Le directeur Europe du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Vincent Cochetel, a exclu la possibilité de conclure avec la Libye un accord inspiré de celui scellé avec la Turquie en mars dernier pour freiner l'afflux de migrants en Europe.
"Il ne s'agit pas d'un projet envisageable", a-t-il affirmé devant la Commission des libertés civiles du Parlement européen en réponse aux suggestions d’établir un même type d’accord avec la Libye.
Un point de vue partagé par la députée verte néerlandaise, Judith Sargentini et par la députée démocrate socialiste portugaise Ana Gomes qui n’a pas hésité à qualifier d'"illégal et immoral" l'accord avec la Turquie.
Le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, dont le pays assure depuis le début de l'année la présidence tournante de l'UE, a proposé jeudi de s'inspirer de l'accord décrié conclu par l'UE avec la Turquie en mars 2016, et dialoguer avec la Libye pour lutter contre le trafic de migrants en Méditerranée centrale.
"L'UE doit être prête à engager un dialogue" avec ce pays, a-t-il déclaré à la presse, exprimant ses craintes face à un éventuel afflux "sans précédent" de migrants au printemps.
Selon l'agence européenne de contrôle des frontières, Frontex, quelque 181.436 migrants sont arrivés en 2016 sur les côtes italiennes, un record par rapport aux années précédentes. La plupart seraient originaires d'Afrique de l'Ouest et de la Corne de l'Afrique.
Le Premier ministre maltais n'a, d'ailleurs, pas caché la volonté de l'UE d’étendre la mission "Sophia", opération de lutte contre les passeurs au large de la Libye, actuellement limitée aux eaux internationales et lancée au cours de l’été 2015.
"Il est temps de faire un second pas", a affirmé le Premier ministre maltais, Joseph Muscat devant des journalistes à La Valette. Il "faut aller dans les eaux territoriales de la Libye", a-t-il plaidé.
La proposition de conclure un accord avec la Libye sur les migrants a suscité l’indignation des organisations de défense des droits de l'homme qui ont affirmé que renvoyer des migrants et des réfugiés dans un pays en proie à la guerre civile serait inadmissible.
Par ailleurs, Vincent Cochetel a appelé les dirigeants européens à mettre en place des voies d’entrée légales en Europe, et un système uniforme d’enregistrement des demandeurs d’asile, ce qui contribuerait à améliorer la sécurité.
14/01/2017
Source : APS