"En Afghanistan, il n'est pas exagéré de parler d'une génération perdue, privée d'éducation en raison des déplacements", a souligné jeudi à Kaboul le rapporteur de l'ONU pour les droits des déplacés, Chaloka Beyani.
Depuis début 2016, au moins 323.000 civils ont été chassés par les combats, souvent plusieurs fois, et leur nombre devrait augmenter encore d'ici décembre, a estimé M. Beyani à l'issue d'une mission de dix jours. De plus, "l'ONU estime qu'un quart des régions d'accueil sont inaccessibles" du fait de l'insécurité, faussant la statistique.
Avec le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU Mark Bowden, le rapporteur a appelé devant la presse la communauté internationale "à ne pas se détourner de l'Afghanistan, malgré la multiplication des crises en Syrie ou au Yémen", rappelant la demande d'urgence de 150 millions de dollars lancée début septembre.
D'autant qu'au terme d'un accord signé début octobre avec les autorités, des dizaines de milliers de réfugiés afghans pourront être renvoyés prochainement par l'Europe.
Plus de la moitié des déplacés (56%) sont des enfants, a-t-il insisté.
Pour justifier le terme "génération perdue", il a évoqué "le risque, faute d'éducation, qu'ils soient manipulés par des groupes armés et envoyés en Irak, ou en Syrie, espérant gagner un peu d'argent pour leurs familles ici". "Certains déplacés que j'ai rencontrés avaient été assaillis par des groupes qui essayaient de recruter leurs enfants", a-t-il affirmé.
Le problème des déplacés en Afghanistan n'est pas récent "mais s'aggrave depuis quatre ans", parce que la sécurité se détériore dans le pays, a noté M. Bowden.
Sans compter les millions d'Afghans réfugiés au Pakistan et en Iran, dont 800.000 sont déjà rentrés cette année, 1,1 million d'Afghans ont été déplacés depuis l'arrivée des Américains il y a quinze ans.
20/10/2016
Source : AFP