lundi 25 novembre 2024 22:25

Faculté des lettres d’Agadir : Migrations marocaines : mutations et enjeux

Pour sa leçon inaugurale habituelle, à l’occasion de la nouvelle année universitaire, la faculté des lettres et sciences humaines de l’université Ibn Zohr d’Agadir a opté pour le thème des migrations, lundi dernier en début de soirée à l’amphithéâtre Hassan 1er dans l’enceinte de cet établissement actif.

Devant une imposante assistance, composée d’un parterre d’enseignants chercheurs et d’un fort contingent d’étudiant, Driss El Yazami, président du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) a donné ce cours inaugural, articulé autour de « Migrations marocaines : mutations et enjeux ».

Au préambule de cette rencontre qui s’insère dans le processus de renforcement du Master de cette filière mise en place , depuis l’année universitaire écoulée, Omar Halli, vice-président de l’université Ibn Zohr et Ahmed Sabir, doyen de la faculté des lettres et sciences humaines avaient prononcé, tour à tour, des mots de bienvenue relatant, en fait, les efforts déployés par les partenaires œuvrant pour l’instauration et l’amélioration du Master migrations et développement durable, à savoir l’Observatoire Régional des Migrations Espaces et Sociétés (ORMES) relevant de la faculté des lettres et dirigé par docteur Mohamed Charef et le CCME qui assure les fonds d’un centre de documentation sur les migrations, mis en fonction à cet effet.  Dans son discours introductif, Driss El Yazami a, d’emblée, souligné que la communauté marocaine à l’étranger atteint actuellement plus de quatre millions de ressortissants, répartis dans une multitude de pays d’accueil de par le monde.  Une telle croissance accélérée, depuis moins d’un quart de siècle, survient à un moment où les pays récepteurs ferment de plus en plus leurs frontières respectives, d’autant plus que des pays comme le Portugal, l’Espagne, la Grèce… qui étaient, il n’y a pas longtemps, émetteurs, sont devenus récepteurs.  Outre les pays traditionnels qui accueillent nos compatriotes, indique l’intervenant, d’autres horizons s’ouvrent continuellement devant eux, notamment le Canada, l’Amériques, le Golf, la Scandinavie…Il va falloir donc trouver de explications à cet essor démographique, à travers un débat serein et réaliste.  D’autres aspects émaillent cette expansion fulgurante, en particulier la mondialisation des ces flux migratoires et la féminisation de plus en plus accrue, constate l’orateur. En effet, dira-t-il, les Marocains, comme cela a été signalé, sont partout dans la planète et plus de la moitié d’entre eux sont des femmes qui occupent désormais des postes assez huppés, contrairement par le passé où leur rôle se limitait à des tâches domestiques.

A la différence de ce qui peut être trompeur, l’émigration est quasiment légale, en dépit du phénomène de la clandestinité qui ne peut peser lourd, surtout qu’elle touche toutes les catégories sociales, créatives et intellectuelles, tel hadj Belaid, le chantre amazigh qui se rendait à Paris pour présenter son art authentique.  Dans ce contexte, Driss El Yazami relève pareillement l’émergence des nouvelles générations, caractérisées par une diversification socioprofessionnelle de plus en plus intense. Leur intégration ou plutôt enracinement (préfère–t-il) s’illustre nettement, car, d’après un sondage destiné à plus de trois mille ressortissants marocains, il est constaté que notre communauté à l’étranger est la plus naturalisée dans les pays d’accueil correspondants, tout en sachant que nombre d’entre eux rentrent au bercail, pour raison de projets érigés au pays d’origine, de retour affectif, de virement de devises…

Cet état de faits génère une sorte de double allégeance ou une appartenance à la fois au pays d’origine et au pays d’accueil. Une problématique, suggère le conférencier, qu’il faudrait, dans nos politiques publiques, étudier profondément  afin d’accompagner ce phénomène d’émigration de peuplement sans, pour autant, y faire obstruction, tout en renforçant les liens avec les nouvelles générations, par le biais de développement de l’offre culturelle nationale. Dans ce sens, il s’avère également loisible d’associer la communauté marocaine à l’étranger au processus de développement que prône notre pays, à travers des chantiers de réformes à plus d’un titre. Pour ce faire, conclut Driss El Yazami, il conviendrait impérativement de changer littéralement la perception que nous ne cessons de cultiver envers les ressortissants marocains à l’étranger et aborder une conception plus positive à leur égard.

Car la fibre marocaine est toujours ancrée en eux et ce n’est pas fortuit que certains sportifs maroco-européens optent finalement pour le port du maillot national, après long tracas de conscience.

Source : Al Bayane

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