze années de production, le film est une ‘’longue traversée faite d’amour, de convictions, de persévérance et d’empathie’’, selon les mots de son réalisateur Mourad Boucif, présent lors de la séance de projection, avec une partie de l’équipe du film.
Le choix aussi de l’hémicycle européen n’est forcément pas fortuit. Pour Mourad Boucif, cette présentation s’inscrit dans le cadre d’un travail de sensibilisation et de mobilisation pour faire connaitre ces pages d’histoires qui n’ont jamais été écrites.
L’objectif est aussi d’enseigner aux jeunes générations ce pan d’histoire commune entre l’Europe et le Maroc, qui a contribué à la libération du vieux continent du joug du Nazisme, a-t-il poursuivi.
Cette séance de projection, marquée par la présence de l’ambassadeur Ahmed Réda Chami, chef de la Mission du Maroc auprès de l’Union européenne, a été parrainée par le député européen Hugues Bayet, en partenariat avec l’association ‘’les fibres de l’âme’’.
01/12/2016
Source : MAP