jeudi 26 décembre 2024 07:10

Immigration : de plus en plus d'enfants migrants clandestins

Près de 50 000 migrants mineurs ont déjà été arrêtés aux frontières américaines depuis octobre 2013, un chiffre qui va sans doute augmenter d'ici la fin de l'année. Une crise humanitaire, qui inquiète les médias américains.

47 017 mineurs voyageant seuls ont été appréhendés depuis le 1er octobre dernier, soit une augmentation de 92 % par rapport à la même période en 2013, rapporte le New York Times.

L'administration s'attend à ce que ce chiffre monte à 60 000 d'ici à septembre 2014. Obama a décrit cela, lundi 6 juin, comme "une situation humanitaire urgente".

Selon l'administration américaine, les immigrants sont persuadés que les enfants voyageant seuls sont traités avec plus d'indulgence que les adultes. Une perception pas très éloignée de la vérité, note le New York Times : "alors que l'administration Obama a évolué vers une attitude plus agressive d'expulsion des adultes, elle a, dans les faits, expulsé beaucoup moins d'enfants que par le passé". En 2013, elle a expulsé seulement 1/5e du nombre d'enfants expulsés en 2008. "Ils n'ont pas encore publiquement reconnu le changement de leur politique, mais nous le voyons", déclare une représentante des douanes au quotidien.

"70 000 enfants vont arriver à nos frontières cette année : que va t-il leur arriver ?" s'interroge Mother Jones. "Ceux qui viennent du Mexique sont directement ramenés de l'autre côté de la frontière, le reste est pris en charge par le département de la Santé et des Services humanitaires qui les place dans des centres temporaires en attendant que leur processus d'expulsion soit lancé". En 2013, 80 centres accueillaient 25 000 enfants non accompagnés. Sans parents dans le pays, les jeunes restent dans des centres fédéraux. "La plupart de ces centres sont dans des Etats aux frontières, loin des grandes villes, ce qui signifie pour les enfants une grande difficulté à trouver un avocat pour éviter d'être renvoyés dans les pays dangereux qu'ils ont fuis" explique Mother Jones.

La principale raison de l'exil de ces jeunes reste le risque auquel ils font face dans leurs pays d'origine. Le Star Tribune, journal du Minnesota, rapporte les résultats d'une enquête du haut-commissariat pour les réfugiés aux Nations Unies : "la moitié des 400 enfants interrogés ont déclaré avoir été victimes de sévères traumatismes". La plupart de ces jeunes viennent de trois pays d'Amérique centrale principalement : le Salvador, le Guatemala et le Honduras. Ces pays "ont des gangs de rue puissants, une forte présence du crime organisé et du trafic de drogue, et ont donc le plus haut taux d'homicide de la région et du monde", rapporte le quotidien.

Pas qu'un problème humanitaire

Le Washington Post s'intéresse à la question financière. "Le projet de prendre en charge et installer ces jeunes migrants du Mexique et d'Amérique centrale pourrait coûter jusqu'à 2,28 milliards de dollars [1,6 milliard d'euros] en 2015, plus du double de ce que le budget avait prévu pour 2015, il y a juste quelques mois". Les jeunes restent dans les centres en moyenne de 30 à 45 jours avant d'être remis à un parent. "Le problème des jeunes migrants va être le casse-tête politique le plus complexe du Parlement et du Sénat dans les débats sur le budget du gouvernement", prédit le quotidien.

Le New York Times dans son édito analyse la réponse de l'administration Obama – créer un nouveau groupe de travail et ouvrir un nouveau centre – comme la meilleure possible. Pour le quotidien, "l'administration mérite notre estime pour avoir reconnu qu'il s'agissait d'une crise humanitaire et non pas une crise de la sécurité de nos frontières". "Cela tombe mal, au vu de l'impasse dans laquelle se trouve le débat américain sur l'immigration" analyse le New York Times. "Les soutiens d'une réforme de l'immigration – davantage de contrôle aux frontières, contrôler le flux d'immigration et légaliser la situation des immigrations – devraient reconnaître que leurs ambitieux projets législatifs ne résoudront pas la crise des pays dont les migrants sont originaires. Les critiques de ces réformes ne devraient pas penser non plus avoir la réponse. La vision des républicains – enfermés dans un pays clos, sans le problème de l'immigration – est un fantasme. Mais ce n'est pas une solution".

juin 2014,  Margot Guillois

Source : Courrier international

 

Google+ Google+