Selon Dalil Boubakeur, le président de cette instance, la mesure lancée par Vincent Peillon lundi risque de renforcer le sentiment de "stigmatisation".
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a regretté lundi 9 septembre que la charte de la laïcité à l'école comporte plusieurs "allusions" à l'islam qui risquent de renforcer le sentiment de "stigmatisation" dans la communauté.
"Pourquoi faire un rappel à la loi de 2004 qui interdit les signes religieux ostentatoires à l'école? "s'est-il interrogé. "Il y a aussi ce rappel à l'égalité fille-garçon... suivez mon regard..."
Dalil Boubakeur, qui a croisé le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon dans les locaux d'une radio, lui a fait part de ses réserves: "M. Peillon m'a juré qu'il n'est nullement question de viser la communauté musulmane. Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions".
Revendications endormies
Pour le CFCM, la charte pourrait donc s'avérer contre-productive. "Certaines interprétations pourraient raviver des revendications endormies", a-t-il dit, en regrettant que les responsables religieux n'aient pas été consultés.
Certes "le communautarisme existe dans certains groupes, a-t-il reconnu. Mais il est surtout lié aux difficultés de vie dans les lieux de relégation des musulmans". Pour lutter aux atteintes à la laïcité, mieux vaudrait, selon lui, s'attaquer à ses ressorts socio-économiques.
Vincent Peillon a dévoilé lundi une charte de la laïcité à l'école, texte en quinze points qui devra être affiché rapidement dans toutes les écoles, collèges et lycées publics. Sa vocation est, selon le ministre d'aider les personnels, les parents et les élèves à "s'approprier" les règles de la laïcité.
Texte de principes, il élude les questions épineuses (cantine, jours fériés, assiduité..) mais rappelle toutefois qu'il est interdit de contester un cours en arguant de ses convictions religieuses
9/9/2013, Vincent Peillon
Source : Le Nouvel Observateur avec AFP