mardi 26 novembre 2024 17:34

Crise migratoire: Les mineurs isolés en première ligne

L'appel à la protection des enfants migrants du secrétaire général du Conseil de l'Europe (CoE), instance paneuropéenne basée à Strasbourg, fait écho à de nombreuses voix alarmistes qui s'élèvent dans le monde humanitaire comme dans l'opinion publique et exhortent à une action effective d'urgence, plus particulièrement en faveur des mineurs isolés, en première ligne dans la crise migratoire.

C'est aux chefs de gouvernement des 47 Etats membres du CoE que s'est adressé, mercredi, dans une lettre sans ambiguïté, le secrétaire général de l'Institution européenne, Thorbjorn Jagland. "La protection internationale des enfants qui fuient la guerre, la violence et les persécutions devrait aujourd'hui être une priorité pour tous les gouvernements européens", a déclaré en effet Thorbjorn Jagland à l'adresse des leaders européens enlisés dans une crise migratoire qui ne cesse de s'aggraver.

Alors que se sont réunis ce jeudi, à Amiens (nord de la France) - où affluent des migrants dans l'espoir de rejoindre l'Angleterre, le président français François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron, le Conseil de l'Europe a clairement tiré la sonnette d'alarme et exhorté les Etats européens à prendre des mesures sans délai.

Le démantèlement en cours de la "jungle" de Calais (nord de la France), où s'entassent plusieurs milliers de migrants, fait peser de nouvelles menaces sur les mineurs isolés qui sont bloqués dans le plus grand bidon-ville de France. La question du regroupement familial de ces mineurs, dont la famille est installée sur sol britannique divise Paris et Londres qui s'affrontent à couteaux tirés sur des questions financières.

La Défenseuse française des enfants, Geneviève Avenard, adjointe du Défenseur français des droits et ancien ministre Jacques Toubon, est montée au créneau et a tiré la sonnette d'alarme quant au sort de plus de 400 mineurs isolés dans la "jungle" de Calais. "Quand on voit des enfants dans la boue et le froid, on ne peut envisager de démantèlement de la jungle comme cela est prévu par l'Etat", a-t-elle notamment déclaré.

"Leurs conditions de vie ne sont pas dignes et décentes", s'est insurgée l'adjointe du Défenseur des droits . "La prise en charge et le recensement de chaque enfant doivent être organisés et les catégories d'enfants doivent être déterminées", a-t-elle ajouté.

Le célèbre acteur britannique de cinéma Jude Law et d'autres personnalités britanniques se sont récemment déplacés dans la "jungle" de Calais afin d'alerter l'opinion britannique sur le sort des mineurs isolés et ont interpellé David Cameron. "La suppression d'une partie du camp de réfugiés de la jungle de Calais va détruire les habitations de milliers de personnes, notamment beaucoup de familles et des centaines d'enfants non accompagnés qui ont déjà fui la guerre et les persécutions", s'est-il révolté.

Mi-janvier, le procès de Robert Lawrie, un ex-soldat britannique qui, bouleversé par la crise des migrants, avait tenté de faire traverser la Manche clandestinement à une fillette afghane, avait connu un large retentissement médiatique en Grande-Bretagne et en France.

On estime que, l'an dernier, quelque 300 000 enfants sont arrivés en Europe, dont beaucoup n'étaient pas accompagnés, a rappelé mercredi le CoE. Près d'un tiers des migrants et des demandeurs d'asile qui passent de Turquie en Grèce sont des enfants. Depuis septembre dernier, deux enfants par jour en moyenne se sont noyés en tentant de traverser la Méditerranée. D'après Europol, au moins 10 000 enfants ont disparu depuis le début de la crise. Dans beaucoup de pays, des enfants demandeurs d'asile disparaissent quelques jours à peine après avoir été placés dans des centres d'accueil.

"Il est indispensable de mettre en place des procédures permettant de désigner rapidement des tuteurs légaux pour les enfants non accompagnés, d'offrir aux enfants un hébergement convenable et sûr et de les confier à la garde d'un personnel dûment qualifié ou d'une famille d'accueil", a plaidé, mercredi, Thorbjorn Jagland dans sa missive à l'adresse des chefs de gouvernement des Etats membres du CoE.

"La crise des réfugiés est un paradis pour les trafiquants. Des milliers d'enfants n'échappent à la guerre que pour disparaître dans les bas-fonds des sociétés européennes. Il est difficile d'imaginer un impératif moral plus pressant que celui de veiller à la sécurité de ces filles et de ces garçons", a-t-il insisté.

En Grèce, où quelque 10 000 personnes sont toujours bloquées à la frontière macédonienne, la menace de crise humanitaire s'accentue de jour en jour, soulignent les associations qui travaillent sur le terrain. Bien que Bruxelles ait proposé mercredi une aide humanitaire de 700 millions pour aider les Etats membres de l'Union européenne (UE) en première ligne dans la crise migratoire, nombreux sont ceux qui redoutent les tergiversations et l'inertie des gouvernements.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, s'est quant à lui rendu ce jeudi à Athènes et Ankara, dernières étapes d'une tournée dans les pays situés sur la route des migrants qui veulent rejoindre l'Europe du Nord, avant le sommet UE-Turquie crucial du 7 mars sur la crise migratoire. Fin

04-03-2016

Source :  China.org

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