lundi 25 novembre 2024 00:08

Comment l’UE se barricade

Contrôle de tous, Européens compris, à l’entrée dans l’Union, enregistrement obligatoire et payant des voyageurs dispensés de visa… L’Europe verrouille face aux terroristes – et aux migrants.

Quelle est la priorité actuelle des dirigeants européens ? « Offrir la vision d’un Union attrayante », ont-ils déclaré au sommet de Bratislava, il y a un mois. C’est-à-dire ? « Assurer un contrôle total de nos frontières extérieures », lit-on dans la « feuille de route de Bratislava ». Un objectif placé en tête de l’ordre du jour européen, dès cet après-midi à Bruxelles.

Tous contrôlés

Des mesures très concrètes sont préparées. La première est la création d’une Agence européenne de garde-frontières (et garde-côtes en Méditerranée), qui a commencé de se déployer à la frontière bulgaro-turque. Tout est dans l’adjectif « européenne » : déléguer la surveillance de sa frontière nationale à l’Union était inimaginable il y a peu - cela s’est pourtant fait en moins d’un an.

Autre mesure, moins avancée : contrôler toutes les personnes, y compris les citoyens européens, entrant dans l’Union.

La clé est la connexion des fichiers nationaux et européens (comme celui d’Europol), qui avance à grands pas après des années de blocage. Troisième mesure examinée cet après-midi, encore à l’état de projet : un enregistrement obligatoire (et payant) pour tous les étrangers non soumis à un visa - 30 millions de personnes en 2014 ! Baptisé ETIAS (EU Travel Information and Authorisation System), il s’inspire de l’Esta en vigueur aux États-Unis. Cela nécessitera du temps, mais ouvrira la voie à un fichier central des non-Européens venant dans l’Union.

Un « effet Brexit »

Comment expliquer la soudaine efficacité de l’Union, si lente sur d’autres dossiers ?

Les attentats terroristes, en France puis dans d’autres pays européens, ont imposé l’urgence. Idem pour les flux de migrants sur les côtes italiennes et grecques, ou sur la route des Balkans.

Moins « objectives », mais non moins pressantes, sont les raisons politiques. La montée du sentiment anti-immigration relayé par des partis populistes qui ne cessent de progresser, conduit les dirigeants dans l’ensemble de l’Union,à des décisions toujours plus dures.

S’ajoute un « effet Brexit ». L’immigration a été décisive dans le vote, et la nouvelle Première ministre Theresa May en a pris acte : son Parti conservateur est désormais pour une stricte limitation - et un contrôle renforcé des frontières commerciales, au grand dam de la City de Londres.

Ainsi va l’Europe-forteresse. Le résultat se lit dans le niveau d’accueil des migrants « relocalisés » en France : 1987 personnes, à la date du 18 octobre - sur un objectif de 16 827. Précisons que la France est en ce domaine le meilleur élève de la classe.

20/10/2016 , Francis BROCHET.

Source : republicain-lorrain.fr

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