vendredi 22 novembre 2024 04:50

Italie: La question migratoire et les relations avec Moscou, deux dossiers épineux sur la table de Gentiloni

La période d’incertitude engendrée par la démission de l’ex-président du Conseil italien, Matteo Renzi, suite au rejet par référendum en décembre de son projet de réforme constitutionnelle, n’a pas trop duré. Le chef de l’Etat a pris les choses en main et sa manœuvre, parfaitement exécutée, s’est déroulée encore plus vite que prévu. 

Après avoir consulté son prédécesseur, les présidents des deux Chambres du parlement et les dirigeants des partis qui y sont représentés, le président italien Sergio Mattarella a chargé l’ancien ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, de former le 64e gouvernement de l’histoire de la République italienne.

L’objectif principal du nouvel exécutif est de parvenir au plus vite à l’adoption d’une loi électorale permettant d’organiser des élections législatives, vraisemblablement au printemps, ou au plus tard en juin, mais il devra aussi s’attaquer aux urgences du moment. Il s'agit entre autres de la réunion du G7 qui se tiendra cette année en Sicile, la question migratoire et le 60è anniversaire en mars des traités de Rome qui ont donné naissance à la Communauté européenne.

Sur le plan interne, le nouveau gouvernement, qui inscrit son action dans la continuité, est déterminé à poursuivre les réformes déjà entamées en matière notamment économique. Cependant, les observateurs ne cessent de s’interroger sur la durée de vie de l’actuel exécutif compte tenu de l’insistance de nombreux responsables politiques sur l’organisation d’élections législatives anticipées. 
Celles-ci sont prévues en principe en 2018, mais la plupart des formations, dont le Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi, insistent pour qu'elles aient lieu dès 2017. Toutefois, un consensus sur la réforme du code électoral fait encore défaut.

Le chef de l'Etat avait précisé au lendemain de la démission de Renzi qu'il était nécessaire d'"harmoniser" la loi électorale en vigueur à la Chambre des députés et au Sénat avant de tenir des élections législatives.

"Les règles du scrutin doivent être très claires pour que les électeurs puissent exprimer leurs souhaits avec efficacité et pour qu'ils soient appliqués au Parlement. Aujourd'hui, ces règles n'existent pas", avait fait observer M. Mattarella.

Lors de la traditionnelle conférence de presse de fin d'année, M. Paolo Gentiloni (62 ans) a affiché sa volonté de doter le pays "dans les meilleurs délais" d’un code électoral, mais il a surtout défini les grandes lignes de son programme en annonçant que la question des flux migratoires en Méditerranée et les relations avec la Russie seront les priorités de la présidence italienne du G7, qui a débuté le 1-er janvier. 

"L'Italie consacrera sa présidence du G7 pour deux objectifs: le caractère central de la Méditerranée (...) et des relations différentes avec la Russie", avait-il déclaré.

Pour ce qui est de la Méditerranée, qui a connu une année record avec plus de 5.000 morts ou disparus et plus de 181.000 migrants arrivés en Italie, "mare nostrum ne doit pas devenir mare nullius (mer de personne)", avait-il dit. 

A l’instar de son prédécesseur Matteo Renzi, M. Gentiloni entend insister pour que tous les partenaires européens de l'Italie prennent leur part dans l'accueil des migrants et dans les tractations avec les pays d'origine et de transit.

Selon les responsables italiens, face à la crise des réfugiés d’une ampleur sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale et afin de réduire le fardeau qui pèse sur l’Italie, l’UE devrait agir dans les faits en faveur d’une solidaire répartition des réfugiés sur son territoire. Cependant, les résultats "laissent fortement à désirer". Afin d’atteindre l’objectif qu’elle s’est elle-même fixée, l’Union européenne et ses Etats membres doivent accueillir 154.349 demandeurs d’asile supplémentaires avant la fin septembre 2017.

Jusqu’à présent, l’Italie a ressenti de plein fouet la crise migratoire. Et pourtant seuls quelques milliers de réfugiés enregistrés en Grèce et en Italie ont pour le moment été relocalisés dans l’Union.

La crise migratoire a révélé de profondes divisions entre les Etats membres de l’Union dont certains ont procédé à la réintroduction partielle des contrôles aux frontières à l’intérieur de l’espace Schengen, dans le but d’empêcher la poursuite du voyage des réfugiés vers l’Allemagne ou d’autres pays d’accueil.

Pour trouver une issue à la crise migratoire, qui impacte la situation politique puisqu'elle fait l'affaire des partis populiste, Rome tente actuellement de négocier des accords bilatéraux avec des pays de provenance des immigrés en vue de réduire les débarquements sur les côtes sud de la péninsule.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la dernière visite du ministre italien de l'Intérieur, Marco Minniti, à Tripoli, à l'issue de laquelle ses services ont annoncé un accord avec Fayez Seraj pour renforcer la coopération entre les deux pays dans la lutte contre les passeurs.

Cette nouvelle stratégie de Rome va dans le même sens de la politique prônée par son voisin européen du sud, Malte, qui a pris le premier janvier la présidence tournante de l'UE, et dont le gouvernement appelle l'Europe à ouvrir un dialogue avec la Libye pour lutter contre le trafic des migrants en Méditerranée centrale.

"L'UE doit être prête à engager un dialogue avec la Libye pour lutter contre le trafic des migrants en Méditerranée centrale", a affirmé le Premier ministre maltais, Joseph Muscat qui craint un afflux migratoire "sans précédent" au printemps prochain.

Le dirigeant maltais a notamment proposé de s'inspirer de l'accord conclu par l'UE avec la Turquie en mars 2016, qui a permis de freiner l'afflux de migrants sur les côtes grecques, tandis que les arrivées sur les côtes italiennes atteignaient un niveau record.

21/01/2017, Mohammed Badaoui

Source : MAP

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