En août dernier, le refus de Malte de laisser accoster un pétrolier libérien ayant accueilli à son bord une centaine personnes voulant trouver refuge en Europe a fait la une de la presse internationale. Quelques semaines plus tard, début octobre, les projecteurs, comme tant d’autres fois, se sont braqués sur la petite île italienne de Lampedusa, où le naufrage d’une embarcation a fait plus 300 victimes.
S’ils sont loin d’être isolés, ces deux événements illustrent la politique européenne en matière d’asile et d’immigration, essentiellement construite autour d’un axe sécuritaire et répressif, ainsi que le manque de solidarité entre Etats membres dans la gestion des demandes d’asile. La réponse de l’Union européenne n’a d’ailleurs pas tardé à jaillir, soutenue par l’Etat luxembourgeois: il faut renforcer les missions de l’agence européenne de contrôle aux frontières, Frontex.
Or, cette agence est souvent critiquée, y compris par nombre d’acteurs européens tels que le médiateur européen ou l’Assemblée parlementaire du Conseil européen pour son non respect des droits fondamentaux des candidats à l’immigration. En cette journée internationale des migrants, le Clae rappelle que l’immigration est non seulement la conséquence d’importantes disparités et inégalités entre le Nord et le Sud mais répond également à une nécessité économique et démographique des sociétés européennes. L’UE – souvent prompte à donner des leçons à ses partenaires en matière de respect des droits de l’homme – doit revoir ses politiques en matière d’asile et d’immigration et les baser sur des valeurs fondamentales communes qui respectent la dignité de chaque être humain. Les drames humains sur des routes migratoires de plus en plus dangereuses ne sont en outre que la partie visible de l’iceberg.
Parmi les personnes ayant atteint la forteresse Europe, le plus souvent «illégalisés» par les Etats-membres, beaucoup sont confrontés à l’exploitation, la discrimination et de la xénophobie, alors que leurs contributions à la société d’accueil restent largement ignorées.
Au Luxembourg également de nombreux obstacles persistent dans l’inscription des personnes héritières de l’immigration dans la société: difficultés administratives, accès au travail et à la formation, à un logement décent… Le Clae invite le nouveau gouvernement à prôner la solidarité plutôt que les mesures discriminatoires.
Source : paperjam.lu