En quittant le Maroc pour la Suède en 2003, Houda Alaoui Harouni ne pensait pas qu'une nouvelle aventure l'attendait au pays scandinave. Quelques années plus tard, elle devient la première Marocaine à être élue au sein d'un conseil municipal en Suède. Son histoire et son ascension sont une véritable leçon de persévérance et une source d'inspiration pour tant de Marocaines et Marocains.
Ce professeur de français avait dû quitter sa ville natale Marrakech pour la Suède afin de rejoindre son mari suédois. "L'intégration au sein de la société suédoise a eu lieu presque naturellement. Partant du fait qu'on montre une certaine volonté de s'intégrer, on arrive à s'affirmer et compter sur l'aide des gens pour arriver au but", explique Mme Alaoui dans un entretien accordé à MAP-Stockholm.
Sa sociabilité et ses ambitions ont fini par faire le reste. "Cela m'a facilité le processus d'intégration, sans oublier l'encouragement, le soutien et l'aide de mon mari bien sûr", ajoute Mme Alaoui, qui a quitté le Maroc à l'âge de 25 ans.
"En Suède, j'ai fait des études supérieures pour obtenir un diplôme de professeur au lycée. Maintenant je travaille comme professeur d'anglais et de français au lycée Aspero à Halmstad (ouest)", indique-t-elle.
En 2008, elle rejoint le Parti du Rassemblement Modéré (au pouvoir actuellement).
"A vrai dire, je ne savais pas que j'aurai à prendre ce chemin et faire une carrière politique, tout ce que je voulais c'était de bien m'intégrer dans la société suédoise et de faire une carrière. Ma volonté et mes ambitions étaient très fortes et expliquent peut-être tant de choses dans ma vie", raconte-elle.
"Le parti du rassemblement modéré m'a attiré idéologiquement, son programme et son idéologie convergent avec mes valeurs, surtout sa politique qui défend généralement une forte économie de marché, les valeurs traditionnelles, la baisse des impôts pour les personnes ayant de bas salaires, l'augmentation de la croissance et de la productivité, sans oublier l'égalité entre les personnes quelles que soient leurs origines", poursuit-elle.
Deux ans après avoir rejoint les Modérés, elle est élue au Conseil municipal de Halmstad.
"Après ma candidature à ce poste, j'ai passé un entretien avec un grand jury qui représentait le parti à la région de Halland. J'étais surprise mais surtout ravie d'être classée 13ème parmi 70 candidats. Après que ma candidature ait été validée, j'ai été élue au conseil municipal de Halmstad, ainsi qu'au sein du conseil de l'éducation et du marché d'emploi", explique Mme Alaoui.
Depuis, elle a participé à "beaucoup" de projets communaux. "Pour l'instant, je préside trois projets intéressants, un projet d'intégration qui a comme but de faciliter l'intégration et l'inclusion des femmes immigrées dans la société. Un deuxième projet porte sur l'organisation des différentes campagnes électorales et le troisième projet est relatif à l'élaboration d'un nouveau manifeste pour les prochaines élections locales", précise-t-elle.
Au niveau de la ville de Halmstad, elle fais partie d'un groupe qui travaille sur la publicité et le marketing de la ville pour "encourager les entreprises à s'installer à Halmstad, ce qui peut créer des offres d'emploi et réduire le taux de chômage dans notre commune".
Sa réussite est telle que son parti l'a proposé pour les prochaines élections législatives, prévues en septembre 2014. Mais cette mère de deux enfants - Wassim 6 ans et Ayman 2 ans- ne veut pas précipiter les choses.
"Je souhaite bien évidemment être députée au parlement suédois. J'étais honorée par le fait d'être proposée par le jury du parti cette année, mais j'ai dû refuser cette proposition pour la seule raison que j'ai deux petits garçons qui ont très besoin de moi. Alors je continue ma carrière politique au conseil municipal ainsi qu'au sein du conseil régional", explique-t-elle.
"Les législatives, peut-être en 2018", nous lance-t-elle avec un sourire.
Entre sa carrière politique, son métier et ses préoccupations familiales, Mme Alaoui ne perd pas le nord. "Concilier entre la vie privée et la carrière politique est une équation très difficile à résoudre, mais avec de la volonté, de la patience et du courage, on arrive à démolir des montagnes. Ma motivation? C'est l'amour de mes enfants, mon mari, ma famille ainsi que l'exercice physique", ajoute-elle.
Dans son cœur et son esprit, le Maroc tient une place particulière. "Le Maroc pour moi c'est mon pays natal, mes racines, mon origine et ma famille. Le Maroc est un amour éternel, une tendresse et une joie qui me comblent quand je me sens fatiguée, triste ou mécontente. Le Maroc, c'est ma vie!", ajoute-elle avec nostalgie.
Ses conseils aux femmes marocaines: "Osez prendre la place qui vous échoit et luttez pour réaliser vos rêves parce que tout est possible. Comme on dit souvent +quand on veut, on peut+. Soyez toujours optimistes et trouvez le sens de la vie dans les choses que vous aimez faire et laissez tomber ce qui vous rend tristes et malheureuses".
Son conseil pour les Marocaines de Suède: "Il faut savoir que ce pays donne à chaque individu une chance de devenir quelqu'un, de réaliser un rêve, d'être indépendant, de se sentir précieux et de pouvoir contribuer au développement de la société. Osez intégrer la vie politique aussi, pourquoi pas? Croyez-moi, on a besoin de vous!".
"En tant que Marocaine et ayant une carrière comme la mienne, je sens une grande responsabilité à représenter mon pays natal dans plusieurs forums", souligne Houda Alaoui qui "n'hésite pas à discuter de la question du Sahara Marocain avec de grandes personnalités politiques suédoises, comme le ministre des Affaires étrangères Carl Bildt ou le Premier ministre Fredrik Reinfeldt, pour livrer la véritable histoire de ce conflit artificiel et créer un débat".
Car c'est très important, pour elle, "de bien présenter le Maroc comme un pays démocratique et moderne, de donner une bonne image sans oublier de promouvoir cette magnifique destination touristique qu'est le Maroc".
"Je crois que je suis aussi ambassadrice de mon pays en quelque sorte. Je suis fière qu'à chaque fois où je réussis à faire quelque chose dans la société suédoise, cette réussite est directement liée au Maroc en premier lieu", explique-t-elle.
"C'est un honneur, un plaisir et une fierté d'être la première Marocaine élue au sein d'un conseil municipal suédois et cela me donne encore plus d'énergie et de motivation pour mieux faire et réussir encore plus ainsi qu'inspirer d'autres Marocains à me joindre", assure Mme Alaoui pour conclure: "Je ferai toujours de mon mieux pour que le Maroc soit bien représenté là où je suis".
17 déc. 2013, Jihad BENCHEKROUN
Source : MAP