jeudi 26 décembre 2024 21:22

France/migrants : feu vert de la justice pour le démantèlement imminent du camp de Calais

La justice française a donné mardi son feu vert au démantèlement du vaste camp de migrants à Calais (nord) et l'opération est "maintenant une question de jours", a affirmé le gouvernement socialiste.

Ce camp face aux côtes anglaises, qui compte entre 5.700 et 10.000 migrants selon les sources, dont des mineurs isolés, s'était formé au printemps 2015 à la faveur de la crise migratoire en Europe. Les autorités en avaient déjà démantelé une partie en mars, sous haute protection policière.

Le tribunal administratif de Lille (nord) a validé mardi le démantèlement rapide de la "Jungle" en rejetant les critiques de onze associations sur le dispositif. Elles dénonçaient par exemple un manque d'interprètes et des "disparités de suivi" des migrants.

Elles réclamaient aussi un "diagnostic plus poussé des besoins, des risques de l'évacuation", certaines évoquant "une catastrophe" en cas de démantèlement "dans les conditions actuelles".

La justice a au contraire estimé que "le principe même" du démantèlement ne contrevient pas au "principe de prohibition des traitements inhumains et dégradants". D'après elle, le démantèlement vise précisément à "faire cesser" de tels traitements auxquels sont soumis les migrants, qui vivent "dans des conditions de précarité et d'insécurité dénoncées par tous".

Concernant les centres d'accueil dans plusieurs villes du pays devant abriter les migrants venant de Calais le tribunal a jugé que l'Etat "n'a pas sous-estimé le nombre de migrants devant (y) être logés". Selon les autorités, plus de 7.000 places ont déjà été trouvées.

La voie judiciaire désormais libre, le démantèlement est "maintenant une question de jours", a annoncé mardi le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Il a promis une mise à l'abri des migrants "dans des conditions dignes".

Le ministre a souligné dans un communiqué que la décision du tribunal "confortait le gouvernement dans sa démarche humanitaire et sa détermination".

Des sources proches du dossier et le défenseur français des droits Jacques Toubon ont évoqué un démarrage possible du démantèlement le 24 octobre.

Certaines associations, qui n'étaient pas parmi celles ayant saisi la justice, réclament en tout état de cause une évacuation "avant l'arrivée des grands froids", plaidant pour "le 1er novembre".

Sur le dossier crucial des mineurs isolés, la justice a par ailleurs souligné que les autorités s'engagent sur "un accompagnement spécifique (...) pour assurer leur mise à l'abri immédiate".

Dans une tribune parue mardi dans le quotidien britannique The Guardian, Bernard Cazeneuve a demandé au Royaume-Uni d'assumer toutes ses responsabilités dans l'accueil des mineurs isolés de la "Jungle".

Le ministre français a plaidé pour que le gouvernement britannique "accentue cet effort, afin que chaque mineur isolé puisse bénéficier d'une protection juste et durable. Il en va de la réussite de cette opération humanitaire et de la responsabilité morale de nos deux pays".

Quelque 1.300 mineurs sont recensés sur le campement de Calais, et 500 d'entre eux affirment avoir de la famille au Royaume-Uni.

L'État français va dans les prochains jours "amplifier" les départs des mineurs vers l'Angleterre au titre du regroupement familial, ont indiqué mardi les autorités locales à Calais. Lundi, 14 adolescents ont pu rejoindre leur famille et douze ont fait de même mardi.

Ces jeunes ont pu bénéficier de l'accord européen de Dublin prévoyant qu'un mineur peut voir sa demande d'asile examinée dans le pays où il a de la famille.

Dans la nuit de lundi à mardi, une interprète en pachtoune qui accompagnait un journaliste dans la "Jungle" a par ailleurs été violée aux abords du camp. L'interprète et le journaliste ont été pris à partie "par trois Afghans", "a priori des migrants", selon une source judiciaire.

18/10/2016

Source : AFP

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