lundi 25 novembre 2024 01:45

Immigration au Maroc : l'humanisme à l'honneur

La célébration par le Maroc de la Journée internationale des migrants, commémorée le 18 décembre de chaque année, offre l'occasion de mettre en relief la nouvelle approche "courageuse" et "humanitaire" du Royaume, qui ouvre la voie à une phase inédite dans le traitement de la chose migratoire.


L'annonce, le 11 novembre dernier, du lancement à partir de janvier 2014 et tout au long de l'année, d'une opération exceptionnelle de régularisation de la situation des migrants en séjour irrégulier, a en effet définitivement tourné une page dans l'approche de la question migratoire et conforté la réputation millénaire du Royaume en tant que terre d'accueil et d'hospitalité.

En annonçant cette nouvelle approche, le ministre chargé des Marocains résidant à l'étranger et des Affaires de la Migration, Anis Birou a insisté sur le côté humaniste qu'elle vise à mettre en avant.

Selon le ministre, l'opération (de régularisation) ne consiste pas simplement à changer le statut administratif des personnes concernées, mais plutôt à les extirper d'une situation socio-économique et humanitaire inadmissible en leur accordant les outils leur permettant d'abord de vivre dignement, mais aussi de contribuer au développement du Maroc et d'en bénéficier pleinement.

Pour ce faire, l'exécutif a opté pour des conditions d'éligibilité ''plus flexibles et moins exigeantes'' que celles imposées dans d'autres pays d'accueil, afin de s'assurer qu'une fois régularisés, les immigrés auront les mêmes droits et obligations que les Nationaux, affirme de son côté son collègue au ministère de l'Intérieur, Mohamed Hassad.

Cette démarche, qui fait suite à l'initiative royale prônant une nouvelle gouvernance en matière de gestion des questions migratoires, met en avant une volonté claire de joindre les actes à la parole et d'ériger la dimension droits humains en point de référence de la gestion de cette question.

Le 9 septembre dernier, SM le Roi Mohammed VI a pris connaissance du rapport du Conseil national des droits de l'Homme intitulé ''Etrangers et droits de l'Homme au Maroc?: pour une politique d'asile et d'immigration radicalement nouvelle'', avant de présider, le lendemain, une séance de travail consacrée à l'examen des divers volets relatifs à la problématique de l'immigration.

L'opération sera appuyée par un nouveau cadre juridique et institutionnel à travers la mise à niveau de la législation relative à la migration, l'asile et la traite des êtres humains. Elle se fera selon une approche globale, humaniste et de droits de l'Homme fondée sur les dispositions de la Constitution, selon le délégué interministériel aux droits de l'Homme, El Mahjoub El Hiba.

''Cette initiative aura le mérite de redonner leur dignité aux migrants sub-sahariens'', se réjouit le Secrétaire général de l'Organisation démocratique des travailleurs immigrés (ODT), Marcel Amiyeto, qui y voit une démarche à même de consolider les liens de ces immigrés avec le Maroc.

''Les étrangers établis au Maroc font déjà partie de la société marocaine. Nous contribuons au développement économique du Maroc et bénéficions de cet essor pour aider nos familles dans nos pays d'origine'', a indiqué M. Amiyeto dans une interview à la MAP.

Pour Hicham Rachidi, Secrétaire général du Groupe antiraciste de défense et d'accompagnement des étrangers et migrants (GADEM), la régularisation ''n'est qu'un premier pas dans le difficile chemin de l'intégration et de l'inclusion des non-ressortissants dans notre tissu économique et social''.

C'est une initiative, déclare-t-il à la MAP, qui bénéficiera à des milliers de personnes d'origines diverses (Asie, Europe, Maghreb et région arabe ainsi que de l'Afrique subsaharienne) qui pourront ainsi ''sortir de la situation de marginalisation, d'exclusion et de la peur et continuer la réalisation de leurs projets personnels pour les uns et de leurs parcours pour les autres''.

Prise dans une acception plus large, la question de l'intégration demeure, pour M. Rachidi, relative à la capacité des personnes concernées à s'intégrer dans la société marocaine. Il souligne ainsi que ''les étrangers concernés pourront s'intégrer à la marche du développement en intégrant le marché formel et en contribuant de manière plus visible à l'économie (impôts, investissements, embauche, etc.) et à la vie sociale''.

M. Rachidi note, d'un autre côté, que le Maroc, qui se positionne comme une plateforme récipiendaire des investissements ciblant le développement en Afrique noir, devrait à moyen terme, stimuler son propre développement et promouvoir une expertise marocaine dans des marchés nouveaux et porteurs, créant ainsi une plus-value profitable au développement du Maroc. Les liens avec les pays d'origine des migrants installés au Maroc, estime-t-il, permettront de promouvoir le rayonnement spirituel, culturel, politique et civilisationnel du Royaume.

C'est un point de vue auquel s'associe M. Amiyeto, qui se dit confiant que la régularisation ne manquera pas de consolider les liens du Maroc avec les pays d'origine des immigrés, et que ceux-ci, estimés par le ministère de l'Intérieur entre 25.000 et 40.000, joueront le rôle de pont entre leurs pays et le Royaume.

La Journée internationale des migrants, célébrée mercredi, est l'occasion encore une fois de jeter la lumière sur une réalité complexe dont les héros ne sont autres que des personnes forcées de quitter leur pays à cause de la violence, de la persécution, du changement climatique, de la pauvreté et des désastres naturels, en quête d'une vie meilleure.

Selon des chiffres de l'Organisation mondiale de la migration (OIM), ils sont aujourd'hui quelque 214 millions à avoir choisi de s'installer sous d'autres cieux. Ces dernières années, le nombre total de migrants internationaux s'est accru en passant de 150 millions de personnes en 2000 à plus de 214 millions aujourd'hui.

17 déc. 2013, Aziz RAMI

 Source : MAP

 

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