L’autobus aux vitres masquées, recouvertes de panneaux autocollants, se gare devant le terminal réservé aux migrants, à l’écart de l’aéroport civil de San Pedro Sula. A l’abri des regards. Déportés par les Etats-Unis – et certains jours par le Mexique –, les migrants arrivent presque chaque matin dans la capitale industrielle du Honduras. Ils sont accueillis avec un café chaud. Ils reçoivent un sac avec un tee-shirt propre et le strict nécessaire pour leur toilette. Ils voient un médecin s’ils le souhaitent. Puis ils s’enregistrent auprès des services d’émigration. Passé la porte vitrée, ils sont de retour « au pays ».
« Quel pays, putain de merde ? Je suis parti du Honduras quand j’avais 10 ans ! J’ai une femme et trois enfants à New York… », raconte Nilfor. Si le gaillard quadragénaire ne nie pas « avoir commis quelques erreurs de jeunesse » lui ayant valu « il y a longtemps » un séjour en prison, il n’en revient pas d’avoir été déporté des Etats-Unis pour une condamnation routière. Il s’inquiète pour l’un de ses fils, adolescent : « Depuis que j’ai été arrêté, il ne veut plus aller à l’école. Il deale. Il se prend pour le chef de famille ou un truc du genre ! Sans moi à la maison, j’ai peur qu’il tourne mal. »…Suite