"Celui qui fraude doit dégager". Le slogan de la CSU, l'Union chrétienne-sociale bavaroise, échauffe les esprits en Allemagne depuis quelques jours.
Le parti frère de la CDU d'Angela Merkel veut s'en prendre aux immigrés venus de l'Est et plus spécialement aux Bulgares et aux Roumains qui depuis le 1er janvier peuvent s'installer sans aucune restriction en Allemagne. Une polémique populiste et malsaine pleine d'arrières pensées électoralistes.
La gauche leur tombe dessus à bras raccourcis, les milieux économiques déclarent à longueur de journée qu'il n'y a pas de danger, que des hordes sauvages venues de l'Est ne vont pas venir prendre leur pain aux Allemands et que le pays a besoin de main d'oeuvre. Les experts, chiffres à l'appui, enfoncent le clou. Et même chez les chrétiens-démocrates certains, de façon diplomatique, essaient d'expliquer que leurs camarades bavarois se trompent.
Mais rien n'y fait. La Bavière a beau être la région d'Allemagne avec le chômage le plus bas et pratiquement le plein emploi, ses hommes politiques n'y sont pas plus bêtes qu'ailleurs, rien n'y fait : le gène populiste de la CSU fait régulièrement parler de lui. A peine les négociations gouvernementales terminées à Berlin pour mettre sur pied une nouvelle coalition droite-gauche, les Sudistes de Munich en remettent une couche.
Dans le registre populiste, le quotidien "Bild Zeitung" n'est jamais en reste. Il y a quelques jours, le journal à sensation se demandait : "Combien nous coûtent les nouveaux immigrés ?"
La CSU joue sur la peur avec un chiffon rouge des plus simplistes : des milliers de Bulgares et autres Roumains -parmi lesquels bien sûr des roms- menacent de venir s'installer en Allemagne juste pour encaisser les allocations que les honnêtes citoyens ont payé à la sueur de leur front.
Pourquoi ces sorties populistes? Le calendrier électoral livre des explications. Avec des municipales et des européennes au printemps, les chrétiens sociaux bavarois craignent la concurrence sur leur aile droite des électrons libres des Freie Wähler et de l'Alternative pour l'Allemagne, le nouveau parti eurosceptique qui a failli entrer au parlement lors des élections nationales de septembre dernier.
Le folklore populiste bavarois a ces derniers mois déjà envenimé la politique nationale, notamment lors des négociations de coalition. La CSU plaide, seule et contre tous, pour l'instauration d'un péage sur les autoroutes pour les voitures (les camions paient déjà). Mais seulement pour les véhicules étrangers.
06 janvier 2014
Source : allemagnehorslesmurs